Voyage-pèlerinage en Italie 2009

UN PÈLERINAGE EN ITALIE DU 5 AU 12 OCTOBRE 2009

Nos amis Mestelan, que vous commencez à bien connaître, dévots de l’archange St Michel (ils font partie d’une association qui s’intitule les Compagnons de St Michel), étaient partis à pied le 5 mai 2009 du Monte Santangelo dans le sud de l’Italie et, au bout de 2500 kms environ, arrivèrent le 26 septembre au Mont Saint Michel en France, frais comme la rose, n’ayant fait que de “petites” étapes de 25 à 30 kms par jour, entrecoupées de bons repos dominicaux. Neuf jours plus tard, le dimanche 4 octobre, réinstallés dans leur joli village provençal de Velleron, ils réveillaient les sentiments religieux des indigènes en participant activement à la fête patronale, le patron de la paroisse étant précisément leur grand archange : messe Paul VI, procession de l’église à l’oratoire avec tambourinaires et joueurs de galoubet, vin d’honneur avec le maire, et l’après midi, rosaire à l’église entrecoupé de cantiques. Leur “jeune” curé (il a les cheveux noirs, et non blancs), réduit à l’inaction, et trouvant sans doute le temps long, abrégea un peu le salut subséquent.

Le lendemain de cette bonne journée de fête, dès 6 heures du matin, en Avignon, ils faisaient monter dans un car leur troupe de pèlerins qui devait se compléter, après quelques heures de route, par un petit contingent de Niçois. Des retraités, bien sûr : à ce moment de l’année, les jeunes sont au travail et, s’ils sont au chômage, ils n’ont pas de quoi s’offrir un voyage en Italie, même peu coûteux. La doyenne avait 88 ans. La benjamine (âge indéterminé) était une jeune dame accompagnant un mari plus mûr. Mais de nos jours, beaucoup de vieux sont encore jeunes. Ils l’ont bien prouvé. Pas un n’a traîné la patte. Présumés en état de grâce, ils étaient gracieux : jamais de rouspétance, de gentilles attentions les uns aux autres, une atmosphère de gaîté et d’amabilité.

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Nous étions en tout 23, y compris les deux organisateurs et notre fidèle ami l’abbé – que dis-je ? – le chanoine Trauchessec, récemment monté en grade. Nous n’avions pas comme en Tchéquie deux prêtres à notre service, assurant une certaine variété liturgique. Mais, en Gérard Trauchessec, il y a deux hommes: dans les moments de détente, un joyeux compagnon, source inépuisable de plaisanteries, de bons mots et de chansonnettes et, dans les moments graves, un pontife plus sérieux – et plus intransigeant – que certains souverains pontifes. Bref, un prêtre, une messe ! L’extraordinaire fut notre ordinaire, et à eux trois, ils nous firent macérer, surtout pendant les longs trajets en car, dans un bain mousseux et parfumé de chapelets, d’invocations, d’exhortations, de récits pieux, de psaumes et de litanies.

5 nuitées sur 7 se passèrent chez les Ursulines de Loreto qui nous logèrent confortablement et nous nourrirent savoureusement, le tout économiquement. Des deux nuits restantes la première seule fut rustique – mais noble ! L’auberge de la jeunesse de Reggio Emilia qui nous accueillit est sise dans un couvent du XVIIe s. avec un cloître classique, un escalier seigneurial, de larges corridors desservant de vastes cellules équipées de 5 ou 6 lits dont certains superposés, et de l’autre côté des rangées de lavabos et de toilettes à la disposition des occupants. La dernière nuit, au contraire, en haut de la montagne de La Verna, se passa dans une hôtellerie franciscaine qui mérite plutôt trois que deux étoiles. Si les fils de Saint François pratiquent l’ascétisme dans leur privé, ils ne l’imposent pas à leurs visiteurs.

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Le but essentiel du pèlerinage était Loreto, petite ville de la province des Marches, sise sur une colline d’où l’on aperçoit la mer Adriatique, et sa finalité l’installation sur le territoire de cette commune d’un oratoire y commémorant le passage du saint français Benoit-Joseph Labre. Ses buts seconds étaient la visite de sanctuaires marqués par la vie, éventuellement les reliques, de certains saints, et de quelques lieux simplement touristiques. Et je vous prie de croire que lorsqu’un saint vous entraîne chez lui, il vous remercie de votre visite en vous gratifiant de sites et d’œuvres d’art généralement exceptionnels.

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Je commencerai par parler de Loreto et je continuerai par les autres lieux visités en les classant par ordre d’importance décroissante, sans respecter l’ordre chronologique.

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La foule des pèlerins qui se pressent à Loreto y vénèrent la Santa Casa, autrement dit la maison de la Sainte Vierge. Quoi ? la Sainte Vierge a habité l’Italie ? Bien sûr que non ! Avant son mariage avec Joseph, elle habitait à Nazareth une maison semi troglodytique, composée d’une petite grotte prolongée par trois murs, qui fut vénérée, on en a des preuves archéologiques, dès les premières années du christianisme. Si j’en crois l’excellent Guide historique et artistique acheté sur place, en 1291, estimant que, sous la poussée des Turcs, la Terre Sainte était perdue pour les croisés, refusant qu’un pareil sanctuaire soit profané, un certain Nicéphore Angeli, descendant d’empereurs de Constantinople, qui devait disposer de grands moyens, finança et organisa le démontage pierre par pierre des trois murs, leur transport par bateau et leur remontage à l’identique en un lieu plus sûr. Des trouvailles d’archives et des recherches archéologiques récentes offrent toutes sortes d’indices qui confirment cette histoire. Le patronyme d’Angeli donna naissance à la légende, qui eut la vie dure et donna beaucoup à rire aux esprits forts, d’une maison transportée par les anges ! Mais, métaphoriquement, il faut être un ange pour concevoir et réaliser un pareil projet.

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Après bien des péripéties, les “saintes pierres” (qui avaient été données en dot à la fille de Nicéphore, fiancée à Philippe d’Anjou, fils de Charles II, roi de Naples), arrivèrent le 10 décembre 1294 à Loreto où elles furent remontées et firent affluer les pèlerins. Car enfin, à Loreto comme à Nazareth, entre les murs reconstitués comme dans la grotte surmontée d’une église, on lit HIC VERBUM CARO FACTUM EST en commémorant l’Annonciation et le Fiat de Marie qui a changé la face du monde.

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On bâtit tout autour une basilique gothique qui ne cessa au cours des siècles d’être remaniée, peinte, repeinte, incendiée, réparée, et dont le joyau, au point de vue artistique, est l’écrin de marbre blanc ,

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sculpté par les plus grands sculpteurs de son temps, dont le pape Jules II l’entoura tout en réservant la possibilité d’accéder à l’intérieur, où nous eûmes une messe à 6 heures du matin (et nous n’étions pas les seuls !)
Ce sanctuaire eut un rayonnement immense : un peu partout s’élevèrent églises ou chapelles dédiées à “Notre Dame de Lorette” (il y en a une à Paris, et une autre en Artois, qui domine un vaste cimetière militaire de la guerre de 14). Les Français n’y furent pas toujours exemplaires et on n’a pas oublié que les troupes de Bonaparte s’y livrèrent à un pillage systématique du trésor. Ils emportèrent même la statue de la Vierge, qui fut exposée au musée du Louvre sous le nom de “statue orientale en bois d’école égypto-judaïque”. Le pape Pie VII la récupéra à la faveur du concordat.

Parmi les innombrables pèlerins qui s’y pressèrent, je relève le nom de Montaigne, qui y laissa un bel ex-voto en argent, et celui de deux scientifiques qui ne furent pas rebutés par l’histoire de la translation aérienne : Galilée, et chose pour moi incroyable, celui qui passe pour le père de l’athéisme moderne, René Descartes, qui serait venu là en 1624 pour remercier la Sainte Vierge de lui avoir inspiré sa célèbre Méthode ! Qui peut m’indiquer une bonne biographie de Descartes, pour vérifier ça ?? Et puis, en 1770, Mozart, qui y acheta quelques bibelots pieux pour en faire cadeau à sa mère.

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Enfin et surtout, Benoît Joseph Labre , le saint patron des “Sans Domicile Fixe”, dont il se différencie par le fait que c’était par choix et non par nécessité, qu’il menait une vie errante et mendiante, et qui fit douze fois à pied le voyage de Rome à Loreto.

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C’est justement au bord de la route de Rome qu’on célébra la pose, non de l’oratoire, mais de la première pierre de l’oratoire qui lui sera consacré, entre deux beaux mûriers, devant une arche d’un aqueduc par lequel un cardinal Borghese fit jadis amener à Loreto l’eau très pure d’une source de la ville voisine de Recanati. À travers cette arche on voit des champs labourés, une jolie villa à l’horizon. Bref, le site est bien choisi, mais entre le maire et l’archevêque, la décision ne fut pas facile à prendre. Toujours est-il que l’un et l’autre étaient là, tout sourire et amabilités, l’archevêque dans ses plus beaux atours violets, blancs et dorés, le maire, qui est jeune et beau, avec son écharpe vert, blanc rouge. Mais il n’ouvrit pas la bouche quand tout le monde chanta Ave Maria. On est laïque ou on ne l’est pas, même en Italie.

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Nous rencontrâmes à Loreto un vieux prêtre français qui a choisi d’y finir ses jours, qui rêve d’y attirer plus de Français qu’il n’en vient, et d’y créer un “centre” destiné à la valorisation de la famille normale, composée, et non recomposée, d’un homme et d’une femme unis par les liens du mariage et entourés de leurs enfants biologiques. Idée toute naturelle dans un lieu où l’on vénère une “sainte maison”, et un saint qui, juste-ment, n’avait pas de maison. Excellente occasion de prier pour les gens qui sont réduits à coucher dans la rue, pour ceux qui ne trouvent à se loger que pour un prix exorbitant, et pour les familles qui n’ont pas de logement assez grand pour se développer normalement.

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Quittons Loreto pour nos autres destinations. À tout seigneur tout honneur ! Le bon Dieu a priorité sur les saints. À Arenzano, non loin de Gênes, nous retrouvâmes une vieille connaissance : le tout jeune Saint Enfant Jésus de Prague, occasion de prier pour les enfants tués dans le ventre de leur mère, pour les enfants martyrisés et tués par des parents indignes, pour les enfants sous-alimentés par la faute de politiques stupides ou criminelles, pour les enfants décervelés par des méthodes pédagogiques aberrantes, pour les enfants privés de baptême et de catéchisme, pour les enfants ballottés entre des parents divorcés, ou adoptés par des homos, et même pour les enfants élevés chrétiennement par leurs parents biologiques afin qu’ils ne gaspillent pas une telle grâce. Les Italiens avaient eu l’idée de lui élever en 1908 un sanctuaire baroque dans un joli site urbain. Nous y eûmes, le premier jour du voyage, messe et pique-nique avant de reprendre la longue route de Reggio.

Plus tard au cours du voyage, ce fut un miracle eucharistique dont nous ne pûmes d’ailleurs voir la relique, – mais il y avait un autre miracle eucharistique, avec une relique visible, à Cascia dont nous parlerons plus loin – qui nous attira à la cathédrale de Macerata, ville sombre et austère des Marches, où les rues étroites sont bordées d’aristocratiques palais.

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Passons maintenant aux saints : Benoît et sa sœur Scholastique, respectivement père et mère des moines et moniales qui ont planté dans la terre de l’Europe de profondes racines, nous entraînèrent dans l’épaisseur du massif des Abbruzzes, zone sismique s’il en est, au nord de l’Aquila, récemment ravagée par un tremblement de terre.

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Et l’on peut imaginer le spectacle, quand on voit l’énormité des rochers qui bordent la route. C’est à Norcia (en français Nursie), petite ville située à 600 m. d’altitude qu’on peut voir la pièce où il paraît qu’ils sont nés. Elle s’est enfoncée dans le sol au point qu’elle sert de crypte à l’une des remarquables églises du lieu, où l’on trouve aussi un musée modeste, mais où des choses étrusques, des fresques déplacées pour les sauver, sont très intelligemment présentées, et des boutiques où l’on peut acheter des croquants aux amandes et du saucisson de sanglier truffé.

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La truffe est si commune, dans la région, que nous eûmes, dans un self des plus modestes, un plat de pasta truffée pour la somme de 8 € !

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Franchissons quelques siècles. Bien différent, mais non moins grand que Benoît, voilà Saint François, que nous avons rejoint sur la montagne de la Verna (en français l’Alverne), altitude 1000 m., où, deux ans avant sa mort, il reçut les stigmates. Outre deux messes et une procession, il nous offrit une vue extraordinaire sur la vallée et l’échelonnement des chaînes de montagnes, un coucher de soleil somptueux, et, dans les deux églises du lieu, des retables en céramique des della Robbia, absolument délicieux.

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Bien sûr, c’est par esprit de pauvreté que les franciscains n’ont pas commandé des bas-reliefs de marbre à de grands sculpteurs, et se sont contentés, de terre-cuite émaillée semi industrielle. Mais du point de vue esthétique, ils n’ont rien perdu !
Les différents saints rencontrés jusqu’ici devraient pouvoir, si nous les priions suffisamment, nous aider à résoudre un problème qui turlupine nos contemporains : celui de la surpopulation et de l’épuisement des res-sources de la Planète. Car enfin, il paraît que sur cette planète, nous sommes 6 milliards d’humains. Si le milliard d’enfants avortés recensés par l’ONU ne l’avaient pas été, cela ferait 7, sans compter les enfants qu’ils auraient eux-mêmes procréés. Ce n’est pas assez ? Il faut souhaiter que les prières des cathos “pour la vie” soient exaucées ? C’est trop ? eu égard au mode de vie gaspilleur de l’Occident, au mode de vie misérable des pays sous-développés et à l’ambition des pays émergents de rattraper l’Occident, c’est sûrement trop. Mais si l’on faisait de la Terre un jardin bien cultivé et si l’on adoptait un mode de vie plus frugal, ce serait peut-être tout à fait acceptable. De façon extrême, Labre et François, de façon plus équilibrée, Benoit et Scholastique nous donnent peut-être des exemples à suivre.

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Encore deux ou trois saints et saintes : À quelques siècles de distance, en pleine guerre civile des Guelfes et des Gibelins, sainte Rita de Cascia, était une montagnarde voisine de St Benoît. Ayant perdu son mari et ses deux fils, cette mère de famille entra au couvent où elle se mit à faire des miracles attestés par des ex-votos, et conquit une popularité qui aboutit en 1900 à sa canonisation puis à la construction d’une grande basilique dans le style des années 30, d’une assez belle architecture, mais affligée de fresques d’une grande laideur qui font regretter la technique du moindre des petits maitres du quattro-, cinque-, sei-, sette- et même ottocento.

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Mais la cour de son couvent est un lieu charmant orné d’une treille d’où pendaient de grosses grappes de raisin. Cette treille est miraculeuse : Rita, par obéissance, arrosa un jour un bâton desséché et il en résulta cette vigne qui n’a cessé de fructifier depuis le XIVe s.
Dans le siècle, elle n’avait pas eu la vie facile : son mari était coléreux et il finit assassiné ; ses deux fils entreprirent de le venger en assassinant l’assassin, ce qui, à son avis, les aurait conduits tout droit en enfer. Elle pria donc le Seigneur de les rappeler à Lui avant qu’ils n’aient pu se rendre coupables d’un meurtre. Elle fut exaucée. Ils moururent de la peste après avoir pardonné à l’assassin. Je ne sais si c’est pour cela qu’elle est réputée spécialiste des causes désespérées (ou plutôt apparemment désespérées, puisqu’elle en procure la solution). Qui, à notre dangereuse époque, peut s’assurer de n’avoir jamais besoin de l’intercession de sainte Rita ?

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Si vous avez dans vos relations des jeunes qui passent des examens, conseillez-leur de prier saint Joseph de Cupertino (1603-1663) qui nous attira dans la petite ville d’Osimo, près de Loreto, exclue de tous les parcours touristiques, où pourtant on peut admirer une superbe cathédrale romane, avec une crypte qui contient les plus beaux sarco-phages que j’aie jamais vus, et où le plafond de la sacristie des frères mineurs est décoré d’une fresque de l’école de Giotto que personne ne regarde. Ce Joseph n’était pas doué pour les études et s’il vint à bout des examens qu’il devait passer pour devenir prêtre, ce fut par une intervention de la Providence qu’il jugea miraculeuse. Dans une vitrine, une multitude de livrets universitaires, de diplômes, de chapeaux d’étudiants témoigne de l’efficacité de son intercession en ce domaine. Mais sa réputation vient surtout d’autre chose : Thaumaturge, extatique, prophète, lisant dans les âmes, très sage conseiller pour ceux qui lui demandaient conseil, plus populaire de son temps que Padre Pio du nôtre, ce pauvre homme fut affligé, bien contre son gré, du don de lévitation : tandis qu’il disait la messe, il lui arrivait de s’élever dans les airs, parfois à plusieurs mètres au-dessus du sol. Tout le monde voulait le voir ! Il devenait une bête curieuse, au point que sagement, l’autorité ecclésiastique l’envoya finir ses jours discrètement, dans la clôture du couvent d’Osimo. Mais il ne prêtait pas à rire, bien au contraire ! Un prince luthérien se convertit même au catholicisme rien que pour l’avoir vu dire sa messe !

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Sainte Gemma Galgani (1878-1903) nous invita dans sa bonne ville de Lucca (en français Lucques) mais je ne vous dirai rien d’elle, car les kilomètres qui nous restaient à parcourir ne nous laissèrent pas le temps de lui rendre sa politesse dans son couvent de passionistes. Nous eûmes seulement celui de visiter, entre deux averses, la cathédrale, et d’admirer la façade d’une église du haut de laquelle une statue de Saint Michel bénit la fin de notre pèlerinage.

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Rares furent les lieux purement touristiques que nous visitâmes. Notons tout de même Recanati, près de Lorette, avec sa belle place où nous fîmes un stop d’un quart d’heure. Le grand homme de l’endroit n’est pas un saint : Giacomo Leopardi est un poète romantique italien dont je m’essayais à traduire la Ginestra, fiore del deserto lors de mes débuts dans la langue italienne. Je pus y saluer sa statue.

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La ville de Ravenne ne manque pas de saints : Vital, Apollinaire… mais ils n’inspirèrent aucun commentaire à nos organisateurs. Seules les illustris-simes mosaïques retinrent notre attention. Outre leur intérêt esthétique, elles peuvent nous inspirer quelques méditations. C’est sous la poussée des barbares et à cause de l’insécurité qui régnait à Rome, puis à Milan, que les empereurs romains établirent un temps leur capitale à Ravenne, dans un lieu que des marécages rendaient difficilement accessible, et assez voisin de la mer pour qu’on pût s’en enfuir facilement. Ils établirent là un foyer de civilisation et d’art admirable. Bonne leçon pour nous qui vivons aussi dans un temps d’invasions barbares. Ajoutons que les églises de Ravenne sont construites en briques et ne payent pas de mine de l’extérieur. C’est à l’intérieur qu’elles rayonnent. Il y a temps pour tout : un temps pour faire de petites façades de brique, un temps pour faire de grandes façades de marbre, un temps pour vivre sa religion discrètement, un temps pour l’afficher. Ajoutons encore que pendant un bout de temps c’est un Ostrogoth nommé Théodoric (454-526), un barbare plutôt bien intégré, quoique arien, qui gouverna Ravenne à la satisfaction générale et y laissa des mosaïques très appréciables. Qui sait s’il ne nous arrivera pas un jour quelque chose du même genre ?

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Terminons par la ville portuaire d’Ancône, sur l’Adriatique où les touristes ne passent que pour prendre un bateau pour la Grèce. Elle possède un centre historique petit et vite vu, mais qui recèle quelques merveilles. Je ne parlerai que d’une seule, une vue digne d’une carte postale : à l’extrémité nord du Port s’élève l’arc triomphal de l’empereur Trajan, qui fit aménager un port en cet endroit. Un rempart du XVe siècle court à proximité. Sous le plein cintre de l’arc, on voit, en haut de la colline, la cathédrale romane du XIIe s. Tout autour, les grues et les grands navires d’un port d’aujourd’hui. C’est un résumé de toute l’Italie, avec son socle antique, son imprégnation catholique et sa modernité.

Jacqueline Picoche