De la Tenue, par Jean Raspail

Hommage à M. Jean Raspail qui vient de nous quitter

De la Tenue

S’il existe en français, pour s’adresser à autrui, deux pronoms personnels de la deuxième personne, l’un au singulier, TU, l’autre où pluriel, VOUS, appelé pluriel de politesse, c’est que notre langue se plaît à certaines nuances qui sont les bases de la civilité. Il ne s’agit pas là de code, de formalisme de classe, de snobisme, de règles mondaines, mais simplement d’usages naturels, qui se perdent et qui faisaient, entre autres, le charme et l’équilibre de la France et le plaisir d’être Français.

Ce plaisir-là s’émousse. On me dira que d’autres motifs plus graves et plus irritants y concourent, d’autres lésions de civilisation, et que c’est considérer les choses par le petit bout de la lorgnette, mais dans ce seul domaine de la civilité, de petites causes peuvent entraîner de grands effets dévastateurs.

La Révolution française, jusqu’à l’avènement du Directoire, savait ce qu’elle faisait en imposant le tutoiement général et en interdisant l’emploi des vocables Monsieur et Madame qui marquaient au moins une déférence réciproque : elle égalisait au plus bas niveau, celui du plus grand dénominateur commun de la familiarité.

Aujourd’hui, ce sont d’abord nos enfants que nous voyons condamnés à être partout tutoyés, comme sous la Révolution. Je ne m’en prends point au tutoiement naturel d’affection et d’intimité (la famille, les amis), ou de solidarité (les copains, les camarades,), mais à celui que leur infligent systématiquement les adultes, comme si l’enfant n’avait pas droit au respect et à la liberté de choisir selon son cœur et ses humeurs qui a, ou qui n’a pas, le loisir de le tutoyer.

D’une façon significative, et qui ne doit rien au hasard, cela commence dès l’école, où plus un instituteur ne prend la peine de vouvoyer (ou voussoyer) un enfant. Au premier jour de classe, l’ex-maître devenu enseignant par banalisation de la fonction et refus de cette sorte de sacerdoce qu’elle représentait autrefois, ne demande plus à l’enfant dont il fait connaissance: « Comment vous appelez-vous ? », ce qui serait au moins du bon français, mais : « C’est quoi, ton nom ? »
Sans que l’enfant en ait conscience, le voilà déjà rabaissé, marqué comme un élément de troupeau. On lui eût dit « vous » d’emblée, ainsi qu’à ses camarades, qu’ils en auraient retiré, tous ensemble, l’impression d’être considérés et appelés à de grands destins, ce qui est faux, naturellement, pour la plus grande partie d’entre eux, mais représente quand même un meilleur départ dans la vie que d’être ravalés dès l’enfance au matricule du tutoiement.

Le jeune élève va être vite conditionné. Dès qu’il saura lire et écrire, ses premiers livres « d’éveil » lui poseront leurs premières questions sous la forme autoritaire du tutoiement : « Dessine ici un arbre, une vache…. » ou encore : « Ecris les noms des fleurs que tu connais… » Ce n’est pas bien méchant, mais c’est ainsi que le pli se prend.

Au catéchisme, devenu catéchèse, l’accueil en TU n’es pas différent, mais ses effets en sont plus marquants, car il s’agit de choses plus graves : c’est l’âme qui se fait tutoyer d’entrée. L’ouvrage « Pierres vivantes » qui fit couler tant d’encre à cause de certaines énormités qu’il contient, distille son enseignement par le biais d’une complicité, et non d’un magistère, que le tutoiement impose à l’enfant.
Tout cela semble si bien admis, que c’est un aspect des choses que personne, à ma connaissance n’a jusqu’à présent souligné. On pose pour principe que l’enfant s’y trouve plus à l’aise. C’est sans doute vrai eu premier degré. Cette pente-là est facile et semble toute naturelle C’est justement pourquoi l’on devrait s’en méfier…

Car dans cet immense combat de société qui divise le pays depuis déjà longtemps, et qui est loin d’être terminé, quelles que soient ses péripéties politiques, nos enfants sont un enjeu formidable : ils représentent l’avenir. Tout se tient et c’est au nom de l’égalitarisme et de l’uniformité larvée qu’on prive ainsi l’enfant de la déférence élémentaire et du respect qu’on lui doit.

Le tutoiement qui sort de la bouche d’un instituteur, fût-il de l’enseignement privé, et de la plupart de ceux qui font profession de s’occuper des enfants, est d’abord un acte politique, même s’il est inconscient. Cela fait partie du dressage, et cela donne des résultats. Déjà, une bonne partie de la France adulte, et toute la France juvénile, se tutoient, dans un grand dégoulinement de familiarité, qu’on appelle aujourd’hui la CONVIVIALITÉ, mot de cuistre, alibi de cuistre, camouflage de cuistre. De la convivialité à la vulgarité, le pas est vite franchi.

Dans de nombreux milieux du travail, le tutoiement devient un passeport obligatoire, dont on ne saurait se passer sous peine de déviationnisme bourgeois, alors que, chez les compagnons d’autrefois, c’était le vouvoiement qui marquait l’esprit de caste. De CASTE, pas de classe.

Au sein du parti communiste, comme du parti socialiste, dans la “République des camarades”, le tutoiement est de rigueur. Seul François Mitterrand y faisait exception lorsqu’il était premier secrétaire de son parti. Il détestait qu’on le tutoie, et allait jusqu’à l’interdire, ce qui montre assez bien, à mon sens, que son socialisme était seulement d’ambition et non de conviction…

Mais, pour le commun des Français, aujourd’hui, il importe de ne pas être FIER, car ce mot-là, justement, par ce qu’il entraîne de dignité et de sentiment élevés, est devenu l’un des nouveaux parias de notre vocabulaire.

Cela peut paraître sympathique, amical, empreint de simplicité. En réalité, ce n’est qu’un piège. Quand les convenances du langage tombent, l’individu perd ses défenses naturelles, rabaissé au plus bas niveau de la civilité. N’a pas d’autre but non plus la destruction de la langue française préparée dans les laboratoires subversifs de l’Education nationale, et dont on mesure déjà les effets…

Pour ma part, j’ai été dressé autrement. Je me souviens de la voix du maître qui tombait de l’estrade : «Raspail! Vous me copierez cent fois…» ou : «Raspail! Sortez!»

J’avais neuf ans. C’était juste avant la guerre, dans une école laïque de village. Plus tard, au lycée (et ce n’est pas pour rien qu’on a cassé certaines façons, là aussi), les professeurs nous donnaient naturellement du MONSIEUR sans la moindre dérision : « Monsieur Raspail, au tableau ! » On se vouvoyait entre condisciples, réservant le tutoiement à un nombre restreint de camarades choisis.

Choisir, tout est là ! Ne rien se laisser imposer sur plan des usages, ni le tutoiement d’un égal, ni à plus forte raison celui d’un supérieur.
Il y avait une exception, de ce temps-là : le scoutisme. Je me souviens de ma surprise quand je m’étais aperçu, à onze ans, qu’il me fallait tutoyer cet imposant personnage en culottes courtes qui devait bien avoir trente ans, et qui s’appelait le scoutmestre, et qu’à l’intérieur de la troupe tout le monde se tutoyait aussi avec une sorte de gravité. Mais il s’agissait là d’une coutume de caste, d’un signe de reconnaissance réservé aux seuls initiés, comme la poignée de main gauche, l’engagement sur l’honneur, et les scalps de patrouille, car le scoutisme avait alors le génie de l’originalité, une soif de singularité forcenée, dont nous n’étions pas peu fiers. On se distinguait nettement de la masse, on s’élevait par degrés à l’intérieur de cette nouvelle chevalerie, mais il fallait s’en montrer digne.

En revanche, on vouvoyait Dieu. Cela nous semblait l’évidence même. La prière scoute chantée commençait ainsi: « Seigneur Jésus, apprenez-moi à être généreux, à Vous servir comme Vous le méritez… » C’est la plus belle prière que je connaisse. Il m’arrive encore de m’en servir. Voit-on comme la musique des mots eût été différente à la seconde personne du singulier, et comme elle parlerait autrement à l’âme: « … A Te servir comme Tu le mérites. » ? C’est sec, cela n’a pas de grandeur, cela ne marque aucune distance, on dirait une formalité. Et cependant, aujourd’hui, c’est ainsi que l’on s’adresse à la Divinité, on lui applique le tutoiement le plus commun en français. Et le reste a capoté en série: la liturgie, le vocabulaire religieux, la musique sacrée, le comportement de la hiérarchie, la laïcisation du clergé, la banalisation du mystère, si l’on s’en tient aux seules lésions apparentes. Dieu est devenu membre du parti socialiste. L’usage est de le tutoyer.

Au chapitre des habitudes, ou plutôt des attitudes, j’ai conservé celle de vouvoyer aussi les enfants qui ne me sont pas familiers, et d’appeler Monsieur ou Mademoiselle les jeunes gens que je rencontre pour la première fois. La surprise passé, ils me considèrent avec beaucoup plus de sympathie, et j’ai même l’impression qu’ils m’en sont reconnaissants. Nous tenons des conversations de bien meilleure venue, et les voilà qui se mettent à surveiller leur langage, c’est-à-dire à s’exprimer correctement en français, comme si d’avoir été traités avec déférence leur donnait des obligations nouvelles et salutaires. Les négations et les liaisons réapparaissent miraculeusement dans la phrase (je n’ai pas, au lieu de j’ai pas, c’est-t-un an lieu de c’est-h-un, etc.), la prononciation se redresse (je suis pour chuis, je ne sais pas pour chais pas, etc.), le goût de l’élégance verbale ressuscite. Faites vous-même l’essai, vous verrez. La dignité du langage et la dignité de la personne se confondent le plus souvent. Voilà pourquoi l’on parle si mal en ce moment…

Oserai-je avouer ici que mes enfants me vouvoient, et vouvoient également leur mère ? Cela depuis leur plus jeune âge, et sans aucun traumatisme. Sans vouloir convertir personne à ce qui peut paraître une ostentation, là aussi il faut constater que le langage courant au sein de la famille s’en trouve naturellement affiné. Et même dans les affrontements, qui ne manquent pas, un jour ou l’autre, vers la fin de l’adolescence, d’opposer les enfants à leurs parents, le vouvoiement tempère l’insolence et préserve de bien des blessures. Il en va de même entre époux, encore que ce vouvoiement-là soi devenu aujourd’hui une sorte de curiosité ethnographique, et Dieu sait pourtant les services de toutes sortes qu’il rend. Je le pratique depuis trente-cinq ans que je suis marié. C’est un jeu divertissant, dont on ne se lasse jamais. Même dans le langage le plus routinier, l’oreille est toujours agréablement surprise. Les scènes dites de ménage, fussent-elles conduites avec vigueur, s’en trouvent haussées à du joli théâtre. On a envie de s’applaudir et de souper ensemble au champagne après le spectacle. Toutes les femmes qui ont compté dans ma vie, je les ai toujours voussoyées, et réciproquement, pour l’honneur de l’amour en quelque sorte. Puis-je espérer, sans trop, y croire, que, tombant sur cette chronique, un jeune couple s’en trouvera convaincu, au moins curieux de tenter l’expérience ? En public, ils étonneront les autres, ce qui est déjà une satisfaction en ces temps d’uniformité où se nivellent médiocrement les convenances sociales. En privé, ils s’amuseront beaucoup aux mille et une subtilités, du vous, et je prends le pari qu’ils ne rebrousseront pas chemin de sitôt.

Dans un tout autre domaine, j’assistais récemment aux obsèques d’un ami cher, Christian, de son prénom, mais il avait aussi un nom, fort joli nom d’ailleurs. Eh bien, le prêtre, qui l’avait jamais vu vivant, qui ne l’avait même jamais vu du tout, le trairait à tu et à toi, selon les piètres dispositions du nouvel office des morts : « Christian, toi qui.. Christian, toi que… Christian, Dieu te… et ta famille… » Exactement comme pour les enfants sans défense ! En vertu de quoi, au nom de quoi, la familiarité doit-elle répandre ses flots visqueux jusque sur les cercueils ? Bossuet tutoyait-il les princes en prononçant leurs oraisons funèbres ? Or chaque défunt est un roi, enfin couronné, et sacré à jamais. Quant au nom patronymique de Christian, celui sans lequel le prénom de baptême n’est rien, il ne fut pas une seule fois prononcé ! Et pourquoi pas la fosse commune obligatoire, dans la même foulée…

Car me frappe tout autant, l’emploi généralisé du prénom seul, en lieu et place du patronyme précédé on non du prénom, et cela dans toutes les circonstances de la vie où il n’est pas nécessaire de présenter une carte d’identité : « C’est quoi, ton nom? Serge. Moi, c’est Jocelyne… » Serge qui ? Jocelyne qui ? Les intéressés eux-mêmes semblent ne plus, s’en soucier. Il y a des dizaines de milliers de Serge, des dizaines de milliers de Jocelyne, alors qu’il n’existe qu’un seul Serge X., qu’une seule Jocelyne Z. Mais on se complaît dans l’anonymat. On y nage à l’aise, on s’y coule avec délices, on n’y fait pas de vague, semblable aux milliers de milliers, on n’éprouve pas le besoin de faire claquer son nom comme un drapeau et de brandir ce drapeau au dessus de la mêlée.

Qu’on se rassure, toutefois. Il nous restera au moins à chacun, le numéro matricule de la Sécurité sociale. Celui-là, on y tient.
J’en connais même qui se battront pour ça…

Jean Raspail

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www.poutnik-jan.cz

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site de pèlerinages en République tchèque animé par Monseigneur Jan Penaz, curé de la paroisse de Nové Vesely. Précédemment, Monseigneur Penaz était recteur du sanctuaire de Krtiny. Quand nous l’avions rencontré pour la première fois en 2004, il était curé doyen de Velké Mezirici. Il est allé à pied à Rome, a participé au pèlerinage des peuples à Mariazell, en 2007 il est allé de Velké Mezirici à Aix la Chapelle et tous les ans il emmène plusieurs centaines de pèlerins à Velehrad. Autre parcours crée et balisé: Svaty Hostyn – Velehrad, inauguré les 3 et 4 juillet 2008.

Assemblée générale à Beaumes de Venise le samedi 17 novembre 2019

17 novembre 2019 Assemblée générale Association La Route de l’Europe chrétienne

REMERCIEMENTS A L’ASSISTANCE ET AU BUREAU

DEPART JACQUES SARRADE, TRESORIER – REMPLACEMENT PAR EMMANUEL GROS

APPEL DES PRESENTS ET COMPTABILITE DES POUVOIRS 57 pouvoirs et 28 présents

HOMMAGE A NOS MORTS DECEDES AU COURS DE L’ANNEE 2019
– M. Lucien Arnold
– Mme Claude Le Bris
– M. André Giroux
– M. Jean-Maurice Rouquette
– M. Louis Chevalier
– M. Hervé de Penfentenyo
– M. Jean-Louis Hausermann

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BILAN DE L’ANNEE 2019 DIAPORAMA

RAPPORT MORAL DU PRESIDENT
L’année 2019 qui va s’achever a été marquée par des évènements graves qui ont mobilisé l’opinion catholique en France avec l’incendie de Notre Dame de Paris et à Rome, le Synode sur l’Amazonie. L’incendie de Notre Dame a prouvé que le patrimoine religieux avait une importance que l’on ne soupçonnait pas et que la population, en dépit d’un certain abandon des pratiques religieuses, était profondément attachée à sa conservation à l’identique et au symbole d’être – la Maison de Dieu.

En ce qui concerne le Synode sur l’Amazonie, le professeur Roberto de Mattei a écrit : « Au sein de l’Eglise catholique, il y a aujourd’hui deux religions. La première : le catholicisme de toujours, la religion de ceux qui dans la confusion actuelle restent fidèles au Magistère immuable de l’Eglise.

La seconde, la religion « Amazonienne ». Il s’agit de réinventer l’Eglise par la méthode de réinterpré-tation de la vérité de la Foi catholique.

A la Route de l’Europe chrétienne, nous sommes très attentifs à rester fidèles à notre Foi et hostiles à tout ferment d’hérésie. C’est pour cela que nous avons organisé à l’automne un magnifique pèlerinage en Italie tout entier consacré à l’archange saint Michel et à son actualité dans les combats qui sont présentement menés contre l’Eglise. Après la Sacra di San Michele près de Turin où nous avons jaugé le monde du sommet de ces hauteurs impressionnantes, nous étions au Monte Gargano (Monte Sant’Angelo) le 29 septembre dans la grotte-basilique consacrée par l’Archange lui-même et nous avons participé derrière notre bannière et les drapeaux de la France et de l’Europe chrétienne, à une belle procession dans les rues tortueuses avec une foule immense et fervente.

A Rome, nous avons célébré une messe à l’autel de l’Archange St Michel à St Pierre et puis nous avons chanté Archange de lumière sur le toit du castel Sant’Angelo et encore une fois du pont des Anges précisément à l’endroit où le Pape Grégoire le Grand entouré du peuple de Rome a vu l’Archange remettre son épée dans le fourreau et ils ont entendu dans les airs le chant du Regina Caeli par le chœur des Anges le 26 mars 590. En résumé, sachez que votre association a beaucoup prié pour l’Eglise et pour la France.

Je vous demande donc à tous de rester mobilisés par une prière fervente : c’est notre réponse à toutes les attaques que nous subissons. St Louis-Marie Grignion de Montfort nous avertit : « Vous devez, comme autant de pierres vives, être placées par ce Dieu d’Amour au bâtiment de la Jérusalem céleste. Attendez-vous à être taillées, coupées et ciselées par le marteau de la Croix ; autrement vous demeureriez comme des pierres brutes qu’on n’emploie à rien, qu’on méprise et qu’on jette au loin. »

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Rappelez-vous la fin de l’Evangile des Béatitudes, que nous avons entendu je jour de la Toussaint : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira mensongèrement contre vous toute sorte de mal à cause de Moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre salaire sera grand dans les cieux. »

Situation particulière de l’Europe chrétienne
Depuis sa fondation en 2006, à l’issue du pèlerinage Vézelay-Kiev, la Route de l’Europe chrétienne a pour objectif de défendre les racines chrétiennes de l’Europe. Pour nous, l’Europe est de civilisation enracinée dans le judéo-christianisme, dans les valeurs humaines et humanitaires. L’Evangile et la Foi chrétienne sont indispensables pour maintenir l’harmonie et la paix. Bâtir un oratoire, organiser une pastorale des rois mages ou un chemin de Croix sont pour nous des moyens privilégiés pour exprimer et répandre notre foi. L’église St Hilaire, maintenant restaurée et consacrée, est un bastion à partir duquel nous exprimerons notre foi.

Rapport financier exercice 2019
Il est d’usage de payer la cotisation à l’occasion de l’assemblée générale. Pour 2020, la cotisation est fixée à 25€. Ne l’oubliez pas, elle est le gage évident de notre action.
Rapport du trésorier Emmanuel Gros:
au 31 octobre 2019:
Livret A 11 539.48€
Compte courant 1 629.78€
Adhérents à jour de cotisation:
2019: 57
2018: 101
2017: 62

Actions menées en 2019
– messe à 8h30 et prière pour la vie tous les derniers samedi du mois à N.D. de Santé, Carpentras
– messe des Saints Innocents le 28 décembre à Chantemerle-les-Blés (Drôme)
– chemin de Croix le Mercredi Saint à St Hilaire
– 16 juillet : N.D. du Mont Carmel à St Hilaire : pèlerinage des paroisses et des familles
– 17 septembre : consécration de l’église St Hilaire par Monseigneur Cattenoz en présence d’une cinquantaine de prêtres du diocèse

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Projets 2020
– 4 janvier : pastorale des rois mages
– chemin de Croix à St Hilaire le Mercredi Saint 6 avril
– pèlerinage à Notre Dame de la Colline le lundi 16 juillet
– messe à Chantemerle-les-Blés le 28 décembre : venez prier et réparer le crime des enfants avortés. Amenez vos amis, le maintien de la paix passe avant tout par une politique familiale et chrétienne
– pèlerinage en Alsace pour le jubilé de saint Odile

Robert Mestelan, Président
Association La Route de l’Europe chrétienne

Voyage-pèlerinage en Italie avec St Michel Archange

MERCREDI 25 SEPTEMBRE 2019
Nous fêtons saint Firmin (4e siècle), évêque et martyr, il convertit au christianisme l’Aquitaine, l’Auvergne et la Picardie et saint Nicolas de Flüe, le patron de la Suisse qui a vécu 20 ans sans manger ni boire.
7h30 du matin, il fait à peine jour dans la cour de l’église du Sacré-cœur à Avignon car il pleut ! La première pluie de l’été. Mais « Pluie du matin n’effraie pas le pèlerin » et nous sommes 40 à partir pour une grande aventure. Ce matin-là, la plupart d’entre nous n’a aucune idée des merveilles que nous allons découvrir les douze jours qui suivent…
Une grande journée de car nous attend car nous remontons la Durance sur la Via Domitia vers Turin.

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Au col de Montgenèvre nous pique-niquons en plein soleil au pied de la pyramide qui commémore le passage d’Hannibal et de Bonaparte. Si le versant français des Alpes briançonnaises est plutôt paillasson, la descente sur Oulx nous montre un paysage verdoyant et luxuriant. Après quelques kilomètres dans la vallée du jeune Pô et à 40km à l’ouest de Turin, nous apercevons très haut et très loin une construction impressionnante sur un pic rocheux. Les photos se multiplient, cette ‘forteresse’ étonne et fascine.

Première surprise de ce pèlerinage : C’est là-haut que nous allons, l’abbaye saint Michel de la Cluse dite en italien La Sacra di San Michele sur le mont Pirchiriano qui culmine à plus de 900m d’altitude.
Une heure de route plus tard, le car nous laisse dans une clairière et nous cheminons plus de 500m sur une crête pour arriver au pied de cet édifice qu’aucun de nous n’arrive à décrire tellement sa masse impressionne. (Umberto Eco s’en inspira pour l’abbaye de son roman « Au nom de la Rose »). Une forteresse romaine qui fait corps avec la roche. Aussi imposant que notre Mont St Michel, mais planté sur la montagne.

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Une roche rousse et grise à l’histoire géologique surprenante car les calschistes qui forment la base du monument viennent du fond des océans et furent propulsées dans les hauteurs avec la poussée des Alpes.

Toujours plus haut, nous arrivons au pied d’une muraille haute comme un immeuble de 10 étages. Toujours plus haut, encore des escaliers… Mais nous essayons de calmer notre fascination pendant la première messe de notre pèlerinage dite par notre fidèle Chanoine Gérard Trauchessec dans une chapelle aménagée près de la billetterie.
Une visite est prévue pour notre groupe. Une guide parlant bien le français nous conduit vers les premières marches. Son discours est ‘new age’ mais c’est la mode. Plus de 30 marches hautes et irrégulières nous conduisent à la porte du sanctuaire. Nous y voici. Mais non.

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Toujours plus haut par un escalier en S d’une trentaine de marches hautes et irrégulières et nous arrivons à la deuxième porte du sanctuaire. Nous y voici. Mais non. Nous passons cette porte symbolique, encore des marches et un palier et puis le spectacle saisissant d’un escalier en une seule volée de 5m de large de plus de 60 marches hautes et irrégulières. Les murs le cantonnant sont immenses et creusés de niches où jadis les dépouilles des moines étaient exposées, se desséchant dans l’air d’altitude. Nous sommes dans ‘l’Escalier de la Mort’. Les dépouilles étaient là pour rappeler le premier et l’ultime état de notre corps d’humain. Le pèlerin médite sur chaque marche, le regard fixé sur la porte du haut qui montre la lumière. Toujours plus haut, le visage tendu vers la lumière qui n’est pas seulement celle du jour. Surtout ne pas se retourner car derrière soi est le sombre enfer et le dénivelé abrupt des marches immenses donnent le vertige et peuvent faire chuter.
Passée ‘la porte du zodiaque’ aux sculptures parlantes aux anciens par des mélusines et autres animaux fantastiques, l’âme du pèlerin est lavée par la contrition et l’effort de son corps. Il peut enfin jouir du jour sur une terrasse et se sentir près des cieux.
Toujours plus haut, encore une volée d’escalier de plus de 30 marches hautes et irrégulières. Le pèlerin dont l’âme a revêtu le vêtement blanc peut enfin accéder aux plateformes hautes et à la porte de l’église.
Nous voici enfin dans le cœur même du sanctuaire à 960 m d’altitude. Une église du XIIe siècle simple mais portant la puissance spirituelle des constructeurs qui y ont accompli une prouesse architecturale. L’abside de l’abbatiale repose sur le vide de l’escalier de la Mort dont les murs sont le soutient de l’édifice supérieur.
En 1836, le fond de la nef devint la nécropole des rois du Piémont ayant régné jusqu’au 19e siècle.

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Jadis, des bâtiments conventuels s’accrochaient sur la montagne au nord de l’abbatiale. Des destructions aux origines diverses additionnées de tremblements de terre, ont partiellement détruit ces édifices. Les travaux de soutènement modernes sont à la démesure des ruines colossales restantes. A la porte nord de l’abbatiale, une terrasse en nid d’aigle nous offre une vue ‘d’aigle’ sur toute la région. A l’occident, le soleil se fond sur les montagnes de France. A l’orient, la plaine du Pô s’élargit sous le voile de pollution de Turin. En bas le monde lilliputien des hommes. Ici, des hommes de Dieu ont bâti l’impossible pour la gloire et sous le regard de l’archange Saint Michel.

Nous descendons de la montagne en passant par des banlieues cossues de Turin. Des kilomètres de belles villas au milieu de parcs et jardins à la végétation luxuriante. Il fait déjà nuit quand nous arrivons à notre hôtel de la banlieue sud-est de Turin. Au restaurant le début d’une longue série de pasta-poglio/vitello-patatine et une chambre confortable. La journée était longue mais c’était si beau !

JEUDI 26 SEPTEMBRE 2019
Nous fêtons Saint Côme et Saint Damien, (3e siècle) frères, médecins et martyrs en Syrie.
Il fait encore nuit quand nous partons pour un trajet de 700 Km. Cap sur le sud-est, d’où l’emplacement judicieux de l’hôtel. Nous longeons la colline de la Basilique de Superga, nécropole des derniers rois du Piémont.
Direction Bologne. L’autoroute suit l’interminable et plate vallée du Pô. Quatre heures de circulation dense. Nous arrivons dans la région de Bologne pour le déjeuner. Claudia nous a trouvé un restaurant d’entreprise ouvert à tous les publics dans la banlieue sud de la ville. L’enseigne est prometteuse, Tuttogusto ! La nourriture est bonne et variée, les pèlerins essaient leur italien, le personnel essaie son français. Des grands sourires de part et d’autre. En prime, Un verre de ‘Spumante’ pour ceux qui aiment.
Après Bologne, nous repartons vers le grand sud et longeons la côte Adriatique. La végétation change ainsi que le style des maisons. En fin d’après-midi, nous arrivons dans les Marches dont la capitale est Ancone que nous dépassons et distinguons bientôt la ville de Loretto sur la hauteur d’une colline. Nous prenons nos quartiers dans la communauté religieuse des Scalabriniens fondée par le bienheureux Monseigneur Jean Baptiste Scalabrini. Au loin à l’est, la mer Adriatique, au-dessus de nous, la basilique de Loretto et son trésor.
Le trésor de Loretto est ‘la maison de la Vierge’ ou Casa Santa, transportée au XIIIe siècle par les anges à l’arrivée des musulmans sur les lieux saints.

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Trois pans de murs de pierres qui, analysées par les scientifiques démontrent qu’elles proviennent de Nazareth. Dans la basilique de Nazareth, on peut voir le fond de la maison qui est une grotte. Ici, c’est la petite maison bâtie de 3m x 5m qui a été transportée. Seules les pierres du bas sont de Nazareth. Le haut des murs en briques reforment le volume ainsi que l’autel qui remplace le fond de la grotte. Il apparait que le dessin stéréotomique de l’arrachement de l’une correspond exactement à l’autre.

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Elle fut d’abord transportée sur la côte Dalmate, puis une nuit de décembre 1294, elle fut transportée en face, de l’autre côté de l’Adriatrique. Pendant longtemps, il était clair que la Maison de Marie était arrivée par les anges, le marbre de Bramante en témoigne sans l’ombre d’un doute. Puis, avec le harcèlement incessant des protestants, on finit par ne plus en parler et même, par inventer une histoire à dormir debout…

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Une statue de la Vierge couronnée et de l’enfant jésus était miraculeusement apparue dans la maison. D’où la dévotion mariale qui ne s’est jamais démentie. Notre Dame de Lorette est une ‘vierge noire’. Elle est la patronne des voyageurs aériens et des aviateurs.

De même qu’à Assise, la chapelle de La Portioncula construite par St François est protégée par le dôme d’une immense église, ici, la Casa Santa est sous le dôme richement décoré d’une église baroque. La maison est enchâssée dans un mausolée de marbre blanc dessiné par le Bramante. Les sculptures en haut relief qui courent tout autour de l’édifice sont une pure merveille.

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Dans les chapelles rayonnantes dédiées à plusieurs nations se trouve la chapelle Saint Louis des Français qui, toute humilité mise à part est la plus finement et élégamment décorée de peintures représentant notre Roi Saint Louis. C’est ici que nous devrions assister à notre deuxième sainte messe de pèlerinage. Claudia et notre fidèle chanoine apprennent à leurs dépens que dans ce diocèse, Saint Pie V est relégué aux oubliettes et c’est donc dans une chapelle souterraine que nous nous rassemblons.
Dehors, Dans la lumière somptueuse du soleil couchant la Piazza de la Madonna aux arcades majestueuses a des allures de palais. Il fait doux, Nous contemplons encore la beauté du site et nous rentrons pour le diner et un repos bien mérité. La journée était longue mais tout était très beau.

VENDREDI 27 SEPTEMBRE 2019
Vous fêtons St Vincent de Paul, (17e siècle) un de nos grands saints Français.
Nous repartons toujours plus au sud pour un ‘petit’ trajet de car de 100km et arrivons à Manoppello, petite ville située sur une colline. Les chats du sanctuaire nous accueillent.
Un grand nombre de pèlerins ne savent pas ce qui les attend à Manoppello et le ‘Volto Santo’ n’est qu’un mot en italien…
Le site paraît banal. Dans la petite église très simple tenue par les franciscains, un groupe de pèlerins polonais officient. Ici aussi, Saint Pie V fait peur et nous assistons à notre troisième sainte messe dans une chapelle attenante. Une belle consolation nous attend en la présence d’une reproduction du Christ de San Damiano. Le Christ admirable qui s’anima pour celui qui deviendrait Saint François d’Assise.
En attendant que les polonais terminent leur office, nous entrons dans le magasin de l’église. Les néophytes, les ignorants s’étonnent du Volto Santo reproduit à volonté sur tous les supports possibles. Serait-ce le visage du Christ ? Sont-ils étonnés, sont-ils… déçus ? La comparaison avec le visage du linceul de Turin est inévitable.
Patience, le temps fait son œuvre.
Dans la nef, la relique située très haut au-dessus de l’autel ne montre rien qu’une tache blanche qui joue avec la lumière des vitraux. Il faut monter derrière l’autel pour regarder la châsse de plus près et là… le choc.

Le Volto Santo ou ‘Sainte Face’ serait le ‘voile de Véronique ‘ (d’autres disent le mandylion soigneusement roulé à part du linceul comme nous le rapporte l’Evangéliste, mais il serait plutôt à Oviedo en Espagne). Longtemps montré à Rome Il serait arrivé à Manoppello au XVIe siècle après le sac de Rome et ‘sauvé’ –ou pris- par un militaire qui avait des attaches dans cette partie d’Italie.
Longtemps traité comme un linge de lin extrêmement fin, il s’avère que c’est un tissage de soie de mer ou Byssus, un fil concrété par un mollusque avec lequel il s’attache aux rochers. Très fin et inégal, très résistant, soyeux et transparent, cette matière était connue aux temps anciens et synonyme de munificence. Dans la parabole du pauvre Lazare et de l’homme riche qui meurent la même nuit, le texte araméen dit que ce dernier était vêtu de pourpre et de byssus. Les contemporains de Jésus comprenaient parfaitement le message. Le riche était riche à millions ce qui aggrave son cas envers le pauvre Lazare.

Le Volto Santo est le visage du Christ en couleur. La transparence et le soyeux irisé du voile donnent une troisième dimension qu’aucune reproduction photographique ne peut saisir.
Le visage d’un homme vivant, les yeux ouverts, dont les lèvres entre-ouvertes s’animent pour parler.
Des scientifiques ont relevé 12 points spécifiques du visage qui correspondent exactement à celui du linceul de Turin. Le même mystère sur la nature de l’impression. Sur le linceul, la figure hiératique de la mort donne au Christ sa majesté et sa grandeur. Mais ici, c’est le Christ vivant, qui nous apparait…

Ecce Homo. Voici le visage de l’Homme martyrisé et déformé par les hommes.
Le regard transparent qui se fixe sur chaque humain de passage est d’une mansuétude infinie qu’aucun mot humain ne peut décrire. La bouche semble dire doucement : La paix soit avec vous. Elle ne parle pas à nos oreilles qui n’entendent que le bruit du monde.
Chaque seconde de face à face avale 2000ans. Le temps n’existe plus. Le ‘monde’ n’existe plus.
Le Volto Santo est une leçon de contemplation pure. Ici, toutes les prières des hommes et les chapelets sont poussière. Chaque pèlerin est un Samuel qui n’a qu’une phrase à dire : Parle, Eternel, car Ton serviteur T’écoute.

Nous sortons dans le soleil de midi sous un ciel azzuro. Avons-nous bien compris ce que nous venons de voir ?
Patience, le temps fait son œuvre.
Nous piqueniquons à l’ombre de la terrasse d’un café fermé dont nous utilisons généreusement tables et chaises.
Des chats du sanctuaire viennent humer nos victuailles. Pas assez intéressant…

Nous repartons pour un autre petit trajet. Les Abruzzes se montrent et nous rejoignons une autre ville ancienne sur les hauteurs d’une autre colline : Lanciano.
Un grand nombre de pèlerins ne savent pas ce qui les attend à Lanciano.
Au VIIe siècle, un prêtre célébrant la sainte messe eût un moment de doute sur la présence réelle du Christ sous les deux espèces. L’hostie se transforma immédiatement en chair et le vin en sang.
Le miracle est depuis lors vénéré à Lanciano. Il est maintenant présenté dans l’église St François au centre de la ville.

En 1970 des examens scientifiques furent entrepris pour vérifier la véracité du miracle. Les conclusions ne laissaient aucun doute sur la nature de la chair, une coupe de tissus de myocarde humain frais sans élément de conservation et pour le sang, du sang humain frais sans élément de conservation. Les deux du groupe sanguin AB.
En 1973 l’OMS/ONU s’intéressa à ces résultats et demanda une nouvelle étude qui dura 15 mois. Les conclusions furent les mêmes avec les mêmes interrogations sur l’incompréhensible absence totale de décomposition après treize siècles d’existence. Les scientifiques reconnaissaient, non le miracle mais les limites de la science aussi repoussées soient-elles.

Nous entrons dans la petite église de St François. Les saintes reliques sont exposées au-dessus de l’autel dans un magnifique travail d’orfèvrerie. Un groupe de femmes, visiblement du lointain Est, chante avec ferveur une mélopée en Russe. Nous les rencontrerons plus tard avec leur pope. Elles viennent de Sibérie ! Oui, on vient de très loin pour contempler ce miracle.
Pour les pèlerins convaincus, toute future adoration de l’hostie sera superposée de l’hostie de Lanciano. Pour les autres…
Patience, le temps fait son œuvre.

Nous repartons en laissant à regret la jolie ville de Lanciano sous le beau soleil d’après-midi. Nous continuons toujours plus au Sud. Le paysage change encore, les Abruzzes s’éloignent et nous apercevons sur notre gauche le Promontorio di Gargano, l’ergo de la botte italienne, le nord des Pouilles. La plaine plate se transforme en mer de vignes et d’oliviers. Nous montons dans la montagne pour arriver en fin d’après-midi à San Giovanni Rotondo à flanc de montagne dominant la rive sud du promontoire. Devant nous, très loin, le Sud, une autre mer d’oliviers et la mer Adriatique.
Nous posons nos valises pour trois nuits à la Domus Franciscana ‘l’Approdo’ (le havre) un refuge de luxe pour pèlerins coincé entre une maison pour handicapés moteurs et une maison de soins de suite. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans le pays du Padre Pio…

SAMEDI 28 SEPTEMBRE 2019
Nous fêtons la Saint Wenceslas (10e siècle) Duc de Bohème et martyr.
Nous sommes à San Giovanni Rotondo. Jadis, un hameau plutôt qu’un village, dont le nom ne figurait sur aucune carte. Un lieu au milieu de nulle part à flanc d’une colline aride où tout était maigre et pauvre, bêtes et gens.

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C’est dans ce village qu’arriva le 4 septembre 1916 Francesco Forgiono. Entré dans l’ordre des Capucins en 1903. Il y prit le nom de Pio en hommage du Pape Pie V.
Padre Pio est né en 1887 à Pietrelcina en Campanie dans une famille très pauvre et pieuse. Sa vie entière est une aventure avec le Christ dans les plus grandes joies et les plus grandes souffrances. Padre Pio est un contemporain puisque mort le 23 septembre 1968 après exactement 50 ans de stigmates. On a beaucoup écrit sur Padre Pio, il fut abondamment photographié et filmé.

A San Giovanni Rotondo, San Pio, comme l’appellent les Italiens, a transformé la montagne.
Dans la région la plus pauvre d’Italie, il a transformé la bourgade en l’une des villes les plus riches du pays. Son grand œuvre visible est incontestablement l’hôpital, ‘la Casa Sollievo della Sofferenza’. Le titre lui-même résume l’œuvre du saint, ‘La maison du soulagement de la souffrance’.
Padre Pio connait la souffrance sous toutes ses formes, celle du Christ, la sienne, par une santé déficiente depuis toujours et celle physique et morale des hommes et des femmes qui viennent se confesser à lui.
Padre Pio voulut le plus beau et le meilleur pour le peuple des petits. Les meilleurs médecins furent accueillis dans un hôpital à l’architecture moderne et aux murs parementés de marbre. Aujourd’hui, l’hôpital monumental ouvert en 1944 a plus que doublé en superficie. La ville entière est devenue une université de médecine avec toutes les spécialités et leurs centres de recherches.

Nous consacrons notre journée à la visite du couvent des capucins où vécut Padre Pio. Ici, tout est conservé en l’état à sa mort; conservé à la manière italienne. Le moindre morceau de tissus, de pansement qui a touché son corps est scrupuleusement conservé, répertorié, numéroté, montré… Nous voyons tous les ornements liturgiques portés, les vases sacrés dont il s’est servi. Nous passons devant la cellule où il s’éteignit en 1968, les cellules de ses compagnons, une salle où un pan de mur est couvert de centaines de lettres, représentant une seule année de correspondance reçue… Visite émouvante dans ces logements d’une grande simplicité, au mobilier hétéroclite, à la limite du dénuement, à l’image de la vêture des capucins et de leurs vœux de pauvreté.
Dans une crypte, le premier tombeau de Padre Pio -simple et digne- où il n’est plus car transféré plus loin … plus vaste, plus beau, plus riche …

L’église Sainte Marie des Grâces église attenante à la chapelle du couvent est devenue trop petite pour les foules de pèlerins toujours plus nombreux par milliers. Une vaste basilique en forme de conque, 2e en taille après le Duomo de Milan, œuvre de l’architecte Renzo Piano fut inaugurée en 2004. Une chapelle inférieure abrite la châsse en cristal de l’artiste Goudji où repose dorénavant le corps de Padre Pio en ostension permanente.
Cet homme qui ne vivait que dans la pauvreté, l’abnégation et la souffrance est maintenant dans une vaste crypte sous le scintillement doré d’une décoration en mosaïque de personnages de grands formats imaginées par le père jésuite Marko Ivan Rupnik. Son graphisme particulier connu du monde entier, car choisi pour l’année de la Miséricorde en 2015, est ici omniprésent et envahissant. Ces êtres aux yeux ronds immenses et noirs où l’on cherche le plein dans le vide -ou l’inverse- sont à l’opposé des prunelles noires ardentes de saint Padre Pio où se reflétait l’ange gardien de ses visiteurs.

Nous visitons également l’hôpital avec une guide dont le père vint à San Giovanni Rotondo pour vivre au plus près de Padre Pio. La première chapelle étant devenue trop petite, une deuxième vaste et claire fut construite. Le confort du lieu, la noblesse des matériaux, la majesté des escaliers et des couloirs furent la volonté du saint.
La pérennité de son œuvre (qui reste toujours du domaine privé) et son développement incontesté démontrent la volonté profonde et inspirée de son initiateur.

L’évêque Karol Wojtyla vint rencontrer Padre Pio qui lui prédit qu’il serait un jour pape. Padre Pio fut canonisé en 2002 par Saint Jean Paul II sous le nom de San Pio de Pietrelcina.

Nous retournons à l’Approdo pour la sainte messe de notre 4e jour de pèlerinage dans la chapelle de la Domus Franciscana.
Une journée bien remplie toute occupée de la vie d’un être exceptionnel et si proche de nous. Seigneur, je T’écoute, Que me veux-Tu ? Le Seigneur lui a beaucoup demandé, Saint Pio a tout donné.

DIMANCHE 29 SEPTEMBRE 2019
Nous fêtons Saint Michel Archange
Bravo à Claudia qui a tout organisé pour que nous soyons au Monte San Angelo le jour de la St Michel. Robert nous a demandé de mettre nos vêtements du dimanche.
Une heure de route dans la montagne et nous voici au sommet du Monte Gargano à 796m d’altitude. Ici, l’archange apparut en 490 et réapparut à plusieurs reprises. Le culte à San Michele est vivant depuis lors.

Le 29 septembre est la grande fête de Monte San Angelo comme la St Michel l’était jadis dans nos villes et villages. En témoignent les foires, le temps des comptes à la fin des récoltes avant le basculement vers l’automne, les rencontres, les accordailles… Toute la vie des hommes sous la protection de l’archange armé.

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Nous arrivons de grand matin, le soleil est à peine levé. Les marchands de toutes sortes ouvrent des étals de fromages, de guirlandes de piments, de plaques de morues séchées, de chapelets et de statues de L’Ange et autres artefacts et les inévitables vrais-faux sacs de marques.
Nous longeons le château des rois Normands du XIe siècle et descendons vers le sanctuaire où la foule se presse déjà. Nous descendons quatre bons étages dans le rocher pour arriver dans une immense grotte où le curé de San Angelo commence la messe dominicale. Notre groupe est dirigé vers le fond près de l’autel… Nous devons rester jusqu’à la fin. La ferveur des autochtones est palpable. Le curé du sanctuaire, jeune et dynamique parle fort et d’après ce que l’on comprend de son homélie, n’hésite pas à admonester ses ouailles. Nous remontons sur le toit terrasse de la grotte pour une photo souvenir. Le paysage est grandiose sous un ciel parfaitement bleu.

Nous reprenons notre car pour descendre au pied du mont qui au sud tombe presque à pic vers la mer par une route en lacets vertigineux façon ‘échelles de Kotor’. Il faut tout le métier de notre chauffeur Philippe qui avec calme et prudence manie son grand car et nous évite ‘un saut de l’ange’ qui serait fatal.
En bas la rive plate devenue une mer d’oliviers nous conduit à la ville de Manfredonia. Nous nous arrêtons à la basilique de Siponto, jadis lieu d’une bataille gagnée par les locaux grâce à l’intervention de St Michel. La basilique de Siponto est une beauté architecturale de l’art roman des Pouilles construite sur un plan carré, dans un magnifique calcaire blond, presque blanc qui scintille au soleil. La base est romaine. Dans le chœur, une très belle vierge couronnée à l’enfant, Marie de Siponto.
A l’est de cet édifice, un chantier archéologique fait ressortir l’ombre d’une basilique paléochrétienne reconstruite en 3D grâce à un fin treillis métallique. Très original.
Ce site est très beau et calme sous le soleil de midi. Nous pensions pouvoir dire notre sainte messe du jour mais le gardien nous l’interdit à l’intérieur et à l’extérieur. Sur ces entre-faits, nous voyons des Italiens habillés sur leur 31 et très hauts talons arriver en nombre. Y aurait-il une fête ou une cérémonie locale ?
La chapelle de l’Approdo nous accueillera ce soir.

Nous rejoignons le centre de la ville de Manfredonia, lieu de villégiature au bord de la mer. Nous déjeunons dans une trattoria au personnel charmant et accueillant. Un coup d’œil à la mer et nous remontons les 700m de dénivelé et retrouvons le Monte San Angelo qui domine le promontoire. La foule est dense dans les rues. Notre groupe de pèlerins est guidé par nos Chevaliers de l’ordre de Saint Michel en lourde cape noire et sautoir aux armes de St Michel, notre chanoine est en grand habit de chapelain des Compagnons de St Michel, la bannière de St Michel est déployée ainsi que le drapeau tricolore et celui de la Route de l’Europe Chrétienne.

Nous nous rendons en procession jusqu’à la cour du sanctuaire où nous sommes bientôt rejoints par un groupe de chevaliers de St Michel italiens en grande cape blanche légère et virevoltante et grosse épée de théâtre au côté… Grand contraste avec la sobriété de nos chevaliers français qui ne sont pas armés.

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ous attendons… Nous attendons quoi ? Que les messes qui se succèdent dans la grotte se terminent et libèrent la statue de l’archange qui sera portée en gloire lors de la procession qui doit commencer à 17h. Pour l’heure, des pèlerins polonais occupent l’espace. Nous sommes spectateurs de la légendaire organisation désorganisée italienne où le chaos est permanent mais s’ouvre par miracle au dernier moment… Il est 16h lorsque des enfants de tous âges déguisés en archange avec cuirasse dorée à la romaine arrivent dans la cour propulsés par les mammas au verbe haut…
De la grotte sort, par une sono fortissssimo, une mélopée à St Michel dont les sons orientaux remontent du fond des âges.
Il est près de 17h lorsque qu’arrivent les autorités locales en costume cravate. Ici Saint Michel est le citoyen d’honneur, le grand personnage, celui qui assure la prospérité de la ville. La procession peut commencer, des enfants de chœur essaient de fendre la foule. Nous sommes le deuxième groupe et le drapeau français nous assure des sourires et quelques Vive la France.

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Nous traversons tous les quartiers des plus humbles aux plus cossus. Des maisons de pêcheurs, sortes de cases à un étage serrées les unes contre les autres comme des moineaux sur une branche, aux palais du 17e siècle et suivants. Les rues pavées suivent les pentes très irrégulières de la montagne et il faut avoir le pied sûr pour descendre normalement certaines portions du parcours. Nous passons devant chaque église dont les portes sont grandes ouvertes. M. le curé nous salue et fait sonner les cloches au passage de la procession.

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La procession est sonorisée fortissssimo tous les 10m et nous apprenons par cœur le refrain :
San Michele Archangelo, con la tua luce illuminaci, con les tue ali proteggici, con la tua spada difendici.
Saint Michel Archange, par ta lumière éclaire nous, par tes ailes protège nous, par ton épée défend nous.
Qu’il est agréable de vivre une procession dans une ville où la religion n’est pas cantonnée au minimum.
Ici, l’Archange St Michel est le maître incontesté et fêté.
Comme la procession doit continuer jusqu’à la nuit, nous la quittons pour retourner à l’Approdo. Nous remontons les rues de la ville. La fête va continuer toute la soirée et la nuit. Les rues sont noires de monde, une atmosphère bon- enfant règne partout. Nous sommes très fatigués car nous sommes debout depuis longtemps.

La chapelle de l’Approdo nous attend pour notre sainte messe. Aujourd’hui est un jour particulier, ce sera la messe des anges, messe chantée.
Il est déjà tard lorsque nous arrivons. La fatigue se lit sur tous les visages. Mais, il suffit d’entonner Gloria in excelcis Deo pour que les bienfaits du chant grégorien opèrent. Cette musique sur une seule octave, calée sur la respiration humaine peut se chanter sans effort des heures durant. Elle respecte le souffle humain et calme le corps et l’esprit. Nous nous remettons de notre fatigue en chantant les grandes prières si belles et si peu entendues dans nos églises. Gloria, Credo, Sanctus…
Merci Monsieur le Chanoine pour ces moments bénis où le pèlerin se sent pousser des ailes…

Le personnel du restaurant nous attend avec patience bien au-delà de ses heures habituelles. La soirée se termine car nous bouclons de nouveau nos valises et départ demain à la première heure.

LUNDI 30 septembre 2019
Nous fêtons St Jérôme, confesseur et docteur qui a traduit les Livres Saints en latin
Nous amorçons notre retour en remontant vers les Abruzzes et roulons dans une vallée nous conduisant vers le mythique Monte Cassino, grand épisode de la seconde guerre mondiale. Les montagnes sont boisées et la nature sauvage. Comme toujours en Italie, les villages anciens sont perchés, souvent fortifiés, des vigies sur les sommets. Il faut se rappeler les siècles d’invasion des barbaresques et les luttes intestines entre les grandes villes italiennes.

Nous arrivons en fin de matinée au cimetière français de Venafro.
Ici sont enterrés les soldats qui sont tombés sous le drapeau Français lors de cette grande bataille, en particulier le Corps Expédionnaire Français commandé par le Général Juin. Des soldats chrétiens, musulmans, israélites, agnostiques. Un enclos avec un petit minaret rassemble les tombes musulmanes.

A l’entrée, sur la pierre commémorative, on lit entre autres
…« Au nombre de 15000 en décembre 1943. 113000 en mai 1944. Les troupes françaises ont déploré 6517 tués. 2000 disparus et 28508 blessés. Le cimetière de Venafro regroupe les soldats morts lors des combats pour la prise de la ‘ligne Gustav’ y compris décédés dans les hôpitaux de Naples précédemment enterrés à Miano soit 4922 sépultures. »
« Passant, songe que ta liberté a été payée de leur sang. »

La science militaire, l’intelligence de son commandement et le courage de ses hommes valent au Général Juin une reconnaissance unanime de tous les généraux et en premier, des généraux allemands.
Nous devons aussi nous rappeler le lourd tribut payé par les hommes de la 4e Division Marocaine de Montagne qui, avec leurs mules (leurs brèles) contribuèrent à la victoire par la conquête de versants montagneux pratiquement infranchissables.

La chapelle au centre du cimetière est ouverte pour notre sainte messe. La chapelle au décor sobre est assez grande pour notre groupe. Nos pensées et nos prières sont pour ces milliers de soldats qui nous entourent. Plusieurs pèlerins racontent au groupe qu’ils ont un père, un oncle, un cousin qui s’est battu au Mont Cassin. Certains y ont été blessés, certains n’en sont pas revenus.
Robert signe le livre d’or du cimetière au nom de l’Association de la Route de l’Europe Chrétienne.

Nous quittons le cimetière sous le soleil de midi et nous dirigeons vers la ville de Venafro pour le déjeuner.
Claudia et Robert nous ont réservé une surprise suite à une belle rencontre qu’ils firent lors d’une de leurs pérégrinations St Michel.
Alors qu’ils cheminaient avec le sac à dos dans la vallée de Venafro, un autochtone arrêta sa voiture et engagea la conversation. Il leur donna son adresse en les invitant pour le gîte et le couvert à son domicile.
Le domicile en question est le ‘Palazzo del Prete’, un palais du 19e siècle au centre de la ville.

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Aujourd’hui, sa veuve la Contessa Dorotea habite toujours le palais et l’ouvre à diverses manifestations artistiques et pour des chambres d’hôtes. Après avoir visité les salons du ‘piano nobile’, nous déjeunons dans une salle voutée et fraîche au rez de chaussée, déjeuner arrosé de vin de Molise, La région de Venafro. Merci Dorotea pour votre accueil si sympathique dans votre belle demeure.

Nous reprenons la route vers la ville de Cassino. Le mont éponyme la domine à 516m d’altitude. Nous montons à l’assaut de la montagne et nous arrêtons au pied du monastère. Telle une forteresse en quadrilatère de 100m x 200m de façade, l’abbaye couvre la totalité du mont. Le 15 février 1944, elle fut entièrement détruite par les bombardements alliés. Il fallut 10 ans pour la reconstruire à l’identique y compris toutes les décorations intérieures.
‘Où c’était, tel que c’était’. Telle fut la devise de la reconstruction.

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Le Mont Cassin est utilisé depuis des temps très anciens. Lieu cultuel bien avant l’ère chrétienne, forteresse romaine, lieu cultuel romain. Le premier monastère fut fondé par St Benoit en 529. Depuis lors, et traversant toutes les vicissitudes au cours des 15 derniers siècles, le monastère détruit et reconstruit tant de fois du Mont Cassin s’est forgé une renommée dans toute la chrétienté pour ses richesses et les trésors de ses bibliothèques.

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Nous entrons au niveau de la partie la plus ancienne et traversons 3 niveaux de cours dont la centrale est doublée d’un cloître dessiné par le Bramante en 1595. Ce dernier donne à l’austérité des hauts murs percés de fenêtres une allure de palais. A l’ouest du cloître, une élégante galerie ‘la galerie du paradis’ s’ouvre sur la vallée conduisant vers Rome. Elle domine une colline avoisinante où repose maintenant le cimetière des 1000 soldats polonais tombés ici à Monte Cassino. A l’est une montée monumentale vers la basilique dont l’escalier est cantonné par deux grandes statues baroques, Saint Benoit et sa sœur Sainte Scholastique.

Mais pourquoi la bataille de Monte Cassino ?
La géographie parle d’elle-même. Le mont est une vigie plantée à la croisée de grandes vallées disposées en rose des vents. Qui domine le Monte Cassino, domine les routes en particulier la route vers Rome.
Le pilonnage du monastère fut une erreur stratégique car les allemands n’occupèrent jamais les lieux du temps des moines. Erreur qui ne fit que prolonger la lutte et couta la vie à des milliers d’hommes, soldats et civils. Les trésors du monastère furent sauvés et mis en lieux sûrs aux frais de l’armée allemande, grâce à l’initiative d’un officier allemand, un chrétien sans doute, qui pensa que le trésor inestimable de ces hommes de Dieu ne devait pas pâtir de la folie des hommes qui avaient oublié Dieu.

Nous redescendons dans la belle lumière de fin d’après-midi, les prunelles pleines de ces paysages empreints de tant d’Histoire…
Notre histoire de pèlerins continue car la voie est libre vers Rome. Nous logeons chez les Carmes du quartier de Ciampino au sud-ouest de Rome.

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MARDI 1er OCTOBRE 2019
Nous fêtons St Rémi. Premier mardi du moi : messe en l’honneur de St Michel et pour la sécurité, la prospérité et le salut de la France
Nous partons avant l’aube pour éviter les embouteillages légendaires de Rome. Notre chauffeur expérimenté semble connaître tous les chemins qui mènent à Rome car nous arrivons rapidement sur la Via Appia Antiqua et bientôt nous nous engouffrons dans l’énorme tunnel du mont Janicule devenu un cloaqua maxima pour tous les cars de tourisme entrant dans Rome. Un ‘vomitorium’ conduit les piétons directement sur la place St Pierre.
Nous avons l’honneur d’assister à notre sainte messe de ce jour à l’autel St Michel dans St Pierre de Rome. Les premiers rayons du soleil tombent sur la façade de St Pierre. La lumière est magnifique et les touristes sont peu nombreux à cette heure matinale. St Pierre est presque vide sauf une demi-douzaine de groupes qui eux aussi ont réservé une chapelle.
Nous cherchons la chapelle dédiée à St Michel qui se trouve derrière le baldaquin à droite. Le chœur de la plus grande basilique du monde est à nous seuls ou presque ! Qui peut s’empêcher de regarder tant de splendeurs et dire comme Charles-Quint à Chambord : ‘Je vois ici le résumé de l’industrie humaine’.

La journée est chargée et nous sortons rapidement en jetant un coup d’œil sur la pietà de Michel Ange –pour ceux qui savent où elle est ou qui s’y intéressent. Nous longeons les colonnades et marchons le long de la Via della Conciliazione jusqu’au château St Ange. Pourquoi St Ange, parce que l’archange Saint Michel.

Le Château St Ange est d’abord une construction romaine, massive et méthodiquement construite à la romaine. Nous franchissons la première enceinte derrière laquelle se dresse la forteresse qui fut jadis bâtie pour être le mausolée de l’empereur Hadrien. D’escaliers en coursives extérieures et intérieures, nous passons par la rampe des romains, la tour où sont les cendres de Caracalla et d’Hadrien pour atteindre le premier chemin de ronde avec vue sur Rome. Un café des hauteurs agréablement végétalisé et judicieusement placé offre une vision idyllique sur la basilique St Pierre entre Janicule et Cité vaticane. LA vue à peindre… Ma, non è possibile, foto presto, espresso non troppo ristretto ma subito bevuto… car nous avons rendez-vous tout en haut sur la terrasse du donjon.
Au sommet du donjon, une vaste terrasse offre une vision à 360° sur la ville éternelle. Dominant le donjon, une immense statue en bronze de l’archange St Michel qui, toutes ailes déployées, revêtu de l’armure romaine, dans un geste d’auguste imperator rengaine son épée.
C’est ainsi que le pape Grégoire 1er en eut la vision le 26 mars 590 lors de la grande peste qui sévissait à Rome. Par ce geste, l’archange signifiait au Pape que la peste n’était plus, suite aux pénitences qu’il avait imposées au peuple de Rome pour faire cesser l’épidémie. Puis, la foule sur le pont entendait les chœurs angéliques chanter : « Regina caeli laetare, alleluia. Quia quae meruisti portare, alleluia. Resurrexit sicut dixit, alleluia ! » et le pape saint Grégoire le Grand d’ajouter « ora pro nobis Deum, alleluia ! »

‘Saint Archange Saint Michel, par ta lumière éclaire nous, par tes ailes protège nous, par ton épée défend nous.’

Nous restons un bon moment pour chanter les litanies à St Michel. La statue est si imposante que nous sentons que sous l’ombre protectrice de ses ailes, nous sommes dorénavant reliés à tous les sanctuaires de St Michel.
Nous sommes si bien là-haut. Quelques nuages noirs se profilent à l’horizon, juste pour donner plus de vigueur au spectacle fascinant que nous offre cette vue inoubliable sur Rome.
Nous redescendons par l’intérieur du château et les aménagements opérés par quelques papes au fil des siècles dont la fameuse loggia qui donne une vue imprenable sur le pont des Anges. De nouveau des escaliers, des passages des galeries, des salles occupées par une exposition des bijoux Bulgari que nous traversons ‘con velocità’ car notre déjeuner nous attend dans une Domus Franciscana un peu plus loin sur les bords du Tibre.
Nous passons d’abord sur le Pont des Anges dont chacun porte un instrument de la Passion de Christ. Chaque statue aux envolées baroques est d’une beauté à couper le souffle.
‘Touristes, arrêtez-vous et regardez la véritable signification de ces merveilles !’
Nous entonnons un chant à l’adresse de St Michel qui là-haut nous regarde et veille sur nous.

Une promenade sur les bords du Tibre jusque chez les Franciscains qui proposent gîte et couvert aux touristes et pèlerins à Rome. Nous nous arrêtons quelques instants dans leur belle chapelle. Nous retournons à notre car par le même chemin et roulons vers l’église St Paul hors les murs.

Nous nous dirigeons directement vers la chapelle gauche du chœur pour prier devant le très beau Christ en croix qui s’adressa à Ste Brigitte (14e siècle). Il lui dicta ses oraisons.
St Paul hors les murs est une magnifique église baroque qui abrite le tombeau de St Paul. Nous descendons dans la crypte ouverte devant le maitre autel.
Une frise de la partie haute de la nef est décorée des portraits de tous les papes. A l’extérieur, un cloître décoré, à la mesure de l’église. Devant la façade, une colonnade majestueuse et une belle statue de St Paul.
Et à côté un magasin de souvenirs et un café qui vend des gelati. Nos pèlerins y arrivent un à un et bientôt le groupe s’y retrouve au complet. En cette fin d’après-midi d’été, les gelati ont un effet contaminant…

Nous rentrons dans notre carmel, par les embouteillages côté sortie. La belle lumière s’accroche au paysage si italien des pins parasols pointés d’ifs qui défilent au travers des vitres du car.

MERCREDI 2 OCTOBRE 2019
Nous fêtons nos saints anges gardiens
Nous quittons Rome et remontons vers la ville ancienne de Lucca. De belles fortifications nous accueillent et nous commençons notre visite par le déjeuner dans une pizzeria que semble connaître Claudia. Il y a pizzeria et pizzeria ! Celle-ci est une vraie qui sert la pizza al forno. De la vraie pâte à pizza, de la vraie tomate, du vrai fromage fondu…. Que du vrai en abondance, du parfum de vraie pizza et du vin italien. L’ambiance est festive, nos pèlerins se régalent…
Ils se régalent tellement que le temps devient très court pour la suite de la visite. Il faut courir vers le centre de cette ville ancienne et si belle, deviner le chemin dans le dédale de ces rues bordées de hautes façades du 12esiècle et suivants, flanquées de tours dominantes. Prego, Dove la basilica San Michele ?… La basilique dont le sommet de la façade porte une grande statue de St Michel. Dévotions devant le porche et pas le temps d’entrer. Dommage. Certains y voleront quand même une photo. Pour les autres, il y a le net…

Nous reprenons la route car nous avons encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à notre dernière étape de Bobbio, petite ville dans les montagnes au nord-est de Gènes.
Notre hôtel nous attend avec de la ‘combinazione’ qui complique l’existence de nos organisateurs et retarde la distribution des chambres. Certains sont beaucoup mieux logés que d’autres. Une consolation au petit déjeuner avec des (presque) vrais croissants et du café pour une fois en abondance…
Ce soir, le curé de Bobbio, qui porte allègrement ses 90 ans et parle bien le Français, nous ouvre les portes d’une petite église pour notre sainte messe du jour.

JEUDI 3 OCTOBRE 2019
Nous fêtons Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, vierge et docteur de l’Eglise
Ici à Bobbio, nous faisons connaissance avec le très important Saint Colomban. Ce moine Irlandais, né en 540, reçut vers 580 l’autorisation de son supérieur d’aller évangéliser les peuples païens du continent. Il s’arrêta d’abord en Cornouailles puis accosta à côté de St Malo à l’actuel St Coulomb. Il continua son périple d’évangélisation vers Rouen et s’établit à Luxeuil où il fonda plusieurs monastères et fut appelé St Colomban de Luxeuil. A un âge déjà avancé, il partit vers le sud, et arriva dans la montagne de Bobbio où il fonda un monastère en 614. Il y mourut le 23 novembre 615. Il repose dans la crypte de la basilique dans un très beau sarcophage de marbre blanc.
Nous avons l’honneur d’assister à notre sainte messe du jour dans la crypte devant son tombeau.

St Michel, Qui est comme Dieu, St François d’Assise qui ne vécut que pour Dieu, Saint Padre Pio qui donna tout à Dieu, et maintenant Saint Colomban dont la devise est Christi simus non nostri, Soyons tout à Dieu et non à nous.
La boucle de notre pèlerinage est bouclée.
Colomban, comme d’autres moines irlandais de ces temps anciens sillonna l’Europe qu’ils christianisaient sur leur passage. Les chemins de St Colomban croisent les chemins de St Michel.

Nous quittons Bobbio pour un court trajet dans la montagne vers le village de Coli où Saint Colomban se retirait dans une grotte dédiée à St Michel. En chemin nous nous arrêtons pour inaugurer la restauration d’un petit oratoire enchâssé dans la roche dans un virage. L’association La Route de l’Europe chrétienne a participé à cette restauration. Des gens du village sont ici, ainsi que le maçon, le sculpteur et M. le Curé –qui ensuite nous fera la visite de la belle cathédrale de Bobbio.

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La tradition est respectée : chaque pèlerinage de la Route de l’Europe Chrétienne contribue à l’édification ou à la restauration d’un oratoire sur les routes des pèlerins.

VENDREDI 4 OCTOBRE 2019
Nous fêtons saint François d’Assise
Après notre dernière messe très tôt à l’église San Lorenzo, nous partons dans le soleil du matin et traversons les montagnes plein sud vers la côte de Gênes vers notre dernière étape, le sanctuaire du Gesù Bambino di Praga au monastère des Carmes d’Arenzano.
L’Enfant Jésus avait été apporté à Prague par une princesse d’origine Espagnole. La dévotion au Bambino est très vive ici à Arenzano. L’Enfant, comme à Prague, collectionne les vêtements les plus richement ornés.
Nous piqueniquons dans les jardins aménagés autour du sanctuaire.
Il nous faut repartir car la route est encore longue jusqu’à l’église du Sacré-Cœur à Avignon. L’autoroute est une succession de ponts et de tunnels traversant les pentes des Alpes qui tombent vers la mer.
Déjà Menton, Nice, et Avignon. L’horaire prévu est respecté. Ce soir encore, nous aurons un beau coucher de soleil.
Chacun reprend sa valise et les pèlerins fatigués mais heureux se dispersent dans toutes les directions.
Ce n’est qu’un Au Revoir, mes frères….

Voyage-pèlerinage St Michel en Italie du 25 septembre au 4 octobre 2019

Avertissement :
Le pèlerinage du grand Archange, comme tous les pèlerinages organisés par la Route de l’Europe chrétienne, n’est pas une ballade touristique. Il est monté pour permettre à chacun de ses membres de mieux connaître les racines chrétiennes de l’Europe et pour les défendre, pour en devenir un ardent propagateur, dans une ambiance fraternelle.

Le chanoine Gérard Trauchessec, prêtre de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre en assumera la direction spirituelle des journées qui nous amèneront à visiter les lieux encore irradiés de la présence de st François, de st Padre Pio et de l’archange st Michel. Même si certains connaissent ces lieux, le pèlerinage 2019 en Italie vous permettra d’approfondir votre foi en vous isolant quelques jours dans la paix et la ferveur. N’oublions pas que st Michel est depuis long-temps le protecteur de la France et de l’Eglise, il ne sera pas inutile de le prier en ce moment pour l’une et l’autre!

Le coût un peu plus élevé de 780€, engendré cette année par le choix de l’autobus pour nous déplacer, ne doit pas être un obstacle pour vous inscrire. Le paiement s’effectuera pour moitié à l’inscription avant le 8 mars et le reliquat en espèces le jour de l’embarquement. Vous avez aussi la possibilité de payer de façon échelonnée.

Je compte sur vous tous. Nous allons vivre de belles journées de chrétienté et nous avons besoin en ce moment de la protection de st Michel. Michel qui signifie « qui est comme Dieu ? » est le champion de la primauté de Dieu, de Sa trans-cendance et de Sa puissance. Michel combat pour rétablir la justice divine, il défend le peuple de Dieu de ses ennemis et surtout, de l’ennemi par excellence, du diable. Il est notre modèle pour restaurer le Royaume du Christ. J’espère que nous serons très nombreux à descendre les marches de la grotte du Mont Gargan le jour de sa fête, là où en 490 notre bien aimé archange est apparu. A bientôt,

Robert Mestelan.

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Programme :

1er jour : Départ d’Avignon en car avec Philippe, par Grenoble et le tunnel de Fréjus nous atteignons la Vallée de Suse, pique-nique apporté par chacun à Oulx, puis visite de la Sacra di San Michele avec vue imprenable sur les Alpes, dîner et coucher à Avigliana dans l’ancienne Chartreuse.

2ème jour : départ pour Loreto, messe à la Santa Casa ou à la chapelle française de la basilique, dîner et coucher chez les Scalabriniane, congrégation fondée par Monseigneur Scalabrini pour venir en aide aux Italiens à l’étranger.

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3ème jour : Messe à Loreto, puis départ pour Manoppello où nous vénérerons le Volto Santo à la petite église paroissiale. Nous partirons ensuite pour Lanciano, déjeuner sur place, visite du Miracle Eucharistique, puis traversée des Pouilles jusqu’à San Giovanni Rotondo où nous nous installons pour 3 nuits au centre Aprodo.

4ème jour : journée sans car à San Giovanni avec messe, chemin de Croix, visite de la maison de la Divine Souffrance si possible, dîner et coucher à l’Aprodo.

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5ème jour : fête de l’Archange st Michel : nous irons à Monte Sant’Angelo où st Michel est apparu en 490, 492, 493 et 1656. Messe solennelle à la grotte de l’Archange, puis départ pour Siponto avec visite de l’église romane où l’évêque de Siponto a vu l’archange st Michel. Retour à Sant’Angélo, déjeuner, puis procession solennelle avec la magnifique statue de st Michel à travers la ville. Dîner et coucher à l’Aprodo.

6ème jour : départ pour Isernia, où nous ferons le Chemin de Croix de la compassion de Marie dans son sanctuaire, puis arrêt au Monte Cassino où nous célébrerons la messe au cimetière Polonais. Nous irons ensuite à Ciampino, où nous logerons chez les Carmes, messe, dîner et coucher.

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7ème jour : Philippe nous amènera à Rome pour nous recueillir au sommet du château Saint-Ange où st Michel est apparu à st Grégoire le Grand pendant une épidémie de peste. Nous visiterons aussi le pont des Anges et la basilique st Paul hors les murs. Messe, dîner et coucher au Carmel de Ciampino

8ème jour : Départ pour Bobbio avec déjeuner et prière à Lucca à la basilique st Michel. Dîner et coucher à Bobbio

9ème jour : Messe à Bobbio, puis nous nous rendrons à Coli, petit village en face de Bobbio où nous assisterons à la bénédiction de l’oratoire pour l’Italie et nous y déjeunerons. Retour à Bobbio qui possède la tombe de st Colomban, visite de cette charmante ville, dîner et coucher sur place.

10ème jour : Messe, puis retour sur Avignon et fin du pèlerinage.

Nom ……………………………………………………………………….……………

Adresse…………………………………………………………………..………………

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Signature………………………………………………………………………….……….

s’inscrit au voyage-pèlerinage 2019 de l’association de la Route de l’Europe chrétienne sur les pas de l’archange st Michel en Italie et joint un chèque de € ……………. (390€ par personne) en acompte.
Le chèque est à libeller à l’ordre de Mme Claudia Mestelan, secrétaire de l’association. Le reste de la somme devra lui être remise au premier jour du voyage en liquide (pas de chèques).

Inscriptions à retourner avant le 8 mai à la Route de l’Europe chrétienne, 64, rue de la Frâche, 84740 Velleron, Tel. 04 90 20 08 70, recsthilaire@gmail.com www.route-europe-chretienne.fr