Les Français étaient au rendez-vous de la manifestation du dimanche 24 mars. Il est inutile d’entrer dans la querelle des chiffres. Le gouvernement, ses ministres et ses affidés ont décidé de mener leur guerre contre ces Français qui disent non à leur diktat et qui sont leurs seuls ennemis. Et, comme cette guerre est d’abord psychologique, la première règle stratégique que suivent les états-majors du parti au pouvoir, consiste à affirmer l’inexistence ou plus exactement la non-réalité du puissant mouvement de protestation que suscite dans le pays réel leur plan programmé de destruction totale de l’ensemble des institutions et des structures de la France historique, concrète et vraie.
Les vues photographiques seules les empêchent de proclamer aussi solennellement que benoîtement qu’il n’y avait à se promener ce jour-là de l’arche de la Défense à l’arche de l’Etoile qu’une ou deux petites familles françaises, reconnues, d’ailleurs, à leur allure quelque peu désuète.
Les voilà contraints de reconnaître qu’elles étaient peut-être quelques dizaines, voire quelques centaines, ce qui, avouent-ils, les a surpris ! Car ils trouvent même que ça fait beaucoup pour une survivance dont l’inanité ne serait même plus à démontrer. Donc il était normal, disent-ils avec cet aplomb dans le mensonge qui les caractérise, de resserrer l’espace que la loi en principe les obligeait à réserver à ces familles pour leur déambulation dominicale. Et tant pis pour les incidents que, d’ailleurs, en secret ils prévoyaient afin de jeter les torts et donc le discrédit sur cette manifestation d’honnêtes gens parfaitement pacifiques.
Tels sont les procédés de ce petit monde de politiciens : ils n’en ont jamais eu d’autres. Ces bourgeois, fils de bourgeois pour la plupart d’entre eux, et qui n’ont jamais connu la peur ni la misère, trop heureux de profiter de l’ordre social pour assurer leur tranquillité et leur carrière, se contentant d’ajuster leurs discours électoraux sur les thèmes ordinaires du lyrisme révolutionnaire, ayant obtenu ce qu’ils cherchaient, à savoir le pouvoir, les places, les honneurs, les chauffeurs, les gendarmes et la police, tout l’appareil d’Etat et, bonheur suprême, les drapeaux qui s’inclinent à leur passage, ces drapeaux dont leur jeunesse ricanait, se sentent maintenant assez forts pour achever leur dessein pour lequel ils osent revendiquer l’autorité d’une légalité dûment estampillée et, mieux encore, l’infaillibilité d’une légitimité que leur accession au pouvoir suffirait prétendument à prouver.
Les voici donc les défenseurs attitrés du nouvel ordre civil et social, dit sociétal, qu’ils ont institué et qui n’est rien d’autre que le désordre moral et politique – archiconnu – dont ils vivent et qui formait la matière des revendications dont leurs campagnes électorales s’armaient pour s’emparer du pouvoir.
Suprême retournement d’une situation qui touche au comble du ridicule : eux qui n’ont jamais envisagé de légitimité politique que dans les révoltes de la rue où ils puisent les exemples de leur conception monomaniaque qui leur tient lieu de philosophie sociale et de rhétorique politicienne, aujourd’hui s’asseyent sur leur trône d’aventuriers de passage pour brandir leur sceptre et leur main de justice et, usant des grands sceaux qu’ils ont à leur disposition, exigent l’obéissance du peuple aux lois qu’ils façonnent dans leurs conventicules et qu’ils votent sans souci même des plus justes réactions, en affirmant hautement que force doit rester à la loi et que la rue ne saurait s’imposer pour avoir le dernier mot. François Hollande ne s’est-il pas laissé aller à dire : il n’est pas possible de « céder » à la rue ; la loi, c’est la loi et c’est moi qui la promulgue. En effet ! Cependant il convient de peser ces mots qui sont sortis de la bouche de ce révolutionnaire d’opérette qui n’a jamais manqué d’un croissant à ses petits-déjeuners ! Car, enfin, son pouvoir à lui, d’où vient-il ? Leur pouvoir, d’où sort-il ?
Il suffit d’écouter ces médiocres esprits qui occupent le pouvoir on ne sait trop pourquoi, pour se rendre compte qu’à la différence de leurs prédécesseurs et, en particulier, d’un François Mitterrand, ils ne sont plus, mais plus du tout, à la hauteur de la situation. Sans culture vraie, sans connaissance ni de la vie ni des choses de la vie, ils sont simplement incapables. Ne pouvant résoudre aucun des problèmes de la France d’aujourd’hui, ils s’accrochent à un projet dit sociétal, aussi monstrueux qu’inepte, car ils y voient par nécessité l’unique justification de leur pouvoir et, sans doute, de leur vie : la France traditionnelle à détruire pour se revancher de leur inaptitude à construire.
Il n’y a pas à s’étonner de ce qui va suivre. Ils iront jusqu’au bout de leur sottise. Ils en paieront le prix. Loin d’améliorer la situation, ils l’aggraveront. Leur inconséquence aura des effets politiques dévastateurs. Leur pouvoir ne durera pas longtemps. La vraie question qui se pose aux Français, est désormais d’ordre politique.