Chapitre 4 : La France de St Coulomb à Reims

Vous vous en souvenez, nous vous avions laissé le 7 juin à Plymouth en Angleterre, au moment où nous nous apprêtions à prendre le bâteau pour rejoindre la mère Patrie. Le Britannia était un bon navire, il nous a bien conduit et c’est à Saint Malo que nous avons commencé notre nouveau périple en France.

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Saint Coulomb ne se trouve qu’à 10 km de Saint Malo et nous l’avons vite atteint. Ce charmant village, un peu en retrait de la côte, garde une mémoire fidèle de la venue de Saint Colomban aux environ de 585. D’abord, il y a la crique où il a débarqué (L’anse du Guésclin), ensuite il y a l’église qui lui est dédiée ainsi qu’une belle statue qui marque l’entrée du village et 19 calvaires. Mais le souvenir le plus émouvant et le plus fort n’est il pas la vénération que lui vouent ses habitants et le curé de ce village? Guy André, un historien chevronné et Victor Renou vont nous consacrer tout leur temps pour nous présenter les lieux et nous communiquer leurs sources. Epuisés, mais radieux après cette journée si remplie, notre première nuit de retour en France a trouvée pour cadre une superbe malouinière, la Malouinière de la Ville Bague, somptueuse résidence d’un corsaire Malouin.

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Le coeur en fête, nous avons commencé ensuite notre route vers le Mont Saint Michel, en nous arrêtons d’abord à Saint Broladre, où nous avons fait connaissance de la belle communauté des Béatitudes. Prière commune et repas du Shabbat avec 20 frères et soeurs et quatre Tchèques.

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Au Mont Saint Michel, grandes retrouvailles avec la Fraternité Monastique de Jérusalem. Après la messe, magnifiquement chantée, déjeuner avec soeur Judith et les soeurs, le soir nous étions les hôtes du Père Francois et des frères qui préparaient activement la procession du Saint Sacrement du lendemain. Quelle joie de participer, nous aussi, à cette marche triomphale de Jésus à travers les rues de la ville. Pour une fois les touristes médusés, arrêtaient de prendre des photos, beaucoup, très respectueux, priaient. Pourtant, le petit troupeau était mince et nous n’étions qu’une cinquantaine pour accompagner le Roi du Monde, alors que la veille l’arrivée du marathon de la baie avait mobilisée plus de 5000 personnes.

A travers les polders, nous avons rejoint Ducey, puis Saint Hilaire, Mortain et Ger, où nous avons été heureux de trouver ouverte la porte d’un poulailler pour dormir.

La traversée de la Normandie nous a ravi: les petits villages, les calvaires de granit, les vergers de pommiers, l’architecture des maisons et surtout la présence des troupeaux d’animaux conserve à cette terre un aspect profondément humain et religieux. Et puis ce fut l’arrivée à Lisieux, la découverte des Buissonnets et des lieux où après le décès de sa mère en 1877, Thérèse Martin a vécu avec ses quatre soeurs et son cher père. C’est le jour de la Pentecôte 1887 que Thérèse demande à son papa l’autorisation d’entrer au Carmel: elle a juste 15 ans. Jeune filles de 2007, êtes vous prêtes à tout laisser pour le Seigneur, à vous abandonner à Son Seul Amour? Malgré sa courte vie Thérèse nous parle encore, elle nous redit: “Ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour!”

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Continuant notre route vers l’Est, nous avons rencontré un dimanche une paroisse extraordinaire pour fêter le Sacré Coeur de Jésus: les autels et beaucoup de parties de l’eglise exposaient le signe brûlant de l’Amour de Jésus, le même que celui que nous avons collé sur nos sacs à dos avant le départ. L’église était pleine, la messe était célébrée selon le rite de Saint Pie V et ce même matin, le prêtre, qui est responsable de 27 clochers, avait célébré la messe selon le rite de Paul VI. Qui dit mieux? Ce prêtre existe, il vit en France, en parfait accord avec son évêque. Si vous voulez le rencontrer, allez à Thiberville dans l’Eure: la charité entre les catholiques est bien réelle, lorsqu’elle s’appuie sur l’Evangile.

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Kilomètre après kilomètre nous nous sommes approchés de la vallée de la Seine où avec le Bec Hellouin, Saint Wandrille et Jumièges, nous avons pris connaissance de toute la richesse du trésor monastique Normand. Herluin pose en 1034 la première pierre du monastère du Bec Hellouin. En France, comme en Angleterre, il aura un destin exceptionnel. Après une série de malheurs, d’incendies et de destructions, Dom Grammont reprend possession des lieux en 1948 pour en faire un lieu de contemplation, mais aussi d’action missionnaire. Les fondations du Bec à Abu Gosh en Terre Sainte comme à Rostrevor en Irlande, témoignent du profond désir d’unité qui anime cette communauté: “Etre chrétien, c’est avoir la passion de l’unité.”

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Quelques km plus loin, Rouen nous attendait. Grâce à la bonté de Pierre et Marie Laure Vinot Préfonfaine, les pèlerins ont pu reprendre vie, dormir dans un bon lit, réparer leur chaussures, gratter leurs pieds en les débarassant des cors et d’affreux yeux de Perdrix, visiter en leur compagnie le monastère de Saint Wandrille et la ville de Rouen avec l’évocation du supplice de Jeanne d’Arc le 30 mai 1431 place du marché.

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Saint Wandrille, fasciné par Saint Colomban qu’il prend pour modèle, après un début érémitique à Romainmôtiers et Saint Ursanne, rencontre à Rouen l’évêque Saint Ouen qui parvient à grand peine à l’arrêter. Sous sa direction, il fonde le monastère de Fontenelle qui deviendra une grande abbaye bénédictine et donnera quarante saints à l’Eglise au cours de son histoire.

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La place nous manque pour vous conter dans le détail notre progression et toutes nos découvertes: frères de Saint Jean, soeurs Polonaises, soeurs Franciscaines, familles chrétiennes et pratiquantes tissent à travers la France déchristianisée une toile de fond très vivante et active où chrétiens et chrétiennes engagés, continuent à être sel de la terre. C’est Régis, de la communauté Tendresse de Marie, qui fut samedi notre bon ange. Il nous a permis de passer un vrai dimanche à l’Abbaye Notre Dame d’Igny: un vrai dimanche de prière, de contemplation, d’action de grâce et de repos.

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Aujourd’hui à Reims, nous sommes avec vous tous qui nous suivez à travers ces lignes en compagnie de Sainte Jeanne d’Arc et de Saint Rémi. En ce premier mardi du mois avec tous les Compagnons de Saint Michel et avec vous, notre prière pour la France est ardente. Marie-Thérèse et Christian qui nous ont accueillis hier au soir, nous ont accompagné à la cathédrale de Reims pour la sainte Messe et nous avons confié à Sainte Jeanne d’Arc toutes vos intentions. Reims c’est aussi la ville de la réconciliation Franco – Allemande, puisqu’elle a réuni en 1962 le Général de Gaulle et Konrad Adenauer qui s’écriaient: “la paix est un miracle de la Providence, un plan du Ciel. Le don de la Providence à nos peuples mérite nos soins les plus attentifs et reconnaissants.” 8 juillet 1962.

Nous poursuivons notre route sur Notre Dame de l’Epine et Domrémy. Luxeuil a célébré avec faste ce dimanche le souvenir de Saint Colomban. Nous reprendrons contact à la fin du mois. A bientôt.

Chapitre 3 : le Sud de l’Angleterre

Les historiens sont rarement tous du même avis, beaucoup pensent pourtant que Saint Colomban et ses douze disciples, lorsqu’ils ont quitté l’Irlande, se sont arrêtés dans le Sud de la Cornouaille anglaise: deux petites villes, Saint Colomban mineur et Saint Colomban majeur, ainsi que la Route St Colomban ont garde cette trace fugitive.

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Voilà pourquoi, en quittant l’Irlande à Rosslare, nous avons débarqué au Pays de Galles à Pembroke avec l’intention de connaitre la Cornouaille. Comment deux pèlerins catholiques allaient-ils être accueillis dans ce Royaume, solidement engagé dans le schisme et le rejet de Rome depuis la folle décision prise par le roi Henri VIII le 25 juin 1559 d’être désormais le seul chef de l’église d’Angleterre?

L’accueil a été généreux et très cordial, mais il nous a fallu déployer des trésors de patience et d’endurance pour trouver les paroisses catholiques romaines du Pays, nous faire reconnaitre et trouver des frères et des sœurs dans la foi du Christ.

La Providence, grâce à vos prières et aux nôtres, nous a tous les jours permis de trouver un toit, de rencontrer des gens au cœur bon et généreux qui nous ont aidé à avancer, à rester en forme et à nous reposer lorsque le soleil était couché. On ne le dira jamais assez, le pèlerin sait que par ses propres moyens, il n’arrivera jamais à faire face à ses besoins essentiels.

Le premier jour, nous étions épuisés par une progression très dangereuse sur la route 747, lorsqu’à Broadmore nous sommes entrés dans la plus modeste des épiceries qu’on puisse imaginer. L’Archange Raphael nous y attendait: d’abord l’épicier nous a sourit, puis il nous a vendu tout ce dont nous avions besoin, un sandwich et de l’eau fraiche et surtout il nous a offert une carte du Pays de Galles spécialement éditée pour les cyclistes, qui allait nous indiquer les chemins paisibles à utiliser. Cela s’est reproduit presque chaque jour sous différentes formes et nous avons trouvé chez un couple de pasteurs anglicans, dans des familles ou dans des communautés une porte largement ouverte et de belles rencontres.

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Après le Pays de Galles nous avons traversé le Canal de Bristol en contournant les zones industrielles de Swansea, Cardiff et Bristol pour atteindre Barnstaple d’où nous avons poursuivi notre progression à pied. Par Bideford, Kilkhampton, Camelford et Wadebridge et en suivant la terrible route 39, nous avons fini par atteindre la région où saint Colomban probablement en l’année 585 avait fait escale avec ses douze disciples. Ce faisant, une terrible angoisse nous étreignait: dans ce pays avec si peu de paroisses catholiques romaines ou allions-nous trouver une messe pour la Pentecôte?

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Eh bien, Saint Michel nous a trouvé ce lieu rare: il se trouvait très précisément entre Saint Colomban majeur et Saint Colomban mineur, à Saint Mawgan. Un lieu historique entre tous puisqu’il a abrité un des plus vieux Carmels d’Angleterre, grâce à la générosité de la famille de Lord Arundell qui offrit spontanément son Manoir de Lanherne lorsqu’il s’agissait de recueillir les sœurs anglaises chassées d’Anvers en 1794 par les troupes françaises. Apres la reformation et pendant les années terribles de la persécution anticatholique, Lanherne fut un haut lieu de la résistance catholique et c’est ici que Saint Cuthbert Mayne, canonisé par Paul VI y est souvent venu pour célébrer la Sainte Messe. Dénoncé et arrêté, il fut après un jugement rapide pendu, décapité et coupé en quatre. Un des membres de la famille réussit à rapporter sa tête, cette vénérable relique est vénérée tous les dimanches après la messe de dix heures et nous avons pu embrasser le haut du crane. Aujourd’hui par manque d’effectif, les sœurs Carmélites sont parties au Carmel près de Liverpool. Elles ont été remplacées par une communauté de frères et de sœurs Franciscaines de l’Immaculée. Dix sœurs, deux frères et un prêtre portant bure grise et coiffe blanche et la grande médaille de l’Immaculée sur leurs cœurs prient et travaillent en ce lieu béni où une belle paroisse continue à fleurir. Nous leur avons proposé de bâtir un oratoire de la Route de l’Europe chrétienne et la proposition a été accueillie avec enthousiasme.

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En repartant nous avons dirigé nos pas vers le Mont Saint Michel anglais qui se trouve à la pointe extrême de la Cornouaille. A la différence du notre que la digue a ensablé, le Mont Saint Michel anglais est au milieu des eaux à une centaine de mètres de la rive. Emouvant pèlerinage sur ce haut lieu qui fut au moyen âge possession de la France avec une abbaye placée sous la juridiction de notre Mont Saint Michel. Elle fut ensuite confisquée et abandonnée à la Reformation. Propriété de la famille de St Aubin, on y admire de nos jours ses jardins et les appartements de cette noble famille, mais la chapelle a perdu son âme, elle n’est plus un sanctuaire digne du Grand Archange.

Par Truro et St Austell, nous avons enfin atteint le Carmel de Sclerder où les 11 sœurs du couvent nous ont accueilli avec générosité et des attentions de mères et de sœurs. C’est ainsi que nous avons eu la messe du premier mardi du mois dite par un saint prêtre dont la vocation récente lui fut donnée en observant simplement comment des amis catholiques se comportaient: vous voyez que l’exemple est contagieux et que chacun par son attitude peut être missionnaire.

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Nous avons ensuite longé une côte superbe par un chemin harassant plein d’escaliers et de corniches pour arriver à Torpoint qui a la singularité d’avoir une chapelle consacrée à Sainte Jeanne d’Arc! Nous lui avons confié la France en nous réjouissant que sur le sol anglais elle soit aussi vénérée que chez nous. Puis par le ferry nous avons atteint Plymouth dont la cathédrale est consacrée à Saint Boniface un grand saint anglais du huitième siècle, grand évangélisateur de l’Allemagne du Nord. Comme Saint Colomban, un modèle de missionnaire Européen.

Ce soir nous quittons l’Angleterre et nous retrouvons demain matin le sol de France à Saint Malo.

Merci Seigneur, pour tous vos bienfaits! Bénissez les Anglais et tous les amis qui prient pour nous!

Robert et Claudia Mestelan

Chapitre 1 : l’envol

Dimanche, 15 avril – Paris : Fontaine Saint Michel En choisissant la fontaine Saint Michel comme point de départ de la route Saint Colomban, nous voulons dans la pleine lumière de la Résurrection du Christ et l’Amour infini de Sa Miséricorde, nous placer sous la protection de l’Archange Michel, notre saint patron.

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L’Exode nous l’indique clairement en son verset 23.20.28 : « J’enverrai mon Ange pour qu’il marche devant toi, qu’il te garde en chemin et qu’il te fasse entrer dans le pays que je t’ai préparé. Sois attentif à sa présence, écoute ses conseils, ne te risque pas à les mépriser, il ne laissera passer aucune de tes fautes, car il est mon représentant. »

Nous voilà bien prévenus. Que Dieu nous aide à ne jamais l’oublier. Après Reims en 1996, Saint Jacques en 1997 et 1998, Jérusalem en 1999, le Mt Gargan en 2001 et Kiev en 2004, voilà que la route Saint Colomban, une nouvelle route de l’Europe chrétienne, va nous happer. Depuis six mois nous l’avons préparé et nous sommes impatients de la prendre avec Saint Colomban.

Etonnante histoire que celle de ce héraut de la foi du 6ème siècle, sorti de cette île de légendes, toute battue de grands vents et d’embruns : l’Irlande. Un siècle à peine après avoir été évangélisé par Saint Patrick, Saint Colomban avec douze compagnons va se hâter d’annoncer à d’autres la bonne nouvelle. Son exemple est contagieux : la chronique raconte les exploits d’équipages se lançant sur la mer, sans avirons pour mieux s’abandonner à la seule volonté de Dieu. « Mon Dieu je m’abandonne à Toi. » Partis de Bangor en 590, travaillants en ordre dispersé ces « peregrini » vont sillonner la Gaule, la Germanie et l’Italie jusqu’à Bobbio où Saint Colomban va enfin mourir en 615 en déclenchant un véritable raz de marée de vie monastique et de conversion. Entre 590 et 690, 122 fondations, toutes Colombaniennes (Jumièges, Saint Wandrille, Jouarre, Fleury sur Loire) !

« C’est à Saint Colomban que l’ordre Bénédictin doit son renommée de culture, car ses monastères étaient des foyers d’érudition et d’art sacré. Le système du monachisme Irlandais voulait que les abbés soient libres de modifier la règle de leurs monastères si les circonstances, tant d’ordre spirituel que matériel l’imposaient. C’est ainsi qu’on assiste à un glissement volontaire de la règle de Saint Colomban à celle de Saint Benoît. Colomban c’est la passion Celtique, l’héroïsme au quotidien, la tradition Irlandaise. Saint Benoït c’est un regard plus juste, sans illusion sur la nature humaine : la marche progressive vers la sainteté. » J.B. Cornelius + serviteur de Dieu

Par cette marche qui va nous aider à retrouver l’héroïsme de Saint Colomban et à en vivre, nous voulons prendre conscience des racines chrétiennes de l’Europe pour vous en rendre compte à notre retour et alimenter votre foi. A l’heure du départ, nous vous livrons les fortes paroles de Saint Colomban que nous avons inscrites sur notre carnet de route. Elles vont nous aider à cheminer avec vous et à prier ensemble pour la ré-évangélisation de l’Europe : « Homme, que tu es misérable ! Ce que tu vois tu dois le haïr et ce qu’il faut que tu aimes, tu l’ignores. En toi tu as ce qui t’entraves, en toi, tu n’as pas ce qui te libère. Tu as des yeux et te laisse lier aveuglement : tu consens à ce qu’on te mène à la mort. » et encore : « Toute notre vie est comme une marche d’une journée. En haut notre amour, en bas notre désir, en haut notre goût, en haut notre recherche de la patrie. Là est le Père »

Chers amis de la route de l’Europe chrétienne, au revoir, nous vous donnons chaque mois rendez-vous sur le site pour vous raconter notre « Peregrinatio ad Dominum ». « Ce que veut le cœur met les jambes en marche. » (Proverbe Africain)

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Bénédiction et envoi en mission:
Le dimanche de Pâques, 8 avril, Mgr Cattenoz, Archevêque d’Avignon, a bénit solenellement sur les marches du choeur de la cathédrale Notre Dame des Doms à Avignon l’envoi en mission de Robert et Claudia.
13 avril, 18heures: messe célébrée en l’église Saint Michel de Velleron avec le concours de la chorale Résonance et tous les amis 14 avril, avant la messe de 9h30: bénédiction au “Tepeyac” devant l’oratoire Notre Dame de Guadalupe

Chapitre 2 : Bangor – Dublin

Voyager le 1er mai n’est pas un mauvais choix, les routes sont désertes et il n’y a pas trop de monde pour monter à l’assaut des avions. De Roissy, Air Lingus n’a mis qu’une heure et quarante minutes pour nous déposer a Dublin. Quelques heures après nous étions à Belfast, puis a Bangor, point de départ de cette nouvelle route de l’Europe chrétienne, la route de Saint Colomban.

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C’est ici a Bangor dans ce monastère place sous l’autorité de Saint Comgall, que Saint Colomban, né en 543 à Leinster, nourrit le projet de partir prêcher l’évangile dans les pays étrangers. Le Père Abbe refuse d’abord, mais bientôt il finit par lui donner son consentement et douze compagnons. A l’âge de 41 ans Colomban part ainsi en bateau avec Attala (saint), Colomban le jeune, Cummain, Domgal, Eogain, Eunan, Bile (saint), Gurgano, Libran, Lua, Sigisbert et Waldoleno. Cette sorte d’exil volontaire et permanent entrepris par amour du Christ devait les amener à parcourir le centre et le Nord de l’Europe et à en faire les plus grands missionnaires de l’antiquité. Cet exil exigeant et douloureux avec une finalité clairement apostolique nous semble tellement correspondre aux difficultés que traverse le monde aujourd’hui que nous avons voulu refaire ce parcours en nous inspirant de l’audace et de l’héroïsme qui animaient Colomban et ses douze compagnons.

A Bangor nous avons d’abord été un peu déçus de ne plus trouver grand chose de cette grande époque et de ce monastère de 3000 moines. La tour qui surmonte aujourd’hui l’église protestante date du XVème siècle et seuls quelques restes du mur de Saint Malachie font apparaitre des matériaux de l’époque. Devant le château flotte l’union jack et la séparation des deux Irlande est toujours bien réelle. Ce soir là nous avons la messe avec l’évêque du County Down à la paroisse Saint Comgall. Notre première nuit se passe dans une pièce de la salle paroissiale.

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Notre descente vers le sud commence par longer la mer intérieure (Strangford Lough) par une route étroite et difficile. Comme la conduite des autos se fait à gauche, chaque fois que nous traversons un carrefour il nous faut réfléchir quelques secondes pour savoir d’où vient le danger. C’est toujours désagréable d’être frôlé par un bolide et Claudia craint de se faire arracher le bras. De nombreuses ruines d’abbayes nous indiquent que toute la région était au moyen âge un grand monastère. Les maisons sont petites et les églises ouvertes : nous en avons trouvé une à Kircubbin où nous avons pu y prier une heure. Plus loin, Bob et Kathleen nous ont conduits à la montagne Saint Joseph, à l’église de la paroisse. Le prêtre n’y était pas mais on nous a ouvert l’école et nous avons passé une excellente nuit sur le tapis. Sur les murs de cette vieille école primaire en briques nous avons admiré une belle gravure du pape Benoit XV ainsi que des photos de classes des années 30 où il y avait plus de 150 élèves, les yeux rieurs avec des taches de rousseur sur le nez qui nous souriaient : Adhérentes du planning familial, voilez-vous la face, en Irlande, les enfants sont un don de Dieu!

Apres avoir pris le bac à Portaferry, nous atteignons Downpatrick, la ville où Saint Patrick est arrivé en 432 pour commencer l’évangélisation de l’Irlande et où il est mort en 461; il y est toujours vénéré.

Saint Patrick, le grand apôtre de l’évangélisation de l’Irlande a droit à tous les honneurs et il n’y a pas une église qui oublie d’y vénérer sa mémoire. Etonnant parcours que celui de ce Breton, amené esclave en Irlande, qui réussit à s’enfuir au Pays de Galles et à se préparer à la prêtrise pendant deux ans à l’ile de Lérins. Sacre évêque à Auxerre par Saint Germain, il retourne en Irlande pour évangéliser l’ile et meurt en 461. A cette époque, l’Europe chrétienne était sans frontières et les hommes d’église de rudes voyageurs.

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Les pères Sean et Stephen de la paroisse catholique de Downpatrick ne savent que faire pour nous être aimables. Ils nous trouvent un lit, nous arrangent un rendez-vous avec le président de la Légion de Marie et nous amènent sur la colline où en 1932 à l’occasion du congrès eucharistique, une grande statue de Saint Patrick de 15 m de haut a été érigée.

Nous avons attaqué ensuite la région très pittoresque et montagneuse des Mournes et trouvé dans l’église de Hilltown tout ce qui fait le charme de l’Irlande : un prêtre bon et hospitalier, la légion de Marie et la Sainte Messe. Il est facile quand on est catholique de se faire des amis à la sortie de la messe. Avec Kieran Murphy, professeur à la Highschool et qui a tenu à marcher environ dix kilomètres avec nous, nous avons beaucoup parlé de pèlerinages et de la route de l’Europe. On pourrait en effet tracer un chemin partant de Bangor, passant à Downpatrick et finissant à Knock avec Saint Joseph et Notre Dame…

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La journée de repos, vécue dimanche a Rostrevor avec une petite communauté de moines français originaires du Bec Hellouin nous a enchantée. C’est pour répondre à la demande de Jean Paul II d’associer les contemplatifs à la recherche de la paix et de l’unité en tous les lieux de ce monde où la guerre fait rage, que ces moines sont venus de France et ont bâti ce monastère très moderne, tout en verre et en acier. Ils ne sont que cinq, quatre Français et le père abbé Irlandais et ils prient pour l’unité. Cette halte bienheureuse dans une hôtellerie de rêve nous a permis d’avoir la messe en latin et de prier pour l’apaisement du conflit entre le Nord et le Sud de l’Irlande. La charte du monastère précise la mission : “Contribuer à la réconciliation entre catholiques et protestants dans un pays marqué par une violence réciproque, endeuillé par le sang de frères et de sœurs chrétiens.” Comme à Abu Gosh en Terre Sainte, les olivétains s’emploient par la prière et l’accueil à cicatriser les plaies.

Repartant vers le sud, nous vénérons à Drogheda le chef de Saint Oliver Plunkett, évêque d’Armagh, martyrisé d’une façon particulièrement sauvage. Le soir, après une dure étape, c’est à Stamullen qu’Olive nous offre généreusement une de ses maisons pour dormir. Encore la Providence!

La dernière matinée nous amène à travers les champs de course, les golfs et les moutons jusqu’à l’aéroport de Dublin où un bienheureux car nous conduit enfin au centre de la capitale. Ce soir nous sommes attendus par les Petites Sœurs des Pauvres : encore un ordre Français, créé par Jeanne Jugan, née en 1792 à Saint Servan. Mère Agnès nous affecte une belle chambre et c’est d’ici que nous vous écrivons.

Nous irons demain voir la Légion de Marie pour envisager la construction d’un oratoire. Nous profiterons de notre descente en ville pour aller nous incliner sur la tombe de Matt Talbot, un ivrogne repenti qui a terminé sa vie en odeur de sainteté. Si Dieu le veut, nous profiterons du samedi pour monter dans l’Ouest, à Knock, où se trouve le grand sanctuaire de l’apparition de la Sainte Vierge et de Saint Joseph. Jean Paul II y est venu en 1979.

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Le temps très chaud au début du mois est devenu tout à fait Irlandais avec beaucoup de vent, quelques averses, mais toujours du soleil. Au Pays de Galles, dans un mois, nous vous donnerons d’autres nouvelles et en attendant nous vous livrons pour la vivre et pour la répandre avec profusion autour de vous cette belle citation de la bienheureuse Jeanne Jugan : “Il faut toujours dire : que Dieu soit béni !”

A bientôt !

Robert et Claudia Mestelan

Voyage-pèlerinage en Roumanie octobre 2008

La Route de la Roumanie
Pèlerinage du Rosaire du 5 au 11 octobre 2008

Entre la mer noire et la plaine Magyare, la Roumanie s’étend sur 237’384 km2. Les Carpates y dessinent une grande courbe semblable à la branche supérieure d’un Z dominant au nord-est la plaine de Moldavie, au sud celle de Valachie et isolant à l’ouest la province de Transsylvanie.

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l’objet de ce pèlerinage était la bénédiction d’un oratoire à Notre-Dame de Fatima implanté dans la paroisse de Sabaoani, au diocèse de Iasi. Pour y parvenir, de Bucarest, la capitale, située en Valachie, au sud du pays, il faut se diriger vers le nord-est en traversant près de 400 kms d’une morne plaine, plate à faire pâlir la Beauce, où quelques rivières serpentent, sans avoir même eu la force d’y creuser une vallée. On parvient ainsi en Moldavie roumaine, contigüe, à l’est, à la République Moldave indépendante, au nord, à l’Ukraine, et séparée, à l’ouest, par les Carpates, de la Transylvanie. Les organisateurs avaient placé notre voyage sous le patronage de deux martyrs du communisme en bonne voie de béatification : Mgr Vladimir Ghika, pour ses relations avec la France, et Mgr Anton Durkovici, parce qu’il était évêque catholique de Iasi. Ils nous ont efficacement protégés, tout s’est bien passé.

POURQUOI SABAOANI ?

Parce que les voies de la Providence ne sont pas les nôtres.
On aurait pu imaginer cette implantation en un lieu fréquenté par la foule des Européens tièdes qui ont besoin qu’on leur rafraîchisse la mémoire à propos de leurs racines chrétiennes. Mais non ! C’est St Colomban en personne qui, du haut du ciel, partant de Bregenz (Autriche), dont le curé est son dévot, a dirigé tout un parcours de recommandations, de contacts, de concertations et de décisions, aboutissant à Sabaoani, petite ville, ou plutôt, vu son caractère champêtre, gros village de 13.000 habitants, muni de quatre églises, d’un lycée, d’un modeste musée principalement ethnographique, d’une pharmacie, de peu de commerces, à l’écart de la route nationale, isolat catholique romain en pays orthodoxe.

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Le curé de Sabaoani accueillit avec beaucoup d’empressement cette idée d’oratoire, précisant que l’association n’avait pas à s’occuper de son édification, et que la paroisse s’en chargerait. Seule fut importée la statue de N-D de Fatima, don d’une dame suisse. Ce joli petit édifice s’élève sur le parvis de l’église St Joseph. Son piédestal quadrangulaire est orné de quatre médaillons de mosaïque représentant 1. la Vierge à l’enfant 2. la Sainte Famille 3. le portrait de Mgr Durkovici, et 4. les cœurs unis et couronnés de Jésus et de Marie, logo de l’association. Au-dessus, la niche , avec la statue, et pour abriter le tout, un petit toit de tuiles rouges.

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Le matin de la cérémonie, qui était un mardi, l’église était comble. L’eau du Ciel s’ajouta largement à l’eau bénite et c’est sous une forêt de parapluies que la bénédiction eut lieu. Le clergé local avait invité trois confrères “gréco-catholiques” que l’on appelle chez nous du nom, là-bas péjoratif, d’ “uniates”. Ils étaient arrivés avec de magnifiques chapes dorées qui rendirent l’assemblée beaucoup plus photogénique qu’elle ne l’aurait été sans eux. On peut regretter qu’il ne nous ait pas été donné d’avoir de conversation avec eux, soit qu’ils aient été pressés de repartir, soit que la barrière de la langue ait été infranchissable. Nous n’avons pas eu non plus de contact avec les orthodoxes. Nous n’avons été accueillis que par des catholiques romains, et encore, faute d’un interprète attitré attaché à nos pas, la conversation a été souvent laborieuse. Elle a pu avoir lieu avec un germanophone, trois ou quatre italophones, et deux francophones, plus ou moins habiles dans le maniement de leurs langues étrangères. Nous avons pu néanmoins apprendre, grâce à eux, pas mal de choses.

LES CATHOLIQUES DE MOLDAVIE EN GÉNÉRAL

Ce que je sais de la communauté catholique de la Roumanie, 4,73% de la population au dernier recensement, principalement groupée en Moldavie, je l’ai appris, d’une part, de conversations que nous avons eues, pendant une journée passée à Iasi, avec notre guide des deux cathédrales de la ville, avec l’évêque qui nous a reçus brièvement, et avec le vice recteur du séminaire, et d’autre part, par l’unique livre en français édité par le séminaire, que je me suis procuré pour 10 euros : Jean Nouzille – Les catholiques de Moldavie, histoire d’une minorité religieuse de Roumanie dont je ne manquerai pas de faire une recension dès que possible.

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On sait très peu de choses des premiers siècles de l’évangélisation de la Roumanie, les invasions tatares du VIIe s. ayant causé de grandes destructions. Par la suite, c’est un clergé grec issu de Constantinople qui fut implanté dans le pays. L’existence d’une communauté catholique n’est attestée qu’à partir du XIIIe s. Étaient-ce des autochtones ayant résisté au schisme ? ou déjà, des immigrés hongrois, comme il en est arrivé bon nombre par la suite ? des descendants de Hussites ayant fui la persécution dont ils souffraient en Bohême et retournés au catholicisme ? Toujours est-il que cette communauté s’est maintenue à travers les siècles, sans avoir été jamais vraiment persécutée par les princes moldaves qui avaient assez affaire à se défendre contre les Tatars et contre les Turcs, qui finirent par les vassaliser et leur faire payer tribut, et à tenir compte de puissants voisins catholiques, les rois de Hongrie, et ceux de Pologne dont l’autorité, à certaines périodes, s’étendait sur toute l’Ukraine. Elle n’a jamais été abandonnée par le Saint Siège qui y déléguait des “visiteurs apostoliques”. Mais les rapports qu’ils envoyaient à Rome montrent l’extrême misère et le grand manque de prêtres qui ont été son lot pendant des siècles, jusqu’à la formation d’un État roumain qui leur a donné au moins une structure juridique.
Pendant la période communiste, l’église orthodoxe était “reconnue”, l’église catholique romaine “tolérée”, et l’église gréco-catholique supprimée et rattachée de force à l’orthodoxie. Toutes étaient très surveillées, infiltrées, et la tactique du gouvernement, qui espérait aboutir à l’extinction du christianisme et de toute religion, était de les décapiter en emprisonnant les évêques pour un oui, pour un non, n’en laissant subsister qu’un ou deux toujours sous la menace d’une arrestation, pour des ordinations accordées dans le cadre d’un numerus clausus étroit quand elles n’étaient pas interdites, et réduisant les simples fidèles à un minimum de pratique discrète.

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À la fin de cette période, ce fut une explosion de vie religieuse. Des processions parcoururent les rues, dans les écoles publiques (il n’y en a guère d’autres), le crucifix remplaça la faucille et le marteau, et l’icône du Christ celle du président Ceaucescu. Ces signes religieux y figurent encore, attaqués par quelques athées, et défendus par la majorité de la population. Même les juifs et les musulmans (Eh! oui, ils en ont, dans la Dobroudja, vers le delta du Danube, reliquat du temps de l’empire turc) ont déclaré qu’ils ne voyaient pas d’inconvénient à leur présence dans les salles de classe. Nous avons vu, le seul matin que nous avons passé à Bucarest, des collégiens (qui n’étaient pas habillés “voyou”) sortir de l’église avant de s’enfourner dans l’école voisine. Particulièrement remarquables les monuments religieux modernes, construits dès que cela a été permis. J’en parlerai plus loin. Dans la constitution actuelle, l’Église est séparée de l’État, mais, pour des raisons “culturelles”, l’État contribue au salaire des prêtres et des ministres des autres religions. La communauté catholique participa naturellement à ce grand mouvement. On la sent dynamique et en pleine expansion. Le séminaire catholique de Iasi a compté jusqu’à 200 séminaristes, issus presque uniquement de la classe populaire, surtout paysanne, les classes dominantes ne fournissant pas de prêtres. Il en est à 121 aujourd’hui, parce que le vent de la sécularisation commence à souffler. Mais en comparaison de la France, ce n’est qu’une brise légère ! Du fond de leur belle chapelle, ornée de vitraux modernes, nous les avons vus de dos , pendant le bref office précédant le déjeuner. Le spectacle était impressionnant.

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“Comment sont vos relations avec les orthodoxes, Monseigneur ?” demanda-t-on à l’évêque francophone. “-Très bonnes, c’est une coexistence tout à fait pacifique”.
Les petits catholiques moldaves ont bien de la chance s’ils sont convenablement formés et catéchisés. Ce n’est pas le cas de leurs homologues français).
Naturellement fut posée la question de l’avortement, la Roumanie arrivant en ce domaine dans le peloton de tête des statistiques mondiales. “Nous en avons très peu chez les catholiques, mais chez les orthodoxes, c’est monnaie courante”.
Ce qui nous a manqué, ça a été d’entendre des orthodoxes parler des catholiques. Cela aurait pu être intéressant…

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Des orthodoxes, silencieux et de noir vêtus, nous en avons vus, mais nous ne les avons pas entendus, dans les monastères nichés dans des sortes de Vosges appelées Carpates, qui constituent l’essentiel du patrimoine artistique de la Roumanie. Par beau temps, nous en avons visité sept, tous très beaux, très bien entretenus : Dragomirna (mon préféré) dans un paysage parfaitement pur, forteresse au dehors, asile de paix au dedans, Voronet,

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célèbre (comme Chartres) par son “bleu” et ses extraordinaires peintures extérieures, Humor, Néamt où les moines imprimaient de beaux livres ressemblant, au XVIIIe s., à des incunables,

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Agapia dont les sœurs, à force d’y cultiver des fleurs, ont réussi à faire un décor d’opérette, Varatic,

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Pangarati, le plus moderne. Ils sont de différentes époques mais sans aucune évolution dans le style (à l’exception d’un seul où un peintre du XIXe s. qui avait fréquenté l’école de Barbizon s’était affranchi des règles de la peinture d’icônes). À travers les siècles, ils se recopient les uns les autres. De même, tous suivent la même et antique règle de Saint Basile. Aucune création de congrégations ou d’ordres nouveaux. Ils donnent certes, l’impression d’une puissante spiritualité, mais aussi celle d’un figement à l’époque byzantine de l’église orthodoxe, alors que l’église romaine continuait à être créative. Ils ne manquent pas de vocations ; les moines et moniales y sont nombreux, mais pour eux, nous n’étions que des touristes, acheteurs de cartes postales

ET CEUX DE SABAOANI EN PARTICULIER

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Ces paysans sont créatifs, eux. Leur village s’étalant sur une vaste superficie, chaque quartier a voulu avoir son église, et, depuis la chute du communisme, ils en ont bâti trois, et belles ! et modernes ! dont la modernité contraste avec l’archaïsme de leur mode de vie.

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Ce sont de grands pratiquants. Entre les différentes églises, on célèbre en semaine au moins six messes, plus les messes d’enterrement ou de mariage, et elles sont fréquentées. Ce sont naturellement des messes P. VI. (Paul VI) Il nous a été dit, au séminaire, qu’elle avait été acceptée sans aucune difficulté et que les catholiques roumains ne connaissaient pas les tensions qui existent en France. Peut-être aussi que leurs prêtres ne les ont pas abreuvés de ces fantaisies liturgiques qui ont dégoûté chez nous tant de fidèles. Le soir de notre arrivée (lundi 6/10), nous avons trouvé dans l’unique église ancienne, Saint Michel, construite et décorée dans un beau style italien, une fin de messe. L’église était à moitié pleine et il y avait de la musique. Le lendemain matin quand nous sommes arrivés à St Joseph pour la bénédiction de l’oratoire, l’église était bondée et c’est une petite foule qui a assisté, malgré le mauvais temps, à notre cérémonie, qui tombait le même jour que la fête patronale d’une autre église locale, Notre-Dame du Rosaire. Là aussi, église comble, messe suivie d’un interminable discours auquel nous n’avons rien compris, puis, dehors, entre deux averses, danses folkloriques et distribution de boissons et de gâteaux. Nous sommes retournés à St Joseph à la messe de 8 h., la veille de notre départ (vendredi 10/10), elle était encore à moitié pleine, et j’ai particulièrement remarqué le chantre-organiste, un garçon d’une trentaine d’années, qui, en s’accompagnant sur son orgue électrique, faisait de cette messe de semaine quelque chose de passablement solennel. Les autres jours, c’était l’abbé Trauchessec, qui nous accompagnait comme en Tchéquie, qui nous dit la messe P.V (Pie V) dans la chapelle du foyer où nous résidions.
À Sabaoani, on ne mélange pas les sexes ! à droite les hommes leur chapeau à la main, à gauche des femmes sans âge, emmitouflées dans leur fichu, qu’on croirait porteuses d’uniformes noirs ou noirâtres. J’ai toutefois remarqué, à N-D du Rosaire de petites guitaristes, qu’on entendit à peine, l’orgue couvrant le son grêle de leurs instruments. Elles étaient nu-tête et vêtues à la moderne. J’ai remarqué aussi, le 10/10, que le côté gauche était sensiblement plus peuplé que le côté droit.
Le cas de ce village m’a inspiré les réflexions suivantes : Quel est le poids du religieux et de la pression sociale dans une pratique aussi mirifique ? Vous naissez à Sabaoani, vous êtes catholique ; dans le village d’à côté, vous êtes orthodoxe : un peu plus loin, gréco-catholique. On ne vous a pas demandé votre avis, c’est comme ça, et il est bien difficile de ne pas faire comme tout le monde. Ce n’est que dans les villes qu’il y a un peu de mélange, ce qui ne veut pas dire que les communautés soient perméables les unes aux autres et qu’il n’y ait pas, en matière de mariage, des Roméos et des Juliettes. En France, la pression sociale est plutôt celle de la religion officielle de la Démocratie et des multiples Droits de l’Homme sans Dieu. En Roumanie, la pression sociale catholique est plus forte que la pression orthodoxe, si l’on en juge par les pourcentages de pratique, de l’ordre de 90% chez les catholiques et 70% chez les orthodoxes. Elle peut être vécue consciemment et religieusement par les uns, dont elle facilite la sanctification, et passivement par d’autres, fous potentiels auxquels elle sert de garde-fou contre la débauche, la drogue, le crime, le désespoir. Elle engendre aussi, inévitablement sa proportion de révoltés et de tartuffes. Combien, dans les diverses communautés, se soucient vraiment d’avoir la vérité la plus vraie, la tradition la plus ancienne, la plus vivante et la plus authentique ? combien prient pour la fin du schisme et l’unité de l’Église ? Ce n’est pas moi qui vous le dirai. Dieu le sait…

RICHESSE ET PAUVRETÉ

Lors de notre retour vers l’aéroport de Bucarest, des policiers firent stopper l’excellent conducteur de notre car,

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et, prétextant, à tort, un excès de vitesse, lui infligèrent une amende de 100 lei et refusèrent de lui donner un reçu. Eh ! oui, Ce n’est pas seulement au Liban, en Colombie ou en Afrique qu’on voit des choses comme ça. Quand les policiers sont mal payés, ils se débrouillent pour arrondir leurs fins de mois. Naturellement, les 100 lei, qui équivalent à 30 euros, furent immédiatement remboursés au supposé délinquant. Mais si l’on songe que le salaire moyen d’un ouvrier équivaut à 200 euros par mois (660 lei) et que les enseignants font grève pour obtenir l’équivalent de 500 euros (1650 lei) , une amende de 100 lei est exorbitante. La vie est moins chère qu’en France, bien sûr, les gens que nous avons croisés dans la rue ne semblaient pas affamés, n’étaient pas vêtus de haillons et nous n’avons guère rencontré qu’un seul mendiant à Iasi. Mais tout de même, 2000 habitants de Sabaoani sont allés, comme beaucoup d’autres Roumains, chercher fortune à l’étranger, et soutiennent , par leurs envois d’argent, leurs vieux parents dont les minimes retraites ne suffisent pas pour vivre.
De Bucarest à Bucarest (les billets d’avions étant achetés individuellement) les organisateurs nous avaient demandé 160 euros par personne, soit 3200 euros pour couvrir le logement, le transport en car, la nourriture et l’entrée dans les monastères de 20 personnes pendant 6 jours et 7 nuits, et ne nous demandèrent aucune rallonge. Les gens de Sabaoani étant trop pauvres pour héberger chez eux des étrangers, après une nuit passée dans des conditions rustiques à Bucarest, chez des Français, les Frères de Saint Jean, nous fûmes logés très confortablement, à proximité du village dans une maison flambant neuf, entourée d’un grand jardin, destinée à recevoir des groupes pour retraites et séminaires, tenue par deux franciscains en pékins et trois sœurs en habit religieux : chambres à deux lits avec salle d’eau, douche, WC, double vitrage aux fenêtres, moquette par terre, bref, le niveau d’un bon 2 étoiles. La nourriture n’était pas à l’avenant, mais enfin, le vin du pays, une sorte de muscadet, en plus fruité, la faisait couler agréablement et les pommes locales, vraisemblablement bio, qui étaient notre dessert ordinaire, étaient plus savoureuses que celles qu’on trouve ordinairement dans nos supermarchés. Et puis enfin, pour ce prix-là, même en Roumanie, on ne peut pas faire d’excès de gastronomie et le but du voyage, n’était pas de nous faire faire des péchés de gourmandise. Bref, le rapport qualité/prix était excellent. En Roumanie, pour le moment, avec quelques euros, on peut encore se sentir riches.
J’étais allée déjà en Roumanie, en 1995, à l’occasion d’une Biennale de la Langue Française. En treize ans le pays a beaucoup changé. Il était alors misérable. Il donne aujourd’hui une impression, sans doute superficielle, de prospérité. La traversée des villes, obligatoire, faute de boulevards périphériques, montre le clinquant du capitalisme envahissant, qui ne dissimule pas entièrement la lèpre des HLM héritées du communisme. Elles n’ont rien de bien séduisant. Les coupures d’électricité sont, m’a-t-on dit, fréquentes, la Roumanie n’ayant pas assez de sources d’énergie pour en faire suffisamment. Quant à la campagne, elle vit comme on vivait en France il y a cent ans. À la suite d’une révolte paysanne en 1907, diverses réformes agraires mirent fin au régime des vastes propriétés et aboutirent à une distribution des terres. Après l’organisation en kolkhozes du régime communiste, on rendit ce qu’il possédait, ou l’équivalent, à chaque propriétaire ou à ses descendants. La plaine immense est donc divisée en parcelles cultivées individuellement, de façon très peu mécanisée, avec des chevaux et des carrioles, ce qui fait que 13.000 personnes peuvent y vivre ou vivoter de l’agriculture, ce qui serait impossible avec les moyens modernes de production. Est-ce un bien ou un mal ? Les écolos doivent avoir leur avis là-dessus. Lors de notre séjour, on voyait des champs déjà labourés, quelques friches, et surtout du maïs, en train d’être récolté. Les maisons sont cubiques, de plain-pied, peintes des diverses couleurs en usage en Europe centrale, plus ou moins entretenues ou négligées, entourées d’un jardin, ornées d’une treille de vigne assez importante, sans eau courante avec un puits et une cabane-toilette au fond du jardin. Elles sont malheureusement couvertes de toits de tôle ce qui est plutôt laid, même quand ils sont peints en bleu ou en rouge criards. Elles sont un peu plus jolies dans les Carpates que dans la plaine. La plupart des rues sont des chemins de terre, boueux dès qu’il pleut. La médiocrité de la vie quotidienne des Roumains fait un complet contraste avec la splendeur des édifices religieux construits depuis la chute du communisme. Certes, les matières premières et la main d’œuvre sont moins chères qu’en France, mais les gens y sont plus pauvres et n’ont, paraît-il, pas reçu de subvention ; ils ont dû, par conséquent, mettre généreusement la main à la poche et à la pâte.
Il y a à Iasi deux cathédrales : la plus petite a été construite en 1789 dans le style italien du XVIIIe s. ; elle est utilisée en semaine.

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La plus grande, toute récente, qui peut contenir plus de 2000 personnes, est ronde, en forme de couronne. Elle est éclairée de vitraux modernes, en verre épais, suffisamment figuratifs ; les allées, dallées de mosaïque de marbre convergent vers l’autel et son tabernacle central. Une tribune court tout autour de l’édifice, avec l’orgue et une place pour la chorale. Sa balustrade, blanche, sert de support à une frise de dessins représentant à droite le chemin de croix, à gauche la vie de la Vierge. Il faudra que je vous montre des photos pour que vous vous rendiez compte. Sur les trois églises récentes construites à Sabaoani, deux sont très remarquables.

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Saint Joseph, tout blanc est entièrement décoré d’un métal qui semble d’or. Au dessus de l’autel, une statue monumentale de St Joseph et de part et d’autre des plaques en bas relief représentant, les deux plus grandes, la Sainte Famille et la série des plus petites, le chemin de croix. À Notre Dame du Rosaire, l’abside est entièrement couverte d’une grande mosaïque représentant la dite Notre-Dame dont je vous ai scanné une carte postale. Ce n’est pas de la copie de gothique, ni de la copie de byzantin, c’est quelque chose d’à la fois traditionnel et nouveau. Ces églises modernes ont été pour moi le sommet du voyage, parce qu’elles sont la preuve qu’un art religieux “contemporain” peut n’être ni destructeur, ni sordide, ni blasphémateur mais au contraire, majestueux et sacré. Quant au séminaire catholique de Iasi, il a bénéficié d’un tremblement de terre en 1970, à la suite duquel les autorités communistes ont donné l’autorisation de le réparer. En fait de réparer, il fut entièrement reconstruit je ne saurais vous dire en quelle année. Aujourd’hui, il s’élève au bout d’une allée de cyprès comme une sorte de palais où l’on n’a épargné ni le marbre ni les chromes brillants. Quand, sortis de leurs maisonnettes, les petits paysans candidats au sacerdoce y arrivent ils doivent se dire : “Que les prêtres sont des gens importants pour qu’on les forme dans un lieu pareil !”. On ne peut pas exclure que cette considération influe sur la vocation de certains…

ET CELUI DE NOS DEUX “MARTYRS”

Leur biographie est nettement mieux documentée que celle de Parascheva. Ce ne sont pas à proprement parler des martyrs puisqu’ils n’ont pas été condamnés à mort et exécutés mais sont morts en prison de mauvais traitements. Mais on les considère comme tels

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Mgr Anton Durkovici né en 1888, avait un père croate et une mère autrichienne qui, devenue veuve alla rejoindre à Iasi une tante qui y tenait un restaurant. Le jeune Anton fut un garçon pauvre et brillant, qui fit de grandes études et fut ordonné en 1910 dans la basilique romaine de St Jean de Latran. Après avoir occupé divers postes, plus ou moins honorifiques et enseigné la théologie au séminaire de Bucarest, il fut nommé le 30 octobre 1947 évêque de Iasi , à un moment où les communistes voulaient faire une église de “prêtres pour la paix” séparés de Rome, comme en Chine, ce qui n’eut d’ailleurs aucun succès. Bien sûr il n’était pas d’accord, et un jour de 1949 il fut arrêté, sur le chemin d’une église du diocèse où il allait donner la confirmation, et emprisonné. On le retrouva mort de faim dans sa cellule le 10 décembre 1951. On ne retrouva jamais son corps, et pour toutes reliques, une niche, dans le mur de la petite cathédrale, ne contient qu’un peu de terre du lieu présumé de la fosse commune où il doit avoir été jeté.

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Mgr Vladimir Ghika, lui, était un prince de sang royal, né orthodoxe en 1873, qui avait fait ses études secondaires en France et y avait suivi les cours de l’école des Sciences Politiques. Il avait su résister à la pression sociale et était passé au catholicisme en 1902. C’est un ardent contemplatif, actif sur tous les fronts de la diplomatie, de la charité de l’apostolat. Rentré en Roumanie, il y implante en 1906 les sœurs de St Vincent de Paul. Installé de nouveau en France en 1918, il est ordonné prêtre en 1923 et fonde à Auberive en Seine et Marne un institut qui ne lui a pas survécu “les frères et sœurs de l’ordre de saint Jean”. Il retourne en Roumanie en 1939, et, au moment de la prise de pouvoir par les communistes, refuse de suivre le roi Michel dans son exil. Il est arrêté en novembre 1952 et meurt dans la prison de Jilava le 17 mai 1954. À la différence de son confrère Durkovici, il est enterré dans une belle tombe que nous avons réussi à dénicher dans le cimetière qui sert de Père la Chaise à Bucarest, agréablement arboré et très bien
entretenu, plein de chapelles familiales imposantes qui prouvent clairement que pour les Roumains, contrairement au dogme communiste, la mort n’est pas un pur néant.

CONCLUSION

Si par hasard vous étiez préoccupé par l’unité des chrétiens et désireux de prier pour la réunion de l’église orthodoxe et de l’église romaine, je vous recommande l’intercession des futurs bienheureux Anton et Vladimir.

Voyage-pèlerinage en République Tchèque octobre 2007

Voyage-pèlerinage en République Tchèque en octobre 2007 pour bénir l’oratoire de l’Enfant Jésus de Prague à Velehrad

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DU 17 AU 26/10/2007

[Si la forme de certains mots vous surprend, songez que j’applique les Rectifications orthographiques parues au Journal Officiel le 6 décembre 1990]

Le rendez-vous était à l’aéroport de Bâle-Mulhouse le 19/10 à 9 h. au comptoir d’ Easy Jet. JP comptait partir le 18 et passer une nuit à Bâle. Mais la SNCF en décida autrement. La grève prévue pour le 18 l’obligea à partir le 17 , à découcher deux nuits et à passer la journée du 18 à visiter la ville de Bâle, ce qui fut très agréable.

Pas de retardataire, vol sans histoire, on débarque à Prague le 19 pour déjeuner et déposer les valises dans une sorte de résidence universitaire catholique

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Nous sommes accueillis par le P. Jan Penaz, curé doyen de la petite ville de Velke Mezirici qui parle français avec assez d’aisance, sinon sans accent, et qui nous a servi de guide-interprète pendant tout le voyage, ayant laissé le soin de sa paroisse à ses vicaires à qui il téléphonait de temps en temps. Parmi les participants, un autre prêtre, l’abbé Gérard Trauchessec, naguère curé de choc dans le genre de celui de Domqueur, aujourd’hui membre de l’institut du Christ–Roi. Le premier s’habille dans la rue en pékin, mais avec col romain, en soutane à l’église, et dit la messe “ordinaire”. Le second ne quitte pas sa longue soutane noire et ne dit que la messe “extraordinaire”.

Nous sommes surpris dès l’arrivée par un froid de loup, sec et ensoleillé. À Bâle, il faisait aussi doux qu’à Paris. À Prague c’était autre chose ! Heureusement j’avais emporté des gants et de quoi entasser lainage sur lainage sous un léger imperméable, et j’ai trouvé à acheter pour 250 couronnes, soit 10 euros, un bonnet de laine couvrant bien les oreilles qui m’a été d’un grand secours. Le beau temps froid a duré jusqu’au 22 inclus (heureusement pour notre cérémonie en plein air !). À partir du 23, pluie et vent violent se sont ajoutés au froid sans le tempérer. Ajoutons à cela que la circulation dans Prague est encore pire qu’à Paris et que les embouteillages y sont interminables.

Nous avons visité beaucoup de sanctuaires, qui sont habituellement des endroits historiques, beaux, bien situés et bien entretenus et nous nous sommes gorgés de stucs, de dorures, de plafonds peints, de statues aux draperies agitées par le souffle du St Esprit, bref de toute l’exubérance du baroque d’Europe Centrale. Nous avons été gavés de pâtisseries et de viandes en sauce salée-sucrée à la mode du pays, et, de larges chopes, la bière a coulé dans nos gosiers.

LES TENANTS ET LES ABOUTISSANTS DE CE PÈLERINAGE

Ça commence par une histoire d’amour

Il y a déjà d’assez longues années, un certain Robert Mestelan, jeune retraité de l’armée où il était colonel, veuf d’une femme artiste qui lui avait donné quatre enfants, arpentait le chemin de Saint Jacques de Compostelle. De son côté, une certaine Claudia Bohren, suisse allemande, née protestante mais insatisfaite de diverses expériences faites au sein du protestantisme, s’était sentie poussée par je ne sais quelle inspiration irrésistible, à arpenter le même chemin. Ils se rencontrèrent et se plurent. Claudia ne savait rien du catholicisme. Robert la catéchisa si bien qu’elle devint une catholique ardentissime et qu’il l’épousa. Le nouveau ménage s’installa tout en haut d’un village du Vaucluse où Robert continue à peindre de jolies aquarelles dans son atelier : Lou Barri, 84740 Velléron, tél. 04 90 20 08 70, atelierloubarri@free.fr.

Mais là ne se bornaient pas ses activités . Le couple Mestelan entreprit de rechristianiser l’Europe et de l’unifier, non pas autour des “valeurs” maçonniques de notre actuelle Union Européenne, mais autour de son patrimoine chrétien. Et comment s’y prendraient-ils ? En y pèlerinant et en implantant dans tous les pays de l’Union des “oratoires”, autrement dit des édicules religieux en plein vent qui incitent à la prière des gens qui ne songeraient pas à entrer dans une église et qui “signifient que, d’un bout de l’Europe à l’autre, les catholiques sont unis dans la même foi”. Ils firent d’abord partie d’une association appelée “les amis des oratoires” mais un bisbille survint à propos de celui qu’ils voulaient implanter en Pologne – et qu’ils y implantèrent effectivement l’an dernier à Wadowice, lieu de naissance de Jean-Paul II. Ils prirent leur indépendance et fondèrent en 2006 leur propre association qu’ils baptisèrent “La Route de l’Europe chrétienne”

En avant, Marche !

Depuis une dizaine d’années, environ tous les deux ans, les deux Mestelan endossent leur sac, chaussent leurs gros souliers, ferment la porte de la maison de Velléron, et partent sur les routes pour plusieurs mois, à raison de 30 à 35 kms, soit 8 h. de marche par jour, ne sachant le matin où ils vont coucher le soir, demandant l’hospitalité de quelque salle paroissiale ou communale au curé, voire au maire, dormant tantôt dans un lit, tantôt sur la dure, comptant sur les rencontres providentielles pour propager la bonne parole.

– Après St jacques ils ont fait :

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– Velléron – Bethléem

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– St Michel du Monte Gargano (Italie) – Mont St Michel en France “La route des anges”

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– Vézelay – Kiev

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– Bangor (au nord de l’Irlande) – Loreto (Italie) “sur les pas de Saint Colomban”

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L’année 2004

Cette année-là a été déterminante. Ils étaient en route vers Kiev et traversaient l’Autriche. Ils ouirent parler d’une sorte de congrès qui venait de se tenir à Mariazell,

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où le cardinal Schönborn avait réuni les évêques et des personnalités politiques des pays limitrophes de l’Autriche récemment libérés du communisme pour définir une ligne de conduite d’inspiration chrétienne. Il en résulta une “charte de Mariazell” en sept points, dont les médias français ne dirent pas un mot, et qui se résumait à ceci :

1. Annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas, être ses témoins pas sa conduite –

2. Apprendre à prier et enseigner la prière à ceux qui ne prient pas –

3. Approfondir ses connaissances en matière de religion pour être capable de répondre aux objections –

4. rendre la religion visible par des signes ostensibles : images, croix, oratoires (le contraire de l’ “enfouissement” qu’on nous prêchait naguère) –

5. Sanctifier le dimanche et faire respecter le repos dominical –

6. protéger la vie humaine de la conception à la mort naturelle –

7. Promouvoir la solidarité en Europe et dans le monde.
Ils arrivaient après la bataille. Le congrès était terminé, mais ils furent reçus par le cardinal et sa charte devint la leur.

Et puis, ne voilà-t-il pas qu’entrés en Tchéquie et arrivés à Velké Mézirici, le curé qui leur ouvre sa porte se révèle être francophone et lui-même grand pèlerin, ayant fait à pied Velké – Rome et faisant marcher chaque année ses paroissiens les plus endurants sur une bonne centaine de km jusqu’au sanctuaire de Velehrad, dédié aux saints Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves.

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Il en résulta une grande amitié et le projet d’implanter à Velehrad un oratoire dédié à l’Enfant Jésus de Prague. Et pendant trois ans, ils multiplièrent les démarches, réunirent l’argent, les bonnes volontés, et trouvèrent un sculpteur pour le réaliser. C’était notre pèlerinage qui, déjà, prenait tournure !
Tous ces vrais fous, assez raisonnables tout de même, l’avaient très bien organisé pour un prix défiant toute concurrence (330 euros en liquide à verser à l’arrivée sur place, non compris le billet d’avion, tout de même !). On ne nous fit pas marcher excessivement. Un bon autocar permit à l’entorse que je m’étais faite quelques jours avant le départ de se guérir tout doucement

L’enfant Jésus !

Eh ! oui, notre pèlerinage était placé sous le patronage de l’enfant Jésus ! Et pas seulement celui de Prague : celui de Beaune aussi, auquel, pas chiches, les Mestelan avaient implanté, en partant, un premier oratoire à Meursault (Côte d’Or) , “capitale des grands vins blancs de Bourgogne”, financé par un riche vigneron de leurs amis.

Ça a l’air bêbête ? ça ne l’est pas. Ils faisaient remarquer à quel point les enfants sont menacés dans notre société, quand ils ne sont pas tout bonnement tués dans le sein de leur mère : privés de baptême et d’instruction religieuse, ballotés entre des parents divorcés ou séparés, proie convoitée des pédophiles, soumis à une éducation sexuelle qu’on aurait naguère appelée “incitation à la débauche”, drogués… Tout cela est gravissime, et compromet l’avenir !

La dévotion à l’Enfant Jésus est d’origine carmélitaine. Au fond de leur cloitre, les sœurs sont confondues d’adoration quand elles contemplent le Verbe de Dieu, la Seconde Personne de la Trinité, le Tout Puissant s’incarner dans la créature humaine la plus impuissante : un nouveau né, in-fans “incapable de parler”, entièrement dépendant du lait de sa mère et des soins de son entourage. Mais quelle force d’attraction dans cet enfant qui attire à lui les hommages des bergers et des rois mages et la haine d’Hérode !

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Bref, celui de Beaune, où la congrégation des Béatitudes a succédé au Carmel, résulte des visions d’une certaine Marguerite du Saint Sacrement, aujourd’hui “vénérable” et un jour peut-être “bienheureuse”, à qui la statuette du “petit roi de grâce” a été offerte par le baron Gaston de Renty en 1643. Quant à celui de Prague, c’est le cadeau que fit Thérèse d’Avila en personne à Maria Manrique de Lara, noble espagnole qui, à une époque où le soleil ne se couchait pas sur les terres de Charles Quint et où Espagne et Autriche ne faisaient qu’un , partait épouser un seigneur tchèque de la famille Lobkowitz. C’est une statuette de cire de 46 cm, la taille d’un nouveau-né. Mais il n’est pas nu, ni couché sur de la paille , ni réchauffé par le souffle d’un âne et d’un boeuf! Non ! il est debout, couronné d’une lourde couronne ; d’une main il bénit, de l’autre il tient le globe et il porte des manteaux plus brodés, plus riches, plus royaux les uns que les autres, qu’on voit dans un petit musée attenant à l’église. Le P. Jan raconte qu’un dirigeant soviétique organisant un jour une visite à Prague (était-ce Kroutchev ? ou plutôt Gorbatchev ? je ne me souviens plus), demanda quel cadeau ferait le plus plaisir aux Pragois. On lui répondit : “un manteau pour le Petit Jésus”. Et il s’exécuta ! Mais rien dans le musée ne le signale particulièrement.

C’est la fille de Maria, Polyxène de Lobkowitz, qui en fit cadeau à un carme, le P. Cyrille de la Mère de Dieu, qui l’installa à l’église Ste Marie de la Victoire, dans le vieux quartier historique de Mala Strana, où il est encore, après bien des hauts et des bas, aléas des guerres et de l’histoire. “Depuis ce temps-là, est-il écrit au verso de son image, l’Enfant Jésus ne cesse de faire des miracles et de donner des grâces particulières aux croyants du monde entier. Pour eux, Prague sera toujours la ville de l’Enfant Jésus”.

Sur le site www.pragjesu.info, il y a des explications en tchèque, en anglais, en allemand et en espagnol, mais pas en français… Pour qui voudrait en savoir plus long, un peu de bibliographie :
J.-B. Roussot – L’enfant Jésus de Prague – éd. Résiac – 53150 Montsurs (par correspondance)
Sœur Giovanna ?? – L’enfant Jésus au Carmel , culte et spiritualité – maison d’édition dont le nom m’a échappé, sise 33 av. Jean Rieux 31500 Toulouse.

LE PROGRAMME

Donc, le vendredi 19 après-midi après avoir pas mal trainé, nous allons, dans la ville basse, non loin de la Moldava, large affluent de l’Elbe, objet d’un poème symphonique de Smetana, rendre une première visite au petit Jésus et au musée de ses manteaux, puis nous montons au sommet de la ville haute au couvent des Prémontrés, qui sont 74, avec une moyenne d’âge de 38 ans ! Nous trouvons là une messe ordinaire en tchèque , avec orgue, très solennisée. Après une longue causette du supérieur et la vénération des reliques du fondateur, St Norbert, nous sortons sur la terrasse d’où l’on doit jouir d’une vue générale sur Prague mais il fait nuit et nous n’en voyons que les lumières. On gèle! Vivement le car pour se réchauffer!

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Le samedi 20 au matin, nous faisons un peu de change, puisque la Tchéquie n’est pas encore passée à l’euro, et nous nous rendons à Notre-Dame des Neiges, chez les franciscains qui ne sont, eux, qu’une quinzaine (moyenne d’âge non précisée). Leur supérieur nous raconte des choses bien intéressantes sur la vie de l’Église du temps du communisme. J’en ferai à la fin un chapitre spécial. Nous nous répartissons entre la messe en français du P. Jan dans la grande nef et la messe extraordinaire de l’abbé dans une chapelle attenante. Quartier libre pendant une heure! Je m’achète un bonnet et je vais me réchauffer dans l’église la plus proche, St Ignace, super-baroque et dorée comme vous pouvez imaginer. Après le déjeuner, on retourne à l’aéroport récupérer quelques participants qui ont pris un autre vol ou sont venus par la route. Le groupe est complet, nous sommes 31 retraités pas trop croulants, pour la plupart originaires des environs de Velléron, donc du midi de la France, et aussitôt nous quittons la Bohême pour la Moravie.

On nous avait préparé des cantiques tchèques adaptés avec des paroles françaises pour que nous puissions chanter avec les Tchèques. On utilisa une partie du trajet à les répéter et, sans fausse modestie, je peux dire que si je n’avais pas été là pour les solfier, ça aurait été une belle cacophonie ! Durant les trajets en autocar, parfois longs, on récite le chapelet, on chante, on bavarde, et nos deux curés boute-en-train nous divertissent avec leurs anecdotes et leurs plaisanteries.
Après avoir traversé de grandes forêts aux magnifiques teintes d’automne, nous arrivons en fin d’après-midi à Velke Mesirici, la paroisse du P. Jan où nous devons passer deux nuits et une journée, logés et nourris chez l’habitant. Les organisateurs tiennent très fort à ce contact avec la population. À notre arrivée, nos logeurs nous attendent, alignés dans le vestibule, quasi au garde à vous. Des gâteaux, du café, du thé nous sont offerts. On nous répartit dans les diverses maisons et, pour la langue, on se débrouille comme on peut. J’avais pour cothurne une certaine Christiane, femme assez agréable avec qui je me suis bien entendue. Nous fûmes logées non à Velké même, mais au village de Martinice, à 10 kms de là, ce qui obligea nos hôtes à plusieurs allées et venues en voiture. Nous sommes tombées dans une bonne famille chrétienne où on dit le bénédicité à table et où tout le monde va à la messe. Nous avons été mal couchées mais très bien accueillies. J’ai envoyé en remerciement un beau livre sur Paris.

L’ascenseur social y avait évidemment fonctionné: Les parents étaient des gens très simples, le père, Iaroslav Pojar, mécanicien, la mère, Bojena Pojarova, au foyer, avec quelques occupations agricoles saisonnières. Ils n’avaient appris à l’école que le russe, seule langue vivante enseignée du temps du communisme. Mais ils disposaient d’une maison campagnarde assez grande et confortable et de deux voitures. Les deux filles avaient fait des études , l’une, célibataire, Élijka, 28 ans savait de l’anglais et travaillait dans un service financier de la ville. L’autre, mariée, Ivana, parlait un peu de français. J’ai aperçu son mari, je ne sais pas ce qu’il fait. Elle avait été plusieurs fois en France pendant ses vacances, à Lourdes, à Paris et aux châteaux de la Loire. Elle est pharmacienne de l’armée, en congé de maternité pour trois ans, avec son salaire réduit à 750 couronnes par mois, ce qui n’est pas grand chose mais mieux que rien. Simon, 6 mois, premier petit-fils de Iaroslav était l’objet de toutes les attentions de la famille.

On m’a demandé quel est le salaire moyen en France. J’ai répondu au pifomètre 2000 euros. J’ai peut-être été trop généreuse. D’après elles le salaire moyen en Tchéquie serait de 20 000 couronnes, ce qui fait à peu près 800 euros. La vie doit être beaucoup moins chère qu’en France. Tout de même, ce bonnet de laine, je l’ai payé 250 couronnes, soit 10 euros. Le magasin de sport où je l’ai acheté était-il un magasin de luxe ? Quoi qu’il en soit, les Tchèques ne font pas pitié, ils ne semblent pas dans la misère. Je n’ai vu à Prague qu’un seul et unique mendiant, sur le Pont Charles, là où passent tous les touristes. Et je n’ai vu personne coucher dehors. Il est vrai qu’avec ce froid… Je n’ai pas vu non plus de femmes voilées ni de “personnes de couleur”. Le climat, la langue, la monnaie de la Tchéquie ne sont pas des pompes aspirantes pour l’immigration.

Le Dimanche 21 se passe entièrement à Velké. On a, en principe, le choix entre la messe paroissiale et celle de l’abbé dans une autre chapelle, mais ceux qui sont logés dans les villages sont priés d’aller à la même messe que leurs logeurs. À Velké, 12.000 h., petite ville industrielle, il y a quatre messes dans la matinée du dimanche et l’église ne désemplit pas.
Entre messe et déjeuner nos deux jeunes logeuses ont l’idée géniale de nous faire visiter le château de la ville et, de tout le groupe, nous sommes les seules à avoir eu ce privilège : un bon gros château provincial et germanique où réside encore Madame la Duchesse. Nous y avons remarqué une salle délicieusement peinte de paysages de la région par un artiste inconnu, et divers souvenirs émouvants : un bonheur du jour ayant appartenu à Marie Antoinette, un collier de pierres noires, bijou de deuil ayant appartenu à l’impératrice Marie-Thérèse sa mère, et, sous verre, un mouchoir taché de sang avec lequel un suivant de l’archiduc Ferdinand a essayé d’arrêter l’hémorragie quand il a été assassiné à Sarajevo, étincelle qui mit le feu aux poudres de la guerre de 14. Plusieurs photos du dit archiduc et de sa femme, autour de cette relique.

L’après-midi est consacré à une sorte de colloque où il s’agit de la situation comparée de l’école et de l’Église en France et en Tchéquie. Mes mauvaises oreilles ne m’ont pas permis d’en retenir grand chose, mais nous avons eu le privilège de voir et d’entendre une vieille petite dame qui, du temps du communisme, avait sacrifié sa situation d’institutrice parce qu’elle ne voulait pas enseigner le marxisme à ses élèves et était devenue catéchiste. Je pense que ce genre de résistance peut être mis au catalogue de l’ “héroïcité des vertus” quand il s’agit de béatifier quelqu’un. La réunion se termine par thé, café, buffet, gâteaux, canapés, sandwiches. Plus besoin de diner après ça !

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Lundi 22 Dès 7 h. du matin, départ pour Velehrad, bourg de 3000 h. au diocèse d’Olomouc, Olmütz en allemand, qui présente l’intérêt historico-religieux d’être le lieu de la première implantation en terre slave des deux apôtres Cyrille (827-869) qui inventa l’alphabet cyrillique et de son frère Méthode (815-885), et l’intérêt artistique de posséder une très belle basilique baroque dédiée à ces deux saints, but de pèlerinage très fréquenté. Méthode survécut de longues années à Cyrille mort à 42 ans pendant un séjour à Rome, où j’ai vu son tombeau l’an dernier à l’église St Clément, Il est probablement mort à Velehrad, mais on ignore l’emplacement exact où il a été enterré .

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On s’installe pour trois nuits dans un agréable petit hôtel campagnard au confort impeccable et on termine la matinée par la visite “touristique” de la basilique en attendant la visite “religieuse” de l’après-midi.
Après le déjeuner, on va prendre chez les sœurs nos voisines le café accompagné des petits gâteaux probablement “maison” qu’elles nous ont préparés. Presque partout les mêmes petits gâteaux : des boulettes de pâte levée à la levure de boulanger, avec un peu de confiture à l’intérieur, et saupoudrées de sucre glace.

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Cette congrégation des “sœurs de St Cyrille et Méthode” a été fondée en 1905 par l’évêque Cyrill Stojan, restaurateur de la basilique, pour prier pour l’unité des Chrétiens et tout spécialement de l’Église qui se dit “orthodoxe” avec celle qui se dit “catholique”. Elles sont en habit, assez nombreuses, et ont des novices tout en blanc qui nous ont servi le café . Elles ont une grande maison avec une chapelle ultramoderne où nous avons été prier un moment.

Après quoi ça a été le début de la grandissime cérémonie présidée par l’archevêque d’Olomouc, 1 m 95, majestueux et bonhomme, grand messe ordinaire d’une solennité tout à fait extraordinaire, et procession jusqu’à l’oratoire, sculpté dans un très beau style, où on va déposer la copie en pierre (70 kgs) de l’enfant Jésus de Prague, tout joli, tout mignon, avec son beau manteau peint en rouge. Le curé, le maire, le préfet, toutes les autorités disponibles sont là ainsi qu’une grosse foule de gens du pays, et la fanfare locale nous escorte . Chants ! Discours ! La fanfare joue l’hymne tchèque et la Marseillaise, puis quelques polkas et termine son concert par une valse qui donne a tout le monde envie de danser, et quelques couples, effectivement, se mettent à tourner. Arrivent pour finir, des plateaux de petits gâteaux et une grande fontaine de thé chaud qui est la bienvenue par le temps qu’il fait. La nuit est déjà noire quand on regagne l’hôtel pour un repas de gala où l’archevêque et plusieurs autorités de la région sont invités et y vont de leur petit discours. Je me trouve placée non loin du curé qui paraît 25 ans mais en a plus de quarante (20 ans de sacerdoce). C’est le plus jeune occupant d’une jésuitière qu’il habite en compagnie de sept autres vieux jésuites. Gloire aux Jésuites, qui ont recatholicisé la Bohême luthérienne après la bataille de la Montagne Blanche. Sans eux, nous ne verrions pas toutes ces belles églises baroques de contre-réforme ! Mais ceci est une autre histoire dont il sera question plus loin. Bref, une belle journée ! Le clou du voyage !

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Mardi 23 C’est notre journée de la bataille d’Austerlitz. Robert Mestelan nous emmène sur le site non par bonapartisme, dit-il, mais afin de nous faire apprécier le courage des troupes dans la marche et dans le combat (ça sous-entendait, pense JP, “les gens confirmés ne sont-ils pas les soldats du Christ ?”) et de prier pour l’Europe dont la civilisation chrétienne est attaquée de partout (oui, ajoute JP et pas seulement de l’extérieur par l’islam, mais de l’intérieur par l’idéologie de la Commission Européenne qui non contente de refuser de reconnaitre le fait historique de ses racines chrétiennes, fait, par ses directives, tout ce qu’elle peut pour les couper. Et puis attaquée aussi par la dénatalité des gens de cette civilisation, qui ne seraient que 900 millions, Amérique et Australie comprises, dans un monde de combien de milliards d’individus ? Et là on rejoint le culte de l’Enfant Jésus ). Elle soupçonne encore une autre raison. R. Mestelan n’était pas le seul, parmi les messieurs du groupe, à être passé par Coëtquidan, à avoir étudié sur le papier la bataille d’Austerlitz et à trouver intéressant d’aller repérer le terrain pour de vrai.

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Cette bataille, on nous l’a expliquée trois fois, et je n’ai pas encore réussi à très bien tout comprendre, n’étant pas forte en stratégie : d’abord dans le car, ensuite par vidéo au château de Slatkov (en allemand Austerlitz) visité le matin, qui est une sorte de petit Versailles morave, puis encore une fois, l’après-midi, par video, au musée du plateau de Pratzen où nous avons été guidés par son directeur, un Tchèque passablement francophone, tellement francophile et bonapartiste qu’il a été, lors d’un voyage en France, se recueillir à Lectoure sur la tombe du maréchal Lannes !!
Dès le réveil, il pleut fort, il souffle un vent à décorner les bœufs et les jours suivants, le temps est gris et pluviotant et à peine moins froid. Le 2 décembre 1805, il ne pleuvait pas mais il y avait du brouillard et il faisait surement encore plus froid qu’aujourd’hui. J’imagine le plaisir qu’ont pu avoir les grognards à crapahuter sous la mitraille pendant de longues heures sur les pentes du plateau de Pratzen. Le bilan final est un certain chamboulement des structures de l’Europe, et sur le terrain 23000 morts du côté austro-russe et 8000 du côté français, enterrés tous sur place dans des fosses communes.

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Bien des années après, un prêtre de la région, choqué que ce vaste cimetière ne soit ni visité ni honoré, entreprit de construire sur le site une “chapelle de la paix”. Il réunit des fonds, sollicita les gouvernements concernés (la Russie fut la plus généreuse) et réussit à édifier une très belle chapelle dans le “modern style” à la mode en Autriche au début du XXe s. Le gros œuvre était achevé lorsque éclata la guerre de 14. Elle ne fut inaugurée qu’en 1923, juste 16 ans avant que n’éclate une autre guerre encore plus horrible. Aujourd’hui encore, il arrive que des paysans, dans leurs labours retrouvent des ossements qu’on rassemble dans cette chapelle.
JP ne se console pas de deux choses : d’abord de ne pas retrouver la plaquette qui donnait toutes les explications sur la bataille et l’édification de la chapelle avec de belles photos. Où a-t-elle bien pu la perdre ? Elle se console encore moins que notre messe quotidienne n’ait pas été célébrée dans cette chapelle, ce qui aurait été tellement significatif, mais qu’on ait prévu de le faire au retour à Velehrad devant une assez quelconque icône de “Notre Dame de l’Unité”. D’autant plus que le diable, déguisé ce soir-là en sacristain, s’ingénia à mettre des bâtons dans les roues de ce qui avait été prévu et que nous dûmes attendre avec une infinie patience une messe en tchèque interminable.

N-B Hourrah ! La brochure est retrouvée ! Je vais scanner la photo de la chapelle de la Paix et vous envoyer son image, en plus de celle du Petit Jésus.

Mercredi 24 Nous franchissons la frontière de la Slovaquie , qui nous paraît moins prospère que la Tchéquie, et en fin de matinée nous arrivons pour la messe au sanctuaire de Sastin dont je ne résiste pas au plaisir de vous conter l’histoire : « Il était une fois (au XVIe s. à en juger par le style de la statue de N-D des Sept Douleurs) un méchant comte, très brutal avec sa femme, qui , passant par là, dans un accès de colère, ouvrit la porte de son carrosse et la jeta dehors. La pauvre femme tout abasourdie, tombée au bord de la route, priait la Ste Vierge de lui rendre son mari et de raccommoder son ménage. Et voilà que le comte, pris de remords, revient sur ses pas, lui demande pardon, la réinstalle dans le carrosse, et devient un mari parfait ! Sa femme lui révèle qu’en attendant son retour, elle avait promis une statue à la Sainte Vierge si elle était exaucée. Le mari fut d’accord pour la réalisation de ce vœu et il en résulta une jolie petite piéta qui trône sur l’autel de Sastin, avec cette particularité que le cadavre du Christ est couronné. Et voilà qu’à peine sa statue installée, la Vierge multiplia autour d’elle les miracles, tant et si bien qu’on nomma une commission pour les enregistrer et qu’on en dénombre aujourd’hui huit bonnes centaines! » La bonne entente dans les ménages n’est-elle pas une condition de la bonne éducation des enfants ? Et voilà qu’on en revient à l’Enfant Jésus !

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L’après –midi se passa à Bratislava (en allemand Presbourg), capitale de la Slovaquie, qui possède une très jolie vieille ville pleine de maisons et de palais baroques de toutes les couleurs. (D’une façon générale, dans les pays froids, les maisons sont peintes en jaune, rose, vert pistache, bleu ciel : sous la neige, ça fait plus gai). Si j’ai bien compris, nous sommes dans le diocèse hongrois d’Esztergom, ou bien la ville faisait partie de ce diocèse, avant les remaniements de la carte de l’Europe.

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La cathédrale, gothique (pour une fois), où étaient couronnés les rois de Hongrie, est placée sous le patronage de St Martin et possède une magnifique statue en bronze, du XVIIIe s., de ce saint qui a donné son nom à tant de villages en France, parce que St Martin était né slovaque ! Hein, on la voit, là, l’Europe chrétienne !
On monte jusqu’au château qui domine la ville, d’où on a une belle vue sur le Danube. Et qu’est-ce qu’on voit sur l’autre rive du Danube ? De longs alignements d’HLM de type stalinien, de l’aspect le plus carcéral et le plus concentrationnaire ! Ah ! le contraste avec la vieille ville ! La différence entre la ville chrétienne et la ville communiste !

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Jeudi 25 octobre Retour à Prague où on arrive vers 11 h. On ne déjeunera que vers 15 h. ce qui donne le temps de se promener dans la vieille ville, celle que Mozart a connue, l’année où il écrivait Don Juan, et de retrouver nos souvenirs de juillet 1947 où nous eûmes aussi chaud que froid cette année en octobre. Car il faut dire qu’à peine la guerre finie, il fut organisé à Prague, qui n’avait pas subi de bombardements, un truc crypto-coco nommé “le festival de la jeunesse mondiale”. Le “coup de Prague”, par lequel les communistes prirent le pouvoir en Tchécoslovaquie, eut lieu juste après notre retour. À ce festival, fut convié l’orchestre de l’enseignement, orchestre d’amateurs dont faisait partie notre père, Louis Picoche, en qualité d’altiste. Il y emmena toute la famille ! C’était notre premier grand voyage après la guerre. Nous avons passé 36 heures dans le train pour faire les 1500 kms Paris-Prague. Nous avons traversé au pas, sur des kilomètres, Nuremberg en ruines et nous avons été éblouis, en arrivant, par cette ville extraordinaire, beaucoup plus calme et provinciale alors qu’aujourd’hui, où la bière était vendue à la cruche, et où trônaient à la porte des boutiques d’alimentation, des tonneaux de cornichons molossol.

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Quel plaisir de revoir le Pont Charles avec ses statues et cette magnifique église St Nicolas de Malastrana (malheureusement désaffectée, payante et vouée au seul tourisme de même que la cathédrale que nous vîmes le lendemain). J’y ai passé une bonne heure à regarder tout et à prier pour vous. J’espère que vous en ressentirez les bons effets.

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La fin de l’après-midi est consacrée à la messe sur l’autel de l’Enfant Jésus, suivie d’un dîner dans une cave de restaurant, pour lequel le P. Jan avait commandé des spécialités locales. Il ne tarissait pas d’anecdotes spirituelles, et pour finir, j’ai amusé tout le monde en chantant Le soleil et la lune de Charles Trenet. Ils reprenaient tous au refrain ! Après quoi, on nous emmena coucher, pour peu d’heures, en banlieue, au 9e étage d’un hôtel gratte-ciel ultra-moderne.

Vendredi 26 dernier jour du voyage. L’hôtel n’était pas loin de l’emplacement du champ de bataille de la Montagne Blanche, marqué par une église votive. On ne descend pas mais le P. Jan nous raconte l’histoire : Depuis Jean Hus (1369-1415) , nationaliste tchèque hostile à l’empereur, qui prêchait pour la suprématie du concile sur le Pape, pour la communion sous les deux espèces, contre les indulgences et qui fut brûlé comme hérétique au concile de Constance, la “réforme” couvait en Bohême. Les Tchèques, même catholiques, le considèrent encore comme un héros national. C’est un peu leur Jeanne d’Arc ! Les partisans de Jean Hus furent durement réprimés pendant les “guerres hussites” (1420-1434) et quand Luther commença à répandre ses idées, toute la noblesse tchèque passa à la Réforme et finit par mettre à sa tête, contre l’empereur, un prince protestant. D’où les débuts de la guerre de 30 ans et la fameuse bataille de la Montagne Blanche (8 novembre 1620) remportée sur les protestants par l’empereur Ferdinand II qui imposa au pays la religion catholique. Cujus regio, hujus religio ! comme on disait alors. Tant mieux ! Le contraste entre Bâle, ville protestante assez jolie au bord du Rhin, visitée quelques jours avant, et Prague, magnifique au bord de sa Moldau, et même la vieille ville de Bratislava, au bord du Danube, est assez parlant ! C’est comparable à la bataille de Lépante et à la levée du siège de Vienne qui ont évité à l’Europe occidentale d’être islamisée par les Turcs.

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Après cette petite leçon d’histoire, nous sommes montés voir le palais royal et la cathédrale, gothique du moins pour l’essentiel. Pour y entrer, outre qu’il fallait payer et que je n’avais plus une couronne, il fallait faire une queue de 300 m. Je me suis donc contentée des extérieurs, qui n’étaient d’ailleurs pas mal du tout. Et puis retour au car, aéroport, queue à l’enregistrement, vol et atterrissage à Bâle où les Mestelan, qui y récupérèrent leur voiture, furent pris de pitié en me voyant toute seule attendre sur un banc la navette pour la gare de Mulhouse. Ils m’invitèrent à monter et, en chemin, firent, charitablement, le détour, qui n’était pas rien et les retarda d’une bonne demi-heure ! J’ étais de retour chez moi vers 22 h. Merci encore, Robert et Claudia ! et merci de nous avoir entrainés à prier sur tant de routes lointaines, aux grandes intentions internationales et à nos petites intentions amicales et familiales. C’était vraiment un beau et joyeux voyage.

ANNEXE I. Quelques considérations linguistiques : Il n’y a évidemment pas de solution de continuité importante entre le dialecte alémanique parlé à Mulhouse et celui qu’on parle à Bâle à 25 kms de là. Or, à Mulhouse, tout est écrit en français et tout le monde parle français. Si on parle le dialecte, c’est en famille. À Bâle tout est écrit en allemand et tout le monde parle allemand. Affaire de langue officielle et utilisée à l’école, de part et d’autre de la frontière ! En principe tous les Suisses doivent apprendre les trois langues principales de la Confédération : allemand, français et italien. Je suis témoin que si c’est le cas, ils oublient aussitôt celles qui ne leur sont pas maternelles. À Bâle, d’après ma courte expérience, peu de gens répondent en français, et de façon plutôt pénible…
On vante toujours comme une chose remarquable la capacité des slaves à apprendre les langues étrangères. Il est vrai que nous avons rencontré quelques Tchèques parlant plus ou moins bien le français (le P. Jan étant le meilleur). Mais enfin, rien d’éblouissant… Quand on essaye au restaurant l’anglais ou l’allemand, ça ne marche pas mieux. Il est vrai que les serveurs ne font pas habituellement de longues études.

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ANNEXE II. La religion pendant la période communiste d’après ce que nous ont raconté le P. Jan, le supérieur des Prémontrés et le supérieur des franciscains de N-D des Neiges.
Le gouvernement s’est attaqué à l’Église par le haut et a pris pour cible les évêques et les religieux. Ils n’ont laissé en activité qu’un seul évêque, les autres étant réduits à l’état de simples prêtres de paroisse, ou en prison, et à la sortie, dotés d’un petit boulot laïc (puisque le chômage était interdit). Il était interdit de prononcer les trois vœux religieux. Les religieux ont été confinés dans des “couvents de concentration”, et relâchés au compte goutte, soit comme prêtres séculiers, soit pour un petit boulot laïc. À Sastin, sanctuaire desservi par des Salésiens, il y avait une plaque à la mémoire des salésiens in vinculis “dans les chaines”, c’est à dire, morts en prison. Pour entrer au séminaire en vue de l’ordination, il fallait jurer par écrit qu’on n’appartenait à aucune congrégation, de sorte que, pour ne pas faire de faux serment, ceux qui adhéraient secrètement à un ordre religieux le faisaient après, ce qui a été le cas du supérieur des franciscains de N-D des Neiges, entré dans l’ordre en 1986, trois ans avant la chute du communisme.
Par contre les prêtres séculiers étaient laissés dans les paroisses, mais très surveillés. Ils n’avaient pas le droit d’accomplir la moindre fonction religieuse, par ex. un baptême, ou un enterrement, dans une autre paroisse que la leur sans autorisation de la préfecture. Mais le croiriez-vous ? chose impensable en France, même du temps du communisme, les curés entraient à l’école publique pour faire le catéchisme ! Si au moins 18 élèves demandaient le caté, avec la signature de leurs deux parents, le curé avait droit à 1 h. de caté par semaine. S’ils étaient 15, une heure tous les 15 jours , s’ils étaient 12 une heure par mois… Bien sûr, ça devait être déjà un peu compromettant pour les parents de signer la demande de caté. Je ne sais combien le faisaient à Velké. Aujourd’hui, c’est du passé et dans toutes les écoles primaires de l’État, il y a une heure de caté facultative par semaine, donnée par des catéchistes rétribués par l’État au prix de professeurs de matières facultatives.

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ANNEXE III. Les deux messes Nous avions le choix. Pas toujours, mais quand c’était le cas, le gros du bataillon optait pour Paul VI et le petit reste (l’élite ?) pour Pie V. Monsieur Mestelan servait la messe chez Pie V et Madame chantait chez Paul VI. L’un et l’autre rite étaient pieusement et dignement célébrés. J’ai suivi tantôt l’un tantôt l’autre et n’ai été enthousiasmée par aucun des deux. Ni par la messe de Paul VI parce qu’elle est plate, ni par celle de celle de Pie V , parce qu’elle était toujours dite de façon basse, voire très basse, sussurée entre le servant et le célébrant. L’abbé Trauchessec avait apporté 20 kgs de missels à 650 gr. pièce (excédent de bagages à l’aéroport !) pour permettre à ses fidèles de le suivre et c’était bien nécessaire. Il fallait avoir le nez dans le missel, car c’est à peine si on entendait de temps à autre Dominus Vobiscum et il fallait vraiment le coup de sonnette de l’élévation pour se rendre compte si on était bien arrivé au bon endroit ou si on avait pris du retard. Franchement, je trouve cette manière de dire la messe frustrante.
J’ai lu l’Examen critique du nouvel ordo des cardinaux Ottaviani et Bacci et je connais les objections théologiques qu’on peut faire à certains points de ce nouvel ordo. Je pense qu’il suffirait de quelques retouches pour les lever et que le gros des fidèles qui s’y sont habitués ne s’en apercevrait même pas. Par contre, il y a quelques nouveautés que j’apprécie dans la messe de Paul VI :
1. la variété des lectures scripturaires – 2. le canon dit à haute voix et les paroles de la consécration entendues de nos oreilles – 3. le droit pour les fidèles de dire ou de chanter le Notre Père avec le prêtre.
Restent des questions de forme. Une messe de St Pie V chantée, avec orgue, grégorien et polyphonie, avec les aspersions et les encensements, il n’y a rien de plus beau. Quand j’ai découvert ça, dans ma jeunesse, je croyais être au Paradis. Mais rien n’empêche de faire de même avec le rite de Paul VI. C’est, modestement, et devant peu de fidèles, ce que nous faisons le dimanche matin à 9 h. 30 à N-D d’Auteuil et personnellement , je trouve ça assez satisfaisant.

Mais dans la plupart des messes Paul VI, notre pauvre Sainte Mère l’Église me fait penser à une vieille paysanne escroquée par un brocanteur qui a échangé son armoire normande un peu enfumée contre un buffet en formica bien brillant. L’armoire normande est aujourd’hui astiquée, réparée, et vendue très cher. Elle peut être remise en service et à l’honneur dans une maison.

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Ce qui me fait souffrir dans la messe “ordinaire” telle qu’on la célèbre à St Nazaire c’est : 1. la prédominance des cantiques sur les chants liturgiques proprement dits. – 2. la nullité de ces cantiques, souvent pour les paroles, toujours pour la musique – 3. le Gloria et le Credo coupaillés et transformés en chansonnettes à refrains – 4. Les bavardages extra-liturgiques du célébrant – 5. juste après l’Agnus Dei, les poignées de mains tous azimuts quand ce ne sont pas des bisous, les retournements de gens et déplacements de chaises. Si on tient à un signe de fraternité, on pourrait se contenter plus discrètement, et de façon ritualisée, d’ une petite poignée de main à la personne la plus proche – 6. Tout ce que j oublie.
Mais enfin rien de tout cela n’est écrit dans l’ordo ni obligatoire, ce ne sont que de mauvaises habitudes prises à la faveur d’un texte laxiste à options nombreuses, et qui pourraient être corrigées .
Quand je subis toutes ces mochetés (rien de trop moche pour le bon Dieu, comme ne disait pas le curé d’Ars !), je me console en pensant à la crèche et encore une fois à l’Enfant Jésus. S’il n’a pas été dégouté de venir au monde dans une étable où il y avait de la paille, du crottin d’âne et de la bouse de bœuf, pourquoi, moi, serais-je dégoutée par les choses ci-dessus énumérées ? La dame qui fait chanter me fait penser à une ânesse ? le prédicateur à un bœuf ? Bon, c’étaient tout de même de braves bêtes. Et si moi, je pouvais tenir le rôle d’une bergère, est-ce que ce ne serait pas épatant ?

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Cet article a été écrit par Jacqueline Picoche, membre de notre association qui a participé au voyage en République Tchèque. Jacqueline Picoche est auteur du dictionnaire etymologique français et de divers autres ouvrages.

Oratoire du Saint Sauveur à Chantemerle-les-Blés (Drôme)

Oratoire du Saint Sauveur à Chantemerle-les-Blés (Drôme)

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En liaison avec les Croisés du Sacré Coeur qui ont bâti à Chantemerle-les-Blés l’église Saint Joseph du Saint Sauveur, nous avons bâtis un nouvel oratoire. L’oratoire du “Volto Santo” complète le caractère sacré de ce lieu de réparation, en faisant apparaître le Christ Sauveur mort sur la croix pour expier les péchés de toute l’humanité.

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Selon la tradition, le Volto Santo, arrivé miraculeusement au port de Luni près de Lucca est une sculpture sur bois, réalisée par Nicodème, un des assesseurs de Joseph d’Arimathie pour aller embaumer le corps du Christ au tombeau. L’expression du visage du Christ, particulièrement saisissante, serait l’exacte réproduction de ce que Nicodème a vu de près.

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Cet oratoire, comme celui de Notre Dame de Guadalupe au Barroux, comporte un bas-relief en pierre et un support. Le bas-relief a été confié à Pascal Beauvais, la maçonnerie support de l’oratoire à l’entreprise Serena (Aymeric Courcelle Labrousse). Les plans dressés par Jean Claude Constantin ont été transmis. Les travaux ont commencé en avril 2008. Bénédiction de l’oratoire: lundi, 29 septembre en la fête de Saint Michel Archange.

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Homélie de Mgr Reyne du 29 septembre lors de la bénédiction:

“Nul ne peut faire ce qu’il appartient à Dieu seul de faire” (St Grégoire).

Mes frères,

Nous célébrons donc aujourd’hui la fête des archanges St Michel, Gabriel et Raphaël.
Ceux-ci apparaissent dans la bible comme mandataires de Dieu dont le nom désigne la fonction: Michel “qui est comme Dieu”; Gabriel : “héros de Dieu” et Raphaël “Dieu guérit”.
Pendant longtemps la fête de St Michel fut la seule fête des anges et dans la collecte de ce jour vous avez sans doute remarqué qu’aucun de ces archanges n’est nommé.
Avec St Michel ce sont donc tous les anges qui sont fêtés.
Ils le sont d’ailleurs encore le 2 octobre, fête des saints anges gardiens.
C’est l’archange St Michel qui est le plus souvent nommé dans la liturgie: il l’était dans l’ancienne forme du Confiteor, immédiatement après la Vierge Marie.
Il a une grande place dans la liturgie des défunts où il est qualifié de “Signifer”, Porte-étendard, qui introduit les âmes des défunts dans la lumière éternelle.
Il est fait encore appel à son intercession à l’offertoire lors de la bénédiction de l’encens; voici ce que dit le prêtre en invoquant St Michel: “Par l’intercession du bienheureux Archange Michel qui se tient à la droite de l’autel de l’encens, que le Seigneur daigne bénir cet encens et le recevoir comme un parfum agréable”.
Sa notoriété biblique et liturgique l’ont fait choisir par plusieurs nations comme patron, dont la France.
Sa popularité lui a valu de nombreux patronages.
Il était naturel que les armées et tout particulièrement l’aviation se mettent sous la protection du chef des armées célestes.
Comme il est représenté souvent précipitant le démon dans les flammes de l’enfer il est devenu le patron des métiers utilisant la chaleur du four.

Les marchands de balance ne pouvaient mieux trouver que l’archange souvent représenté avec une balance où il pèse les âmes.
C’est encore tous ceux qui utilisent une balance qui l’ont pris pour patron.

Trois apparitions, d’ailleurs plus ou moins légendaires, ont eu une grande importance dans le développement de son culte en Occident : celle du Mont Gargan, celle du Château Saint-Ange, ancien mausolée de l’empereur Hadrien, et celle du Mont Saint-Michel.

Nous avons là quelques éléments qui nous permettent de cibler la popularité de St Michel.

Mais son action va bien plus loin dans l’Eglise.
Le fait le plus marquant et le plus déterminant est la signification de son nom :
“Qui est comme Dieu?”
Cette interrogation est plus que jamais d’actualité et place St Michel aux premiers rangs de ceux qui défendent les droits de Dieu.
C’est donc surtout comme céleste défenseur des droits de Dieu qu’il nous apparaît.
On ne parle plus guère aujourd’hui que des droits de l’homme, mais rarement de ses devoirs.
Si l’homme peut légitimement revendiquer des droits ce ne peut être qu’en référence à ceux de Dieu.

Je situerai ces droits sur trois plans: Dieu Créateur, Dieu Sanctificateur, Dieu Rédempteur.

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I : Les droits de l’homme sont inséparables de ses devoirs envers Dieu Créateur.

“Qui est comme Dieu?” pour décider de l’usage que nous devons faire de la Création ?
“Possédez la terre et soumettez la”, comme Dieu l’a dit à Adam, n’a jamais voulu dire de mettre la création en coupe réglée, de prendre le monde créé en esclavage alors que Dieu l’a mis à notre service.
Il s’agit d’user de la création mais non d’en abuser.
Elle est le soutien de l’humanité en marche vers les cieux nouveaux et la terre nouvelle.

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II : “Qui est comme Dieu?”, maître de la vie et de la mort, pour décider à sa place de supprimer ou de laisser vivre une vie déjà conçue in utero et animée par une âme immortelle?

Dieu a créé l’homme à son image en lui donnant une âme dans un corps de chair.
Son devoir primordial c’est d’accueillir cette vie qui vient de Dieu, par son intermédiaire de procréateur.
Il en est responsable physiquement et moralement et se doit de la faire grandir, s’épanouir pas seulement sur le plan matériel mais aussi spirituel car le devoir de l’homme c’est de faire en sorte qu’apparaisse de plus en plus l’image de Dieu dans ceux qu’il a procréés.
Si l’homme n’a pas le droit d’empêcher une vie de naître, il n’a pas plus le droit d’y mettre un terme par l’euthanasie.
La vie appartient à Dieu qui est Créateur.
L’homme ne peut revendiquer que son droit de procréateur dans le respect de la vie et le moyen de la transmettre.
Créer des embryons humains, programmer la fécondation “in vitro”, faire des bébés “éprouvettes” est une monstruosité tant sur le plan naturel que surnaturel.
Qui donc est comme Dieu pour se vouloir créateur et non procréateur?
“Vous serez comme Dieu” avait dit le tentateur à nos premiers parents.
Même si beaucoup ont rejeté Dieu et sont devenus athées, ils se veulent inconsciemment comme Dieu.
C’est dans cet éclairage qu’il nous faut comprendre le péché “originel” : l’homme usurpant les droits de Dieu et se voulant en quelque sorte lui-même Dieu.
Il y a d’ailleurs dans le péché grave ou véniel une volonté plus ou moins consciente d’écarter Dieu pour décider à sa place du bien et du mal.
Nous ne croyons pas seulement au péché originel, nous le voyons avec ses ramifications et ultimes conséquences dans notre monde actuel plus qu’en tout autre période de la vie du monde et de la société.

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III : “Qui est comme Dieu” Rédempteur?

Notre monde récuse la Rédemption.
Pourquoi une rédemption, pourquoi être racheté quand on nie le péché?
Pourquoi être rachetés quand on a tous les droits dans tous les domaines?
Notre société dite de consommation se veut faite pour acheter et non pour être rachetée, pour consommer et jouir et non pour renoncer en vue d’un problématique avenir dans l’au-delà.
Qui est comme Dieu, le Rédempteur?
Celui qui nous rachète du péché pour nous établir dans la vie éternelle.
Jésus, le Verbe de Dieu qui s’est fait chair, lui seul est comme Dieu en tant qu’homme, car il est homme et Dieu. “Deum de Deo, lumen de lumine, Deum verum de Deo vero”, comme nous le chantons dans le Credo.
Il est la Vie et lui seul nous la donne. “In ipso Vita erat et vita erat lux hominum”. Tout a été fait par Lui et rien sans Lui. Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas accueillie.”
Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que les hommes se sont donné le droit de rejeter la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, mais jamais autant qu’aujourd’hui.
Saint Jean nous dit encore dans ce Prologue de son évangile : Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu, mais à tous ceux qui l’ont reçu il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.”

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IV : Alors, frères et sœurs, soyons dans l’action de grâce et la joie, car malgré nos faiblesses et nos fautes nous sommes de ceux qui l’ont reçu et le reçoivent continuellement par l’Esprit sanctificateur.

Les sacrements font de nous de plus en plus des enfants de Dieu, nourris de son corps et de son sang rédempteurs, pardonnés à longueur de vie, éclairés par l’Esprit “qui est comme Dieu” pour faire de nous des enfants de Dieu et marcher sur les traces de Jésus notre Sauveur.

Qui est comme Dieu, Créateur, Rédempteur, Sanctificateur?

En terminant ces quelques réflexions, en pareil lieu où une vraie forêt de croix nous rappelle que des millions de créatures de Dieu, âmes immortelles dans des corps en formation ont été empêchées de naître et donc de connaître le Dieu de Lumière et d’amour, nous pouvons nous poser une question.

Quelle sera l’éternité de ces enfants non nés?

Créatures de Dieu par la procréation, pouvons nous penser qu’ils ne bénéficieront pas de la Rédemption et de la Sanctification?
Ne peut-on pas dire qu’ils ont subi en quelque sorte le martyre en étant condamnés à mort avant d’avoir la vie?
On disait autrefois qu’ils connaîtraient dans les limbes un bonheur naturel.
Ca n’a jamais été qu’une hypothèse d’ailleurs aujourd’hui abandonnée par l’Eglise.
Qu’en sera-t-il de cette immense foule de créatures de Dieu, victimes des droits de l’homme sans Dieu?
Nous sommes là en plein mystère.
Mais comment douter que sa solution qui nous échappe est dans l’amour Créateur, Rédempteur et Sanctificateur?
Ces enfants non nés ont été rachetés par le sang du Christ.

Ne peut-on pas penser qu’ils ont reçu le Baptême du Sang?

Dieu seul le sait.
On est en droit d’attendre de son amour miséricordieux un moyen de salut qui nous échappe.
Pourquoi ne dirions nous pas avec l’archange saint Michel: “Qui est comme Dieu”, qui ne peut abandonner ces créatures qui, par la faute des hommes, n’auront pas pu devenir ses enfants par le Baptême?
Comment imaginer que le Dieu d’amour, qui est notre Père et leur Père, les abandonnera dans une réprobation éternelle?
Saint Michel aura-t-il une mission à remplir auprès d’eux pour les introduire dans la lumière de Dieu?
En tout état de cause nous pouvons le prier pour ces enfants non nés dans l’espérance de leur salut.

Demandons-lui d’intercéder pour nous auprès du Dieu Créateur, Rédempteur et Sanctificateur, pour que nous soyons de plus en plus ses témoins dans le monde d’aujourd’hui.
Qu’il nous aide à être des défenseurs intrépides des droits de Dieu dans le contexte de chacune de nos vies et comme le dit la collecte de la messe: “que nous soyons protégés sur cette terre par ceux qui servent toujours devant ta face”, Michel, Gabriel, Raphaël et tous nos anges gardiens.

Ainsi soit-il.

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Allocution de Robert Mestelan, Président de l’Association La Route de l’Europe chrétienne

Chers amis,

Ô crux ave, spes unica, salve !
La bénédiction de l’oratoire du Saint Sauveur à laquelle nous allons assister, loin de constituer l’achèvement d’une belle aventure, ouvre la porte à une nouvelle histoire.

Je commence en remerciant d’abord toutes les personnes présentes qui se sont déplacées, tous les bienfaiteurs qui nous ont aidé et dont nous porterons mémoire tout à l’heure au mémento des vivants, à la Sainte Messe. Je remercie plus particulièrement Monseigneur Reyne, chanoine émérite de Sa Sainteté, ancien curé de Carpentras et d’Orange, Recteur de Notre Dame des Doms d’Avignon, ancien aumônier scout et de la JAC, pour nous tous enfin un modèle de prêtre heureux et fier de servir l’Eglise, un ami.

Je remercie les propriétaires de ces lieux, le Dr Doublier Villette et les membres de l’association des Croisés du Sacré Cœur qui ont fait de cette colline, depuis quelques années, un lieu de réparation et de prière pour toutes les victimes de l’avortement en France, en Europe et dans le monde. Le Dr Doublier Villette, créateur des rosaires pour la vie, aidé de son épouse, combat pour maintenir les droits de Dieu, les droits de la vie. Les profanations réitérées de ce lieu, les accusations multiples auxquelles il fait face avec panache, vous prouvent l’importance et la qualité de son engagement. Aussi, je le remercie du fond du cœur d’avoir permis à l’association « la Route de l’Europe chrétienne » qui a pour but de défendre les racines chrétiennes de l’Europe de mener le combat au coude à coude avec eux en ce lieu prestigieux.

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Face à Chantemerle, cette colline du Saint Sauveur était vraiment prédestinée à recevoir l’image du Divin Crucifié, l’objet même de notre amour et de notre foi. C’est en pèlerinant l’an dernier entre Bobbio et Loreto qu’il nous a été donné à la cathédrale Saint Martin de Lucca de contempler pour la première fois cette saisissante effigie, sculptée par Nicodème, arrivée miraculeusement poussée sur les flots en Italie et vénéré sous le nom de « Volto Santo » (la Sainte Face).

Annoncée au cours de notre première assemblée générale, la création de cet oratoire a pu être lancée et Jean-Claude Constantin a commencé par dessiner le plan. Pascal Beauvais, le sculpteur de Brive et auteur déjà de la sculpture de Notre Dame de Guadalupe au Barroux, en est l’auteur. Admirable travail, inspiré par la vénération et l’amour du Christ, il est parvenu à traduire de façon très expressive, la douleur et la majesté du sujet. Qu’il soit ici publiquement félicité !

C’est notre adhérent Aymeric Courcelle Labrousse avec son adjoint Julien qui a eu ensuite la lourde charge de transporter le bas relief, des Ateliers de Bertrand de Sentenac qui avait offert l’hospitalité à Pascal Beauvais, jusqu’à la colline où il fut installé, opération délicate, menée avec courage dans des conditions météo difficiles avec des moyens sommaires. Sachez seulement qu’ils ont campé pendant une semaine au pied de la croix pour réaliser ce chef d’œuvre.

« Quelle grande chose que de posséder la croix ! Celui qui la possède, possède un trésor. Notre vénéré pape Benoît XVI vient de nous le rappeler dans son admirable homélie du 14 septembre à la fête de l’Exaltation de la Croix à Lourdes.

Dieu a tant aimé le monde qu’Il nous a donné Son Fils unique, pour que les hommes soient sauvés. Le Fils de Dieu s’est fait vulnérable, prenant la condition de serviteur, obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix.

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C’est donc avec fierté que nous avons élevé cet oratoire du Saint Sauveur en brandissant la croix pour que le monde entier puisse voir jusqu’où est allé l’Amour du Crucifié pour les hommes et qu’Il mette fin à ce génocide barbare. C’est parce que nous croyons à l’avenir de l’Europe chrétienne que nous disons « oui aux enfants » et que nous défendons solennellement leurs vies. Le Volto Santo nous invite à rendre grâce à Dieu pour que d’un arbre qui apportait la mort surgisse à nouveau la vie.

C’est sur ce bois que Jésus nous révèle sa souveraine majesté, en nous révélant qu’Il est exalté dans la Gloire.

Oui, venons tous, adorons-Le, en union de prière avec les milliards de victimes de l’avortement qui du haut du ciel proclament les droits de Dieu et chantent sans fin Sa Gloire.

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Oratoire en l’honneur de Notre Dame de Fatima et de Saint Joseph en Roumanie, à Sabaoani

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Du 8 au 10 juillet le Président de l’Association “la Route de l’Europe chrétienne” et son épouse se sont rendus en Roumanie répondant à l’invitation de Monseigneur Aurel Perca, évêque auxiliaire du diocèse de Iasi (Moldavie roumaine).

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Ils ont pu établir un premier contact et obtenir que le projet d’un oratoire roumain puisse être réalisé dans une paroisse.
La paroisse de Sabaoani a été ainsi désignée pour accueillir le projet. Sabaoani est un village de 13’000 habitants, tous sont catholiques. Ils ont bâti trois églises en plus de l’église Saint Michel Archange: l’église Saint Joseph,

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l’église de la Sainte Croix et la basilique de la Reine du Saint Rosaire.

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Le curé, Père Tomas Encuta, a non seulement accueilli le projet avec enthousiasme, mais a décidé de le réaliser en se mettant immédiatement au travail.

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L’oratoire dédié à Saint Joseph et à Notre Dame de Fatima porte mention de Monseigneur Anton Durkovici, évêque bienheureux, martyrisé par les communistes et mort le 10 décembre 1951. L’oratoire a été placé dans l’enceinte de la paroisse Saint Joseph, il comporte 4 moasïques.

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La bénédiction a eu lieu le 7 octobre 2008, fête de Notre Dame du Rosaire. L’association a financé cet oratoire, la paroisse a fournit la main d’oeuvre. Cette implantation d’un oratoire dans un nouveau pays européen s’est accompagné d’un voyage-pèlerinage (voir le compte rendu dans la rubrique voyages-pèlerinages).

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Plaque en l’honneur de Saint Colomban au col du Septimer en Suisse sur la commune de Bivio

La traversée héroïque Bivio – Casaccia en 612

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Lorsque en 2007, Robert et Claudia Mestelan avaient ouvert la Route de Saint Colomban entre Bangor et Bobbio en Italie, ils avaient été très surpris de ne trouver au point le plus caractéristique de ce chemin aucune trace du passage de Saint Colomban. Pire encore, l’église de Bivio est dédiée à Saint Gall, alors que rien ne mentionne le passage héroïque du moine Irlandais en 612.

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Seuls les géographes, en donnant son nom à un pic et à un lac,
manifestaient encore leur attachement au saint. A plus de 70 ans, dans des conditions climatiques difficiles, Saint Colomban avait pourtant franchi le col du Septimer situé à 2310 m. Il convenait de réparer cet oubli.

Note historique:
“En 612, afin d’échapper aux persécutions des païens et pour se soustraire à la vengeance du roi de Neustrie et de Burgondie, Thierry II, Saint Colomban, obligé de quitter Bregenz, se réfugie en Lombardie. Il fait ses adieux à son disciple Gall qui reste évangéliser les habitants de la région, il a donné plus tard son nom à la ville de Saint Gall. Saint Colomban emprunte la via Raetia, chemin le plus court, partant de
Bregenz vers l’Italie. Cette voie romaine qui reliait les provinces germaniques à la péninsule, permettait de franchir les Alpes au col du Septimer, un col aujourd’hui oublié.

De Bivio-Stalla elle atteignait le sommet du Septimer par une montée
régulière, la descente en pente raide mais courte arrivait à Casaccia, le plus haut village du val de Bregaglia, dans la journée.

Prévenu en faveur des moines par son épouse Théodelinde, princesse bavaroise d’une éminente piété, Agilulf, roi des Lombards, réserva un accueil chaleureux aux moines Irlandais.”

Après un premier contact établi avec M. Guidon, Maire de Bivio, nous avons obtenu le principe de la pose d’une plaque de 40 sur 50 cm au passage le plus élevé du col.

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Parallelement à cette action, nous avons intéressé les associations Colombaniennes existantes en France et en Italie. Grâce à la réponse positive des Amis de Saint Colomban de Luxeuil (Président Jean Coste et secrétaire Jacques Prudhon), nous avons fait réaliser une plaque par Pascal Beauvais. Cette plaque, adressée aux fonderies de Luxeuil, a été reproduite en 10 exemplaires qui seront apposées aux endroits où Saint Colomban a tracé sa route (Bangor, Coloumb Minor, Saint Coulomb, Luxeuil, Sainte Marie en Chanois, Annegray, Bregenz, Col du Septimer, San Colombano al Lambro, Bobbio).

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Le 25 juin, première reconnaissance au col du Septimer pour fixer l’emplacement avec le Maire de Bivio et l’Association des Amis de Saint
Colomban de Luxeuil.

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Le 16 août, bénédiction de la plaque en présence d’une bonne trentaine d’Amis de Saint Colomban de France, de Suisse et d’Italie.

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Après une ascension à pied, la messe dite par le Père Coleto a précédée la bénédiction de la plaque.

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Désormais, touristes, amateurs de VTT et pèlerins pourront se souvenir du passage héroïque de Saint Colomban entre Bivio et Casaccia au printemps de l’année 612: une bonne occasion pour eux de prier pour l’Europe chrétienne.

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