Chapitre 4 : La France de St Coulomb à Reims

Vous vous en souvenez, nous vous avions laissé le 7 juin à Plymouth en Angleterre, au moment où nous nous apprêtions à prendre le bâteau pour rejoindre la mère Patrie. Le Britannia était un bon navire, il nous a bien conduit et c’est à Saint Malo que nous avons commencé notre nouveau périple en France.

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Saint Coulomb ne se trouve qu’à 10 km de Saint Malo et nous l’avons vite atteint. Ce charmant village, un peu en retrait de la côte, garde une mémoire fidèle de la venue de Saint Colomban aux environ de 585. D’abord, il y a la crique où il a débarqué (L’anse du Guésclin), ensuite il y a l’église qui lui est dédiée ainsi qu’une belle statue qui marque l’entrée du village et 19 calvaires. Mais le souvenir le plus émouvant et le plus fort n’est il pas la vénération que lui vouent ses habitants et le curé de ce village? Guy André, un historien chevronné et Victor Renou vont nous consacrer tout leur temps pour nous présenter les lieux et nous communiquer leurs sources. Epuisés, mais radieux après cette journée si remplie, notre première nuit de retour en France a trouvée pour cadre une superbe malouinière, la Malouinière de la Ville Bague, somptueuse résidence d’un corsaire Malouin.

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Le coeur en fête, nous avons commencé ensuite notre route vers le Mont Saint Michel, en nous arrêtons d’abord à Saint Broladre, où nous avons fait connaissance de la belle communauté des Béatitudes. Prière commune et repas du Shabbat avec 20 frères et soeurs et quatre Tchèques.

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Au Mont Saint Michel, grandes retrouvailles avec la Fraternité Monastique de Jérusalem. Après la messe, magnifiquement chantée, déjeuner avec soeur Judith et les soeurs, le soir nous étions les hôtes du Père Francois et des frères qui préparaient activement la procession du Saint Sacrement du lendemain. Quelle joie de participer, nous aussi, à cette marche triomphale de Jésus à travers les rues de la ville. Pour une fois les touristes médusés, arrêtaient de prendre des photos, beaucoup, très respectueux, priaient. Pourtant, le petit troupeau était mince et nous n’étions qu’une cinquantaine pour accompagner le Roi du Monde, alors que la veille l’arrivée du marathon de la baie avait mobilisée plus de 5000 personnes.

A travers les polders, nous avons rejoint Ducey, puis Saint Hilaire, Mortain et Ger, où nous avons été heureux de trouver ouverte la porte d’un poulailler pour dormir.

La traversée de la Normandie nous a ravi: les petits villages, les calvaires de granit, les vergers de pommiers, l’architecture des maisons et surtout la présence des troupeaux d’animaux conserve à cette terre un aspect profondément humain et religieux. Et puis ce fut l’arrivée à Lisieux, la découverte des Buissonnets et des lieux où après le décès de sa mère en 1877, Thérèse Martin a vécu avec ses quatre soeurs et son cher père. C’est le jour de la Pentecôte 1887 que Thérèse demande à son papa l’autorisation d’entrer au Carmel: elle a juste 15 ans. Jeune filles de 2007, êtes vous prêtes à tout laisser pour le Seigneur, à vous abandonner à Son Seul Amour? Malgré sa courte vie Thérèse nous parle encore, elle nous redit: “Ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour!”

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Continuant notre route vers l’Est, nous avons rencontré un dimanche une paroisse extraordinaire pour fêter le Sacré Coeur de Jésus: les autels et beaucoup de parties de l’eglise exposaient le signe brûlant de l’Amour de Jésus, le même que celui que nous avons collé sur nos sacs à dos avant le départ. L’église était pleine, la messe était célébrée selon le rite de Saint Pie V et ce même matin, le prêtre, qui est responsable de 27 clochers, avait célébré la messe selon le rite de Paul VI. Qui dit mieux? Ce prêtre existe, il vit en France, en parfait accord avec son évêque. Si vous voulez le rencontrer, allez à Thiberville dans l’Eure: la charité entre les catholiques est bien réelle, lorsqu’elle s’appuie sur l’Evangile.

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Kilomètre après kilomètre nous nous sommes approchés de la vallée de la Seine où avec le Bec Hellouin, Saint Wandrille et Jumièges, nous avons pris connaissance de toute la richesse du trésor monastique Normand. Herluin pose en 1034 la première pierre du monastère du Bec Hellouin. En France, comme en Angleterre, il aura un destin exceptionnel. Après une série de malheurs, d’incendies et de destructions, Dom Grammont reprend possession des lieux en 1948 pour en faire un lieu de contemplation, mais aussi d’action missionnaire. Les fondations du Bec à Abu Gosh en Terre Sainte comme à Rostrevor en Irlande, témoignent du profond désir d’unité qui anime cette communauté: “Etre chrétien, c’est avoir la passion de l’unité.”

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Quelques km plus loin, Rouen nous attendait. Grâce à la bonté de Pierre et Marie Laure Vinot Préfonfaine, les pèlerins ont pu reprendre vie, dormir dans un bon lit, réparer leur chaussures, gratter leurs pieds en les débarassant des cors et d’affreux yeux de Perdrix, visiter en leur compagnie le monastère de Saint Wandrille et la ville de Rouen avec l’évocation du supplice de Jeanne d’Arc le 30 mai 1431 place du marché.

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Saint Wandrille, fasciné par Saint Colomban qu’il prend pour modèle, après un début érémitique à Romainmôtiers et Saint Ursanne, rencontre à Rouen l’évêque Saint Ouen qui parvient à grand peine à l’arrêter. Sous sa direction, il fonde le monastère de Fontenelle qui deviendra une grande abbaye bénédictine et donnera quarante saints à l’Eglise au cours de son histoire.

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La place nous manque pour vous conter dans le détail notre progression et toutes nos découvertes: frères de Saint Jean, soeurs Polonaises, soeurs Franciscaines, familles chrétiennes et pratiquantes tissent à travers la France déchristianisée une toile de fond très vivante et active où chrétiens et chrétiennes engagés, continuent à être sel de la terre. C’est Régis, de la communauté Tendresse de Marie, qui fut samedi notre bon ange. Il nous a permis de passer un vrai dimanche à l’Abbaye Notre Dame d’Igny: un vrai dimanche de prière, de contemplation, d’action de grâce et de repos.

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Aujourd’hui à Reims, nous sommes avec vous tous qui nous suivez à travers ces lignes en compagnie de Sainte Jeanne d’Arc et de Saint Rémi. En ce premier mardi du mois avec tous les Compagnons de Saint Michel et avec vous, notre prière pour la France est ardente. Marie-Thérèse et Christian qui nous ont accueillis hier au soir, nous ont accompagné à la cathédrale de Reims pour la sainte Messe et nous avons confié à Sainte Jeanne d’Arc toutes vos intentions. Reims c’est aussi la ville de la réconciliation Franco – Allemande, puisqu’elle a réuni en 1962 le Général de Gaulle et Konrad Adenauer qui s’écriaient: “la paix est un miracle de la Providence, un plan du Ciel. Le don de la Providence à nos peuples mérite nos soins les plus attentifs et reconnaissants.” 8 juillet 1962.

Nous poursuivons notre route sur Notre Dame de l’Epine et Domrémy. Luxeuil a célébré avec faste ce dimanche le souvenir de Saint Colomban. Nous reprendrons contact à la fin du mois. A bientôt.