Convertissez-vous et croyez à l’Evangile

par Monseigneur Jean-Pierre Cattenoz, Archevêque d’Avignon

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Devant des chiffres accablants, devant une actualité brûlante sur de nombreux sujets sensibles, au moment où notre pays prend la présidence de l’Union Européenne, au moment où notre pays s’apprête à prendre des décisions graves touchant à la vie, je ne peux garder le silence.

Évêque, successeur des apôtres, appelé à être témoin du Christ et de son l’Évangile, je voudrais inviter tous les chrétiens de mon diocèse, tous les hommes politiques, tous les hommes de bonne volonté et je pense tout particulièrement aux parents, tous je vous invite à avoir le courage de regarder la situation en face pour reconnaître tous les « non à la vie » qui ont marqué l’histoire de notre pays et de l’Europe depuis plus de quarante ans.

Nous avons une véritable conversion à opérer, mais n’ayons pas peur, Celui qui est la source de la Vie a commencé son ministère par ces mots : “Convertissez-vous et croyez à l’Évangile”. N’ayons pas peur d’entrer dans un chemin de conversion par rapport à toutes les cultures de mort qui traversent l’Europe d’aujourd’hui, n’ayons pas peur de redécouvrir la beauté et la grandeur de la Vie que le Christ nous donne, et soyons les témoins de cet Évangile de la Vie dans l’Europe d’aujourd’hui.

Des chiffres accablants

– Dans l’Union Européenne, un avortement toutes les 27 secondes, 133 à l’heure ; l’avortement est la première cause de mortalité en Europe.

– Dans l’Union Européenne, un mariage se rompt toutes les 30 secondes.

– Dans l’Union Européenne, entre 1980 et 2006, le nombre de mariages a diminué de plus de 737000, une perte de 23,9 %.

– Dans l’Union Européenne, sur 5 209 942 naissances, 1 766 733 se sont produites en dehors du mariage, soit 33 % et la France occupe la première place avec 419192 naissances hors mariage, soit 50,5 %.

– Dans l’Union Européenne, 80 % de la croissance démographique est due à l’immigration ; en 2006, le taux de fécondité était de 1,56 enfant par femme. En Allemagne, aujourd’hui, 100 parents ont 64 enfants et 44 petits enfants ; en deux générations la population allemande hors immigration diminue de moitié.

– Les foyers européens sont de plus en plus solitaires : dans l’Union Européenne, un foyer sur 4 compte seulement une personne.

Une actualité brûlante
– Le Parlement britannique vient d’autoriser les chercheurs à réaliser des embryons hybrides humains-animaux ; ils pourront ainsi transférer des cellules humaines dans des ovocytes animaux desquels a été retiré leur ADN de façon à disposer de cellules souches pour la recherche, cellules qu’ils seront cependant tenus de détruire avant le 15e jour de vie. L’union homme-animal, même si elle n’est pas sexuelle, représente une horreur qui a toujours été le plus fermement condamnée. Rompre cette barrière ouvre la porte à des monstruosités qui peuvent se révéler lourdes de conséquences pour l’humanité tout entière.

– Toujours en Grande-Bretagne, la loi autorise les femmes à recourir aux techniques de la procréation artificielle sans qu’un père soit nécessaire (méthode réclamée par les couples de lesbiennes).

– Toujours en Grande-Bretagne, dans les écoles, il n’est dorénavant plus possible de faire référence au père et à la mère, mais au géniteur A et au géniteur B. Le temps est fini où les premiers mots prononcés par un enfant étaient “Papa” et “Maman”, désormais au nom de la loi, ce sera “A” et “B”.

· Dans de nombreux pays européens s’amplifie l’idée que la famille naturelle est réactionnaire, homophobe et discriminatoire à l’égard de toutes les autres formes d’unions.

– À un an de la révision de la loi de bioéthique, la question de la mère porteuse occupe actuellement la scène française. Interdite en 2004 et unanimement condamnée, aujourd’hui les instances médicales, juridiques et politiques ne s’interrogent plus sur la légitimité du recours aux mères porteuses, mais réfléchissent déjà à la manière de l’encadrer. Or, de telles pratiques remettent en cause un des principes les plus fondamentaux et les plus anciens du droit : “La mère est celle qui accouche de l’enfant”. Quand on sait tous les liens qui se tissent entre la mère et l’enfant qu’elle porte dans son sein, quelles seront les conséquences de telles pratiques sur l’enfant ? Quels seront ses liens de parenté avec tous ceux et celles qui auront participé à sa naissance ? Une telle pratique n’est-elle pas une instrumentalisation de la femme, une véritable chosification du corps humain ? Quant à l’enfant n’est-il pas également réduit à être un bien de consommation ?

– Le vote au Conseil de l’Europe en avril dernier, d’une résolution intitulée “Accès à un avortement sans risque et légal en Europe” qui fixe trois objectifs : dépénaliser l’avortement si ce n’est déjà fait ; nécessité de garantir “l’accès effectif à ce droit” (nº 3) et lever les restrictions qui entravent l’accès à un avortement sans risque ; favoriser l’accès à la contraception et rendre obligatoire l’éducation sexuelle des jeunes (nº 7).

– Parlons justement de l’éducation sexuelle des jeunes : que penser des catalogues publiés sous l’estampille de la République et qui présentent la gamme complète des préservatifs ou des contraceptifs avant ou après, le tout avec descriptif détaillé et en images de la mise en place et du retrait. Est-ce cela éduquer nos enfants et nos jeunes ?

– Mais il est un autre phénomène envahissant, celui de la pornographie qui s’étale complaisamment dans les médias et qui s’expose à tous les regards sur les murs de nos villes. Il s’agit de véritables agressions subies sans pouvoir s’en défendre. De la même manière, si vous cherchez à utiliser internet pour commander un livre ou un vêtement, il est de plus en plus difficile d’éviter les fenêtres intempestives qui s’invitent à votre corps défendant pour vous provoquer, vous pousser à la tentation de surfer quelques instants sur des sites dont vous savez très bien qu’ils vous feront du mal, même à nous les adultes. Mais qu’en sera-t-il de nos enfants et de nos jeunes fascinés par les écrans de leurs ordinateurs et de leurs portables. Cette déferlante de pornographie les encourage, les pousse à céder à toutes les pulsions qui habitent leur être en construction en faisant exploser tabous et interdits.

– L’affaire Lydie Debaine du 9 avril 2008 : au-delà de la compassion nécessaire pour la souffrance de cette femme, comment ne pas s’interroger sur les déclarations de son avocate : “Cet acquittement ne doit pas être interprété comme un permis de tuer, mais comme la reconnaissance d’un acte juste, d’un acte d’amour”. Mais alors, un tel acquittement ouvre la porte à l’atteinte volontaire à la vie des handicapés ; mettre à mort un handicapé par amour n’est donc pas un crime. Une telle affaire pose la question de l’infanticide des handicapés, des nouveau-nés handicapés.

– Les uns après les autres, les pays européens légalisent l’euthanasie et les médias profitent des affaires pour relancer le débat. Actuellement, en France, une proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie circulerait parmi les parlementaires. Députés et sénateurs subissent, depuis plusieurs semaines de lourdes pressions de la part du lobby de l’euthanasie. Mais, la première question est d’abord de développer les soins palliatifs et de continuer à combattre la douleur et la souffrance, et beaucoup reste à faire en ce domaine, malgré l’aspect positif de récentes déclarations gouvernementales. Tout l’enjeu est l’accompagnement de la fin de la vie, quelque chose peut toujours être fait pour quelqu’un qui souffre, pour soulager, accompagner l’angoisse, prendre soin. Mais une société, qui veut éradiquer la souffrance, en vient très vite à éradiquer les souffrants.

– Et la liste n’est pas close…

Les trois “non à la vie” qui ont marqué notre histoire depuis quarante ans

L’Europe a dit “non à la vie” une première fois il y a quarante ans en refusant l’encyclique “Humanae Vitae”. Elle s’est fermée à la vie une deuxième fois en 1975 avec les lois sur l’avortement. Elle s’apprête à dire un troisième non à la vie avec les menaces qui pèsent sur la famille. Le Cardinal Christoph Schönborn déclarait récemment à la télévision autrichienne “L’Europe a dit trois fois non à son propre futur” et il ajoutait : “Ceci n’est pas d’abord une chose morale ; c’est une question de faits : l’Europe meurt pour avoir dit “non à la vie”.”

Nous avons dit non à l’encyclique “Humanae Vitae”

Il y a quarante ans, dans la tourmente de mai 68, nous n’avons pas eu le courage de dire “oui” à “Humanae Vitae”, une encyclique qui, à de rares exceptions, a été jugée décevante, inadmissible, irrecevable insupportable et pratiquement inacceptable.

Or Paul VI nous invitait à avoir confiance, à croire à la vie et il nous rappelait la grandeur de l’amour humain et du don de la vie. L’union d’amour qui unit deux personnes est inséparable de l’ouverture au don de la vie. L’amour comme tel ne saurait trouver sa finalité en lui-même, il a besoin de se donner, de se communiquer. Un amour qui exclurait l’ouverture à la vie, au don de soi, est contraire à la réalité même de l’amour et porte en lui un germe de mort.

Dès lors, Paul VI écartait l’utilisation de toute méthode artificielle de régulation des naissances comme contraire à la grandeur même de l’amour qui unit l’homme et la femme jusqu’à ne faire plus qu’un, car de telles méthodes excluaient l’ouverture au don de la vie.

Paul VI invitait les hommes et les femmes de notre temps à ne pas se laisser prendre par les mirages qu’offrent la technique et la culture hédoniste environnante, mais à vivre un amour véritable qui tout à la fois unit deux êtres dans un don total l’un à l’autre et s’ouvre au don de la vie qui est toujours reçu comme un don de Dieu.

Jean-Paul II et Benoît XVI à la suite de Paul VI auront le courage de rappeler cette vision merveilleuse de l’amour humain dans sa grandeur et sa beauté. Certes, une telle conception de l’amour et de l’acte sexuel est à des années lumières de l’ambiance dans laquelle nous vivons, de la vision de l’amour que nos écrans de télévisions ou nos ordinateurs nous renvoient continuellement.

Paul VI a eu l’audace des prophètes en affirmant la grandeur de l’amour humain et en refusant toute division entre l’amour qui unit deux êtres et l’ouverture au don de la vie, écartant par avance toute marchandisation du corps humain et toute dérive bioéthique.

Paul VI a eu l’audace du visionnaire pour refuser au nom de la grandeur de l’amour humain toute utilisation des pilules et des préservatifs qui ouvriraient la voie à un véritable tsunami du consumérisme des corps pour un plaisir éphémère sans lien avec la grandeur et la beauté de l’amour.

Aujourd’hui, n’ayons pas peur de dire un oui vrai à “Humanae Vitae”, ayons le courage de dire oui à l’amour humain et au don de la vie. Ayons confiance, croyons à la vie.

Nous avons dit “non à la vie” avec les lois sur l’avortement Il y a trente ans, nous n’avons pas eu le courage de dire non aux lois sur l’avortement ; aujourd’hui, elles ont fait leur œuvre de mort et le Conseil de l’Europe, pour parachever ce non à la vie, vient de publier une résolution réclamant comme un droit l’accès à un avortement sans risque et légal dans toute l’Europe.

Devant cette déferlante du “non à la vie”, Jean-Paul II, dans l’encyclique “Evangelium Vitae”, rappelait la grandeur de la vie humaine : “L’homme est appelé à une plénitude de vie qui va bien au-delà des dimensions de son existence sur terre, puisqu’elle est participation à la vie même de Dieu. La profondeur de cette vocation surnaturelle révèle la grandeur et le prix de la vie humaine” (EV nº 2). La vie humaine est sacrée depuis son commencement jusqu’à son terme naturel.

Jean-Paul II dénonçait alors la véritable culture de mort qui frappe la vie humaine dans des situations de très grande précarité et qui se développe au sein même de la famille. Celle-ci appelée à être le sanctuaire de la vie devient le premier lieu où se donne la mort : la mère à l’encontre de son enfant ou les enfants à l’égard de leurs parents (cf. EV nº 11). “La vie qui nécessiterait le plus d’accueil, d’amour et de soin est jugée inutile, ou considérée comme un poids insupportable, et elle est donc refusée de multiples façons. Par sa maladie, par son handicap ou, beaucoup plus simplement, par sa présence même, celui qui met en cause le bien-être et les habitudes de vie de ceux qui sont plus favorisés tend à être considéré comme un ennemi dont il faut se défendre ou qu’il faut éliminer. Il se déchaîne ainsi une sorte de “conspiration contre la vie”” (EV nº 12).

Ce “non à la vie” est tel que “pour favoriser une pratique plus étendue de l’avortement, on a investi et on continue à investir des sommes considérables pour la mise au point de préparations pharmaceutiques qui rendent possible le meurtre du fœtus dans le sein maternel sans qu’il soit nécessaire de recourir au service du médecin. Sur ce point, la recherche scientifique elle-même semble presque exclusivement préoccupée d’obtenir des produits toujours plus simples et plus efficaces contre la vie et, en même temps, de nature à soustraire l’avortement à toute forme de contrôle et de responsabilité sociale” (EV nº 13). En réalité, la contraception et l’avortement sont les fruits d’une même plante “et cela est confirmé de manière alarmante par la mise au point de préparation chimique, de dispositifs intra-utérins et de vaccins qui, distribués avec la même facilité que les contraceptifs, agissent en réalité comme des moyens abortifs aux tout premiers stades du développement de la vie du nouvel individu” (EV nº 13).

Ce “non à la vie” s’étend alors au diagnostic prénatal “qui devient trop souvent une occasion de proposer et de provoquer l’avortement. C’est l’avortement eugénique dont la légitimation dans l’opinion publique naît d’une mentalité – perçue à tort comme en harmonie avec les exigences thérapeutiques – qui accueille la vie seulement à certaines conditions et qui refuse la limite, le handicap, l’infirmité. Et poursuivant la même logique, on en est arrivé à refuser les soins ordinaires les plus élémentaires, et même l’alimentation, à des enfants nés avec des handicaps ou des maladies graves. En outre, le scénario actuel devient encore plus déconcertant en raison des propositions, avancées çà et là, de légitimer dans la même ligne du droit à l’avortement, même l’infanticide, ce qui fait revenir à un stade de barbarie que l’on espérait avoir dépassé pour toujours” (EV nº 14).

Jean-Paul II dénonçait alors, comme une conséquence ultime de ce non à la vie, la tentation de l’euthanasie : “des menaces non moins graves pèsent aussi sur les malades incurables et sur les mourants dans un contexte social et culturel qui, augmentant la difficulté d’affronter et de supporter la souffrance, rend plus forte la tentation de résoudre le problème de la souffrance en l’éliminant à la racine par l’anticipation de la mort au moment considéré comme le plus opportun” (EV nº 15).

Jean-Paul II soulignait alors la gravité de telles dérives : “Revendiquer le droit à l’avortement, à l’infanticide, à l’euthanasie, et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d’un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. Mais c’est la mort de la vraie liberté” (EV nº 21). “L’éclipse du sens de Dieu et de l’homme conduit inévitablement au matérialisme pratique qui fait se répandre l’individualisme, l’utilitarisme et l’hédonisme […]. C’est ainsi que les valeurs de l’être sont remplacées par celles de l’avoir. La seule fin qui compte est la recherche du bien-être matériel personnel. La prétendue “Qualité de la vie” se comprend essentiellement ou exclusivement comme l’efficacité économique, la consommation désordonnée, la beauté et la jouissance de la vie physique, en oubliant les dimensions les plus profondes de l’existence, d’ordre relationnel, spirituel et religieux” (EV nº 23).

Aujourd’hui, n’ayons pas peur de dire un oui vrai à l’Évangile de la Vie et d’en être d’authentiques témoins. Ayons le courage de dire oui au don de la vie. Ayons confiance, croyons à la vie.

Nous disons un nouveau non à la vie avec les lois sur la dislocation du mariage et de la famille

Aujourd’hui, les pays européens les uns après les autres légalisent le mariage des homosexuels. Aurons-nous le courage de dire non à de telles lois ? Aurons-nous le courage de dire non au modèle familial que la société européenne nous prépare où, à côté de l’homoparentalité, de l’union libre, du Pacs, du concubinage aux multiples visages, le mariage deviendrait un contrat révocable à la demande entre partenaires de même sexe ou de sexe différent ?

En réalité, aurons-nous le courage de dire non à une société où l’individu devenu roi peut prétendre au type de famille de son choix, comme il peut prétendre à choisir l’enfant comme il veut, quand il veut, et s’il veut ?

Aurons-nous le courage de dire non à la logique contraceptive, abortive, eugénique et génocidaire des lois de culture de mort de l’Europe d’aujourd’hui, d’une Europe qui meurt pour avoir dit non à la vie ?

Aurons-nous le courage d’entendre le pape Benoît XVI s’adressant aux participants à l’Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour la famille (13 mai 2006) ? “La famille fondée sur le mariage constitue “un patrimoine de l’humanité”, une institution sociale fondamentale ; elle est la cellule vitale et le pilier de la société et cela concerne les croyants et les incroyants. Elle est une réalité pour laquelle tous les États doivent avoir la plus haute considération, car, comme aimait à le rappeler Jean-Paul II, “l’avenir de l’humanité passe par la famille” (Familiaris Consortio, nº 86). […] Dans le monde actuel, dans lequel se répandent certaines conceptions équivoques sur l’homme, sur la liberté, sur l’amour humain, nous ne devons jamais nous lasser de présenter à nouveau la vérité sur l’institution familiale, telle qu’elle a été voulue par Dieu dès la création. […] De vastes zones du monde subissent ce qu’on appelle l’“hiver démographique”, avec le vieillissement progressif de la population qui s’ensuit ; les familles apparaissent parfois menacées par la peur de la vie, de la paternité et de la maternité. Il faut leur redonner confiance, pour qu’elles puissent continuer à accomplir leur noble mission de procréer dans l’amour.”

Aurons-nous le courage d’entendre le pape Benoît XVI s’adressant aux autorités et au corps diplomatique lors de sa visite apostolique en Autriche, le 7 septembre 2007 ? “Je vous en prie, encouragez les jeunes qui, par le mariage fondent de nouvelles familles, à devenir mères et pères ! Vous ferez ainsi du bien, non seulement à eux-mêmes, mais aussi à la société tout entière. Je vous encourage fermement dans vos efforts politiques pour favoriser des conditions qui permettent aux jeunes couples d’élever des enfants. Tout ceci, cependant, ne servira à rien, si nous ne réussissons pas à créer de nouveau dans nos pays un climat de joie et de confiance en la vie, dans lequel les enfants ne sont pas perçus comme un poids, mais comme un don pour tous.”

Aurons-nous le courage d’entendre le pape Benoît XVI s’adressant aux participants au congrès international organisé à l’occasion du quarantième anniversaire de l’encyclique “Humanae Vitae” le 10 mai 2008 ? “Je souhaite vraiment que l’on réserve, notamment aux jeunes, une attention toute particulière, afin qu’ils puissent apprendre le véritable sens de l’amour et se préparent pour cela à travers une éducation adaptée à la sexualité, sans se laisser distraire par des messages éphémères qui empêchent d’atteindre l’essence de la vérité qui est en jeu”.

De manière dramatique, l’Europe semble engagée dans une spirale d’extinction de civilisation bien connue des historiens avec ses phases de dénatalité, de vieillissement, de déclin et enfin de décadence.

Mais en même temps, nous chrétiens, nous voulons nous inscrire en faux, face à cette spirale de mort, car nous voyons au cœur de l’Église, se lever des familles, de vraies familles, de grandes familles, des familles nombreuses qui témoignent de leur confiance dans la vie. Elles témoignent que Paul VI avait raison : la vie est un merveilleux don de Dieu et le “oui à la vie” est une condition pour une vie heureuse et pour une Europe vivante.

Je voudrais remercier toutes les familles qui disent oui à la vie, leur témoignage est sans prix et portera du fruit. Quelle joie de rencontrer de telles familles où les enfants sont autant de dons de Dieu accueillis comme fruits de l’amour qui unit les parents. Sans la famille, sans le “oui à la vie”, il n’y a de futur ni pour la société, ni pour l’Église.

N’ayons pas peur de demander pardon pour tous nos manques de courage, pour tous nos manques de confiance dans la vie. Que le Seigneur nous donne à tous de nous convertir et de croire à l’Évangile de la Vie ! Qu’il nous donne à tous le courage de dire “oui à la vie”.

Avignon, le 24 juin 2008, en la fête de Saint Jean Baptiste

Mgr Jean-Pierre Cattenoz

Oratoire en l’honneur de l’Archange Saint Michel à Velleron

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Erigé au printemps 2003 et béni le 29 septembre 2003, l’oratoire Saint Michel se trouve à la sortie nord-est du village en direction de Pernes, dans le quartier Saint Michel.

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L’oratoire a été sculpté par les Ateliers Bidal de l’Isle sur la Sorgue dans la pierre de Crillon. Il comporte un fut taillé dans un bloc d’une tonne, une niche et un toit arrondi surmonté d’une croix. Il fait l’objet chaque année d’une procession lors de la Saint Michel qui est la fête patronale du village.

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A l’intérieur une mosaïque en émaux bleus de Briard blancs et turquoise représente Notre Dame des Anges. La Vierge qui tient l’Enfant, est couronnée de douze étoiles dorées. L’Esprit Saint repose sur elle et les anges roses et blancs sont à ses pieds. Cette belle composition de 1m sur 70 cm occupe tout le fond de la niche qui accueille la statue de l’Archange. Elle a été réalisée par Mai Piana, céramiste et peintre à Martigues dans les Bouches du Rhône.

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La statue en terre chamottée, cuite dans un four à 1300°, revêtue de peinture dorée. Elle a été réalisée par Magdeleine Rissoan, sculpteur à Alixan dans la Drôme. l’Archange Saint Michel, coiffé du casque, surmonté d’une croix, brandit l’épée au-dessus du démon dont les yeux verdâtres sortent au dessus d’un corps adipeux. Sujet inspiré d’une statue du 14ème siècle. Elle mesure 1m avec les ailes déployées vers le haut.

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La traversata eroica

(Bivio – Casaccia nel 612)

San Colombano (540 – 615), frate irlandese partito da Bangor

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per evangelizzare l’Europa « peregrinatio propter Dominum » con dodici compagni, fonda tre monasteri nella regione di Luxeuil (Francia),

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poi a Bregenz (Austria) e finalmente a Bobbio (Italia).

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Nel 612, per sfuggire le persecuzioni dei pagani e per sottrarsi alla vendetta del Re di Neustrie e di Burgondie, Thierry II, Colombano costretto di lasciare Bregenz, si ricovera in Lombardia. Fa gli adii al suo condiscepolo San Gall che rimane per evangelizzare gli abitanti della regione. Più tardi, da il suo nome alla città di San Gallo. Colombano prende la via Raetia, il cammino più corto, che parte da Bregenz verso l’Italia. Questa via romana che congiungeva le province germaniche alla peninsola, permetteva di valicare le Alpi al colle del Septimer, colle oggi dimenticato.

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Da Bivio-Stalla, raggiungeva la cima del Septimer con una salita regolata, la discesa con forte declivio ma corte, arrivava a Casaccia, il più alto paesino della valle di Bregaglia, nella giornata.

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Informato, in favore dei frati, da sua moglie Theodelinde, principessa bavarese di un’eminente pietà, Agilulf, Re dei Lombardi, accolse con calore i monaci irlandesi.

La Lombardia era diventata terra di missione a causa dell’eresia ariana. Stimolato da sua moglie, il sovrano invita Colombano ad intervenire negli affari religiosi. In questo senso, Colombano scrisse una lettera forte al papa Bonifacio IV :
« Diro al pilota della nave spirituale : stia attento, perché il mare, mosso dai venti furiosi, minaccia d’inghiottire il vascello mistico. Timido marinaio, avro l’audacia di sgridare : stia attento, perché già l’acqua s’insinua nella barca di Pietro e la barca è in pericolo. »

Colombano, cercando ai dintorni, un luogo favorevole ad un’ultima fondazione, fu un lombardo, nominato Giocondo, che scopri la solitudine sognata. A quaranta migli da Milano, negli Apennini, sorgevano le rovine di un’antica basilica consacrata a San Pietro.

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Era il « deserto », caro agli irlandesi, vicino alla Trebbia : vi fondarono il monastero di Bobbio, eminente centro spirituale e culturale che raggio di uno splendore vivace in tutta l’Europa.

Die heldenhafte Alpenüberquerung

Die heldenhafte Alpenüberquerung
Bivio – Casaccia im Jahr 612

Der heilige Kolumban (540 – 615) war ein irischer Mönch. Er verließ Bangor in Nordirland mit 12 Jüngern

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um Europa zu christianisieren: die „peregrinatio propter Dominum“. Er gründete drei Klöster in Frankreich

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(in der Gegend von Luxeuil), eines in Bregenz (Österreich)

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und das letzte in Bobbio (Italien).

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Im Jahr 612, um der Verfolgung durch die Heiden zu entgehen und um sich der Rache des Königs von Neustrien, Thierry II, zu entziehen, sah Kolumban sich gezwungen, Bregenz zu verlassen und in die Lombardei zu fliehen. Er verabschiedete sich von seinem Jünger Gall, der am Bodensee blieb, um die Bewohner dieser Gegend zu christianisieren. Später gab dieser Jünger Kolumbans der Stadt St. Gallen ihren Namen.

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Kolumban benützte die Via Raetia, die kürzeste Verbindung, um von Bregenz nach Italien zu gelangen. Dieser Römerweg verband die deutschen Provinzen mit Italien und erlaubte es, die Alpen über den Septimerpass zu überqueren. Dieser Alpübergang wird heute nur noch von Wanderern und Bikern benützt. In einem Tag kommt man von Bivio-Stalla über eine regelmäßige Steigung zum Gipfel und nach einem sehr steilen aber nicht sehr langen Abstieg nach Casaccia dem höchst gelegenen Dorf des Bergells.

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Der Lombardenkönig Agilulf empfing die irischen Mönche mit ausgesuchter Herzlichkeit wozu ihn seine Gattin Theodelinde, eine bayerische Prinzessin von grosser Frömmigkeit, ermuntert hatte.

Die Lombardei war zu dieser Zeit wieder neu zu christianisieren, da der arianische Irrglaube Fuß gefasst hatte. Angespornt durch seine Gattin, lud der Lombardenkönig Kolumban ein, in die religiösen Angelegenheiten einzugreifen. Kolumban schrieb daraufhin den folgenden Brief an den Papst Bonifaz IV:
„Ich würde dem Kapitän des spirituellen Schiffes sagen: Gebt acht, denn das Meer, aufgewühlt durch die wütenden Winde, droht das mystische Schiff untergehen zu lassen. Ängstlicher Matrose, ich wage zu rufen: Gebt acht, denn das Wasser dringt bereits in Petrus’ Boot ein und das Boot ist in Gefahr!“

Kolumban suchte in der Gegend einen günstigen Ort um nochmals ein Kloster zu gründen. Ein Lombarde, Jocundus, entdeckte die gewünschte Einsiedelei. 40 Wegstunden von Mailand entfernt, am Fuß der Apeninnen, befanden sich die Ruinen einer Basilika zu Ehren Sankt’ Petrus. Es war ein Ort wie ihn die Iren liebten, am Lauf der Trebbia gelegen, hier gründeten sie das Kloster von Bobbio, ein spirituelles und kulturelles Zentrum von großer Wichtigkeit, das sein Licht über ganz Europa warf.

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Plaque en l’honneur de Saint Colomban, italiano

Inaugurata il 16 agosto al Septimerpass

Une targa in bronzo sulle alpi svizzere ricorderà il passaggio di San Colombano

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Altri tre esemplari della targa saranno collocati a Bangor, Luxeuil e Bobbio per iniziativa degli amici di San Colombano

Il Septimerpass lo cerchi invano sulle cartine d’Europa, per il semplice fatto che non c’è strada carrozzabile: è rimasto intatto da sempre, nel cuore della Svizzera e della stessa Europa occidentale, essendo l’unico vero spartiacque tra i bacini del Reno, del Danubio e del Po.

Di li quattordici secoli fa, la tradizione vuole che sia passato san Colombano percorrendo la strada più breve per l’Italia tra Coira, capitale del Canton dei Grigioni, e Chiavenna presso il lago di Como, tradizione suffragata dalla presenza di un piccolo lago e di un monte che portano il nome del santo.

Da Bobbio cinque “amici di san Colombano”, sono partiti per affrontare sabato 16 agosto 2008 la quota 2310 del passo e la nevicata venuta la sera precedente: volevano ad ogni costo esser presenti all’inaugurazione della targa in bronzo posta a ricordo del passaggio del grande Irlandese.

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L’appuntamento è a Bivio, alta valle del Reno, con gli amici di Luxeuil e di San Colombano al Lambro per coprire i 7 km, chi a piedi, chi su fuoristrada, che separano la piccola borgata svizzera dal Septimerpass. Lassù tra basse nuvole e a -2° don Piero Coletto ha celebrato la Messa in onore del Santo e ha portato la benedizione e il saluto del vescovo Gianni Ambrosio, incarico affidatogli a Bobbio la sera precedente, festa dell’Assunta.

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Erano presenti amici venuti da Suzara e altri provenienti da comunità colombaniane europee, ma sopratutto i coniugi Robert et Claudia Mestelan ai quali se deve l’idea di porre questo segno sul tetto d’Europa, da loro attraversato lo scorso anno quando “sulle orme di San Colombano” hanno camminato a piedi da Bangor a Bobbio. In segno di riconoscenza don Coletto ha consegnato loro la medaglia d’argento recante l’effigie del vescovo di Bobbio Pietro Zuccarino.

Della targa bronzea sono in fusione altri tre esemplari, offerti in parte dagli Amici di San Colombano francesi e italiani: uno andrà in Irlanda a Bangor da dove Colombano è partito, uno a Luxeuil, il terzo a Bobbio: si pensa di collocarlo su una stele nei giardini di piazza S. Fara il giorno 23 novembre, festa del santo.

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Nel pomeriggio in Svizzera è spuntato il sole, dono di San Colombano. Tuttavia la mattinata grigia e freddissima non ha impedito il crearsi di un’atmosfera di entusiasmo e di fraternità che si è conclusa con il ritorno a Bivio, bellissimo e straordinario paese al di là delle Alpi, dove la gente parla l’italiano, patria di Guardie svizzere e di frati Cappuccini. Qui siamo stati ospiti del Sindaco Fritz Guidon a cui se deve la posa in opera della targa bronzea e gran parte della buona riuscita dell’evento colombaniano.

Bangor – Bobbio La Route Saint Colomban

15 avril – 20 septembre 2007

Lorsque le 15 avril nous avons quitté la fontaine Saint Michel à Paris, nous avions l’ambition de refaire le parcours terrestre de Saint Colomban, le grand moine Irlandais, qui consacra toute sa vie au profit de l’évangélisation de l’Europe.

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En nous laissant guider par son exemple, Saint Colomban nous a appris qu’il fallait garder les yeux fixés sur la croix du Christ, et que notre seule ambition en ce monde était de l’imiter.

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En le suivant, lui qui était parti de Bangor en Irlande vers 585, pour évangéliser la Gaule, la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche et le nord de l’Italie, nous avons médité la « Peregrinatio propter Dominum », une espèce d’évangélisation errante qui a permis de redonner une âme au continent ravagé par les invasions barbares et l’effondrement de l’empire romain.

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La Providence apportant chaque jour Sa Présence, nous avons relié la mer d’Irlande à l’Adriatique en 155 jours, de Bangor à Bobbio et Loreto, en traversant huit pays ( l’Irlande, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, le Liechtenstein et l’Italie.

Il aurait fallu pour être conséquent, s’arrêter à Bobbio, là où notre grand missionnaire Européen, mort le 23 novembre 615, repose dans la crypte grandiose du monastère qui porte son nom et où, les larmes aux yeux, nous avons pu le vénérer,

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mais Claudia, dès le départ, avait suggéré que si nous arrivions sains et saufs à Bobbio, il conviendrait de rendre grâce et de remercier aussi Notre Dame en nous rendant dans sa « sainte maison » à Loreto. Ce fut donc une belle rallonge de 500 km (nous ne l’avons pas regretté), qui nous a permis de terminer le pèlerinage dans « sa maison », ramenée de Nazareth, et sur l’autel de laquelle on peut lire : « Hic verbum caro factum est ». Pouvait-on imaginer une conclusion plus belle, un point d’orgue plus élevé, une fontaine de grâces aussi abondante ?

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Sur ce dernier tronçon Italien, deux étapes nous ont particulièrement marquées : l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre à Gricigliano près de Florence et le Mont Alverne, la montagne escarpée où Saint François, deux ans avant sa mort, a reçu les stigmates. Imaginez d’abord une colline plantée d’oliviers et de cyprès se détachant sur le ciel de Toscane, une villa Romaine bercée par le doux murmure des eaux et vous connaîtrez le lieu d’exception qui abrite, loin des fracas du monde, la formation des séminaristes du Christ Roi, parmi lesquels il y a beaucoup de Français.

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On découvre avec enthousiasme, que les séminaristes sont formés dans un esprit de serviteur. Dans la paix, la bonne humeur et la piété, les séminaristes méditent, travaillent et prient. Quant à la sainte liturgie, elle est d’une perfection rare, ici rien n’est trop beau pour Dieu.

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A l’Alverne (La Verna), Saint François nous attendait. Pas celui du frère loup, ni le chantre de la Création, mais le serviteur pauvre qui aime porter la croix de Jésus. Après Jean-Paul II nous nous sommes écriés : « Ô Saint François, toi, le stigmatisé de l’Alverne, le monde a la nostalgie de toi, icône de Jésus crucifié. Il a besoin de ton cœur ouvert à Dieu et aux hommes, de tes pieds nus et blessés, de tes mains transpercées et suppliantes. Il a la nostalgie de ta voix frêle, mais forte de la puissance de l’Evangile. »

Robert et Claudia Mestelan
La Route de l’Europe chrétienne

Camino Portugues en été 2006 (extrait du carnet de route)

Nous rentrons en Galice, le pays du granit, bordé par l’océan, qui se trouve à notre gauche. Le granit étincelle sur tous les murs, dans les calvaires, qui sont nombreux, autour des encadrements de fenêtre et jusque dans la poussière du chemin qui se dépose sur nos chaussures en poussières dorées. A midi nous déjeunons à Caldas del Rei, sur une fraîche terrasse au dessus du torrent qui court vers la mer, et puis nous continuons. La forêt d’eucalyptus nous environne de toutes parts, le chemin bien balisé par des bornes coquille, nous avançons à grand pas. Nous sommes seuls, on est loin ici de l’encombrement du camino Francès et du fracas de la route. Bref arrêt à Carracedo pour dessiner l’église et après une longue descente dans les arbres, nous débouchons sur la plaine, à San Miguel.

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L’arrêt et la nuit à San Miguel furent un grand moment de grâce, comme Saint Michel, notre saint et généreux patron aime souvent nous en donner. Un léger chuintement, un léger bruit d’eau nous avait fait lever la tête et la fons San Miguel nous était soudain apparue, avec un large écoulement d’eau limpide. Le lavoir attenant a permis à Claudia d’y laver ma chemise et tout autour c’était le grand calme, au milieu des dahlias et des bougainvilliers dont les pétales en grand nombre jonchaient la chaussée. Après la marche solitaire dans la haute forêt, nous avons été saisis par le charme qui émanait de ce village oublié, tout pimpant au milieu des champs de maïs et des treilles des vignes. A l’entrée, nous avons croisé une petite fille. Elle nous a fait l’aumône de ses beaux yeux bruns, tandis qu’à pas pressés et la main sur l’épaule, elle ramenait son petit frère à la scierie, où son père, que nous avions salué en passant, travaillait sur un meuble.

Les ablutions terminées, nous avons descendu huit marches pour gagner l’église et son cimetière. Avec son majestueux parvis, la chapelle constituait la plus royale des chambres pour une nuit. Devant l’entrée, les dalles encore tièdes de la chaleur du jour accueillirent nos sacs et nos bâtons, tandis que devant nous, sur le mur de clôture, trois croix de granit, une grande et deux petites, nous mettaient en présence du Christ, comme au Golgotha avec les deux larrons.

Sur les côtés, à gauche et à droite, dans des constructions en pierre comparables aux huerras, mais plus longues, un peu comme des armoires, les caveaux des morts du village. Le ciel, la terre et puis la croix, celle qui unit, qui réunit les vivants et les morts dans l’affirmation de la Résurrection du Seigneur et dans la promesse de la nôtre.

Après 33 km dans la chaleur on s’endort vite. Pourtant voici que vers une heure du matin je me réveille. Claudia dort paisiblement à ma gauche, l’air est un peu plus frais, il n’y a aucun bruit. Le ciel sans lune est revêtu d’un grand manteau sombre piqueté d’étoiles, au milieu desquelles la voie lactée s’étire comme une écharpe glorieuse dans l’espace. Jamais ce chemin des étoiles, ce chemin de pèlerinage ne m’est apparu avec une si grande munificence, une si grande insistance aussi.
« Que Tes Œuvres sont belles, que Tes Œuvres sont grandes, Seigneur, Tu me combles de joie. »

Dernier chapitre – Epilogue

Partis le 15 avril de la fontaine Saint Michel à Paris, nous avions pour ambition de refaire le parcours terrestre de Saint Colomban et de faire connaître sa vie toute consacrée à l’évangélisation de l’Europe.

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Guidés par son exemple, Saint Colomban nous a appris qu’il fallait garder les yeux fixés sur la croix du Christ et que notre seul but en ce monde était de l’aimer et de l’imiter. La Providence nous a donc chaque jour apporté sa Présence et nous avons relié la mer d’Irlande à l’Adriatique en 155 jours dans une grande félicité.

Il aurait fallu pour être conséquent, s’arrêter à Bobbio, là où notre grand missionnaire Européen est mort le 23 novembre 615 : il repose dans la crypte grandiose du monastère de Bobbio, où, les larmes aux yeux, nous avons pu le vénérer.

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Mais Claudia, dès le départ, avait suggéré que si nous arrivions sains et saufs à Bobbio, il conviendrait de rendre grâce et de remercier Notre Dame en nous rendant dans sa Sainte Maison à Lorette.

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Ce fut donc une rallonge de 500 km qui nous a permis de terminer le pèlerinage dans « sa maison », ramenée de Nazareth, et sur l’autel de laquelle on peut lire : « HIC VERBUM CARO FACTUM EST ». Pouvait-on imaginer une conclusion plus belle, un lieu plus élevé ?

Sur ce dernier tronçon Italien, deux étapes nous ont particulièrement touché : l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre à Gricigliano et le Mont Alverne, la montagne escarpée où Saint François en 1224, deux ans avant sa mort et le jour de l’exaltation de la Sainte Croix reçut les stigmates.

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Imaginez une colline plantée d’oliviers et de cyprès sur le beau ciel de Toscane avec une villa Romaine bercée par le doux murmure des eaux et vous connaîtrez le lieu d’exception qui abrite loin du monde, la formation des séminaristes (pour la plupart Français) du Christ Roi. On y découvre que les séminaristes sont formés avec un esprit de serviteurs. Dans la paix, la bonne humeur et le travail, les séminaristes méditent, étudient et prient. Quant à la sainte liturgie, elle est d’une perfection rare, ici rien n’est trop beau pour Dieu.

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A l’Alverne (La Verna), Saint François nous attendait aussi. Pas celui du frère Loup, ni le chantre de la Création, mais le serviteur pauvre qui aime porter la croix de Jésus. Après Jean Paul II, nous nous sommes écriés :

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« O Saint François, toi, le stigmatisé de l’Alverne, le monde a la nostalgie de toi, icône de Jésus crucifié.
Il a besoin de ton cœur ouvert à Dieu et aux hommes, de tes pieds nus et blessés, de tes mains transpercées et suppliantes.
Il a la nostalgie de ta voix frêle, mais forte de la puissance de l’Evangile. »

Nous sommes rentrés par le train en Provence le 23 septembre. Pirate, notre chat, qui n’est pas rancunier, est revenu spontanément vers ses maîtres.

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Nous rendons grâce à Dieu pour les merveilles de son Amour qu’Il nous a fait découvrir – Lui seul est grand. Alleluia ! La route de Saint Colomban est maintenant ouverte, un 4ème ouvrage paraîtra dans quelques mois pour vous conter cette belle aventure, menée par Dieu et pour Dieu.

Merci de votre prière et de votre fidélité.

Robert et Claudia.

Chapitre 6 – Bangor – Bobbio

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Nous vous écrivons de Bobbio où nous sommes parvenus le lundi 27 août par une chaleur torride. Depuis la traversée du Pô, les pluies ont cessé et sans transition nous sommes plongés dans la fournaise méridionale. Vous imaginez sans peine la joie profonde qui nous habitait lorsqu’à l’entrée de Bobbio, après une étape de 39 km nous avons aperçu la belle statue de Saint Colomban, le soleil sur la poitrine et la colombe sur l’épaule, qui nous tendait la main pour nous bénir. En marche depuis le 15 avril, au depart de la fontaine Saint Michel à Paris, c’était enfin l’arrivée à la Terre promise, après 2800 km effectués en quatre mois et quinze jours. Magnificat anima mea !

Nous vous avions laissé la dernière fois en Allemagne à Waldshut, en bordure du Rhin. Avec Saint Colomban et ses douze disciples il nous restait à traverser la Suisse en suivant la Limmat, le lac de Zurich,

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Tuggen, Saint Gall,

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Rorschach et le lac de Constance pour arriver à Bregenz en Autriche.

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Grâce à l’action d’un prêtre éminent, Albert Holenstein, Bregenz a bâti une superbe église d’un beau moderne à Saint Colomban où l’on vénère ses reliques. Un menhir importé de Bangor ainsi que la réplique de la statue de Luxeuil signent ce lieu d’une marque indélébile. Atteint par la limite d’âge, Albert Holenstein, prêtre, est parti finir ses jours en Roumanie où il a déjà bâti un séminaire et deux églises. Il est à l’origine du mouvement Missio qui financæ dans le Tiers Monde la formation des prêtres, soutient les lépreux et bâtit écoles et dispensaires. Quel exemple et quel magnifique héritage colombanien.

Puis vinrent les journées difficiles en remontant le Rhin, où il nous a fallu escalader les montagnes et trouver les cols pour traverser les Alpes.

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Claudia avait plus de facilité que moi, pour cet exercice périlleux qui donne pourtant de belles satisfactions sur le plan esthétique. Cette traversée héroïque des Alpes n’aurait pu se faire sans l’aide de vos prières que nous avons bien senti et qui nous ont aidé à supporter les épreuves. C’est en approchant du Col du Septimer (2310 m) et en le franchissant que nous avons le mieux réalisé que nous mettions nos pas dans les traces de Saint Colomban.

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D’ailleurs une belle croix, au sommet était là pour nous le rappeler “ô Crux ave, spes unica salve!” La descente très raide sur l’Italie s’est effectuée dans la même journée en utilisant la voie Romaine, encore intacte sur de nombreuses portions. Partis à 6h de Bivio, nous étions rendus le soir en ltalie

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et à 18h nous pouvions assister à la Sainte Messe dite ce jour-la en l’honneur de Saint Roch dans une église dédiée à Saint Sébastien. Merveilleuse Italie pleine d’églises et bruissante de cloches, fidèle à Rome et pieuse, où l’accueil dans les paroisses est toujours chaleureux et où nous sommes sûrs d’avoir tous les jours la Sainte Messe.

Bientôt nous étions sur les rives du lac de Come et dans la plaine du Pô. Contournement de Milan par l’Est par Lodi jusqu’au moment où il nous a fallu traverser le grand fleuve, le pô. L’arrivée à Piacenza était déjà une grâce que nous accordait la Sainte Vierge avec l’hospitalité des soeurs missionnaires de Mgr Scalabrini.

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Avant Bobbio nous avons passé deux jours à San Damiano où nous avons eu la joie de retrouver nos amis Tourbin.

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Marie-Alice et Joseph Gérard nous ont offert l’hospitalité et nous avons participé avec eux à ces belles récitations du rosaire dans le jardin de Paradis que le Seigneur dans Sa Bonté nous a accordé par l’intermédiaire de Sa Sainte Mère.

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Toutes vos intentions ont pu être ainsi posées aux pieds de la Madone Miraculeuse des Roses. “Madonna Miracolosa delle Rose vogliamo il Tuo trionfo.”

Lundi enfin ce fut l’arrivée dans cette petite ville de Bobbio bâtie sur les rives de la Trebbia et construite autour de l’Abbaye qui en constitue le point central. Tout le monde nous a fêté, la population heureusement ne compte que 8000 habitants !

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Du Ponte Vecchio où nous nous sommes rendus hier, on a une vue admirable sur la ville dominée par les montagnes bleues et entourée par les méandres de la Trebbia, un fleuve de montagne aux eaux rapides et limpides qui se jette dans le Pô.

Demain nous allons reprendre nos bâtons pour traverser les Appenins en direction de Pontremoli en suivant l’antique chemin qu’utilisaient les abbés pour se rendre à Rome. Puis ce sera la Toscane, Lucca, Gricigliano, La Verna et enfin Notre Dame de Lorette que nous pensons atteindre le 23 septembre. Ce n’est qu’après avoir remercié Notre Dame que nous pourrons songer à prendre le chemin du retour, mais par le train.

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Le grand enseignement de cette route, c’est encore Saint Colomban qui nous le donne. Il suffit de lire la belle devise qui est écrite sur son tombeau et de la vivre : “CHRISTI SUMUS, NON NOSTRI”

La route de Saint Colomban est ouverte.

Chapitre 5 – Waldshut

Nous vous écrivons aujourd’hui de Waldshut, puisqu’il y a déjà 3 jours que nous remontons le Rhin. En partant le 3 juillet de Reims, nous avons amorcé notre longue descente vers le Sud-est pour parvenir à Luxeuil, au pied des Vosges. Parcours de plaines et des champs de bataille de la guerre de 14, après un petit détour pour découvrir le sanctuaire N.D. de l’Epine.

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Le canal de la Marne à la Saône nous a permis d’atteindre paisiblement Vitry, puis Eclaron, près de l’impressionnant lac de Der, la grande retenue d’eau du bassin de la Seine.

Puis, à la fin des terres désertes et monotones de la Haute Marne, ce fut l’arrivée à Domrémy.

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Vive Jeanne ! Nous lui avons confié la France et vos familles et nous lui avons demandé de nous donner encore et encore beaucoup de courage pour vivre et aimer Dieu.

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Après un pèlerinage à Notre Dame de Bermont, sa maison natale nous a touché en dépit d’un centre culturel prétentieux et déplacé. Mais c’est au dessus des méandres de la Meuse, sous l’arbre aux fées et près de la fontaine des fiévreux qu’on retrouve le mieux l’âme pure et droite de notre grande sainte. La basilique est émouvante, on s’y sent bien pour prier avec Marie Reine de France. Saint Michel et tous les saints de notre pays. Mais attention … sur place, la logistique est mince et les travailleuses missionnaires, en ouvrant l’excellent restaurant de l’Abri du pèlerin, obtiennent un beau succès. Bravo les cathos! Dans ce restaurant (midi et soir) la cuisine est délicieuse et en plus on y chante Marie.

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Nous avons poursuivi vers les Vosges du grand thermalisme: Contrexéville, Vittel, Bains les Bains, avant d’atteindre la région de Luxeuil, si comparable à l’Irlande, avec ses collines, ses étangs et ses forêts.

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C’est ici à Annegray sur l’emplacement d’un vieux castrum que Saint Colomban fonda le premier monastère d’Annegray. A la fin du VIe siècle, la Gaule traversait une crise monastique importante. Plus de 200 monastères parsemaient le pays, mais aucune règle ne les reliait. La discipline s’étant beaucoup relâchée, de nombreux moines étaient à nouveau rentrés dans le monde, abandonnant leur vœu de chasteté. C’est alors que cette culture religieuse s’essoufflait que surgit sur les pas de Colomban une vague insulaire qui revivifia la spiritualité monastique en Occident.

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Les amis de Saint Colomban à l’abbaye de Saint Colomban (centre pastoral et école privée catholique) nous ont réservé un accueil inoubliable!

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Grâce à eux nous avons pu séjourner et visiter en détail chacun des lieux de l’action entreprise en 590. De tous ces lieux pieusement entretenus et propriété de l’association, Sainte Marie en Chanois, posée comme un nid d’hirondelle sur une branche d’arbre, nous a permis de retrouver la grotte et la source miraculeuse auprès de laquelle Saint Colomban venait se retirer pour prier.

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Colomban demeura en France pendant 20 ans, père abbé de Luxeuil, Annegray et Fontaine, jusqu’au jour où il fut expulsé de Bourgogne pour avoir condamné la débauche de Thierry II. L’océan l’ayant rejeté, il décide de revenir et ce fut l’occasion d’une autre évangélisation, celle de Meaux, de la Suisse, de l’Autriche et de l’Italie du Nord.

Par Altkirch et Huningue nous sommes enfin parvenus sur le Rhin, aux portes de Bâle que nous n’avons fait que traverser pour suivre la rive allemande. Pour la suite, voici notre itinéraire: Zurich, Saint Gall, Bregenz, Coire, le Col du Septimer, San Colombano al Lambro, Bobbio …

La pluie a enfin cessé, mais la chaleur continentale très lourde nous la fait presque regretter.

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L’accueil reçu dans les paroisses catholiques en Allemagne (Forêt Noire) nous met du baume au cœur. Quant à la liturgie, nous sommes heureux, après le désert et le misérabilisme Français de retrouver des églises propres et fleuries, un excellent organiste à la tribune, une bonne équipe de ministranten et surtout des églises pleines de fidèles qui prient et qui chantent, même en semaine. Ce matin dans la belle église baroque de Waldshut, dédiée à Notre Dame, on avait allumé les 6 chandeliers du maître autel, le prêtre a fait prier pour les 80 ministranten en camp avec leur curé et pendant la consécration toute l’assistance était à genoux. Vive l’Europe chrétienne!