Oratoire en l’honneur de Saint Benoît-Joseph Labre sur le chemin du sanctuaire St Gens en Provence

Après un long purgatoire de 6 ans, l’oratoire est enfin sorti de terre. L’emplacement se trouve 100 m avant le sanctuaire, sur le côté droit de la route dans le vallon du Beaucet. En belle pierre de taille, l’oratoire accueillera les pèlerins qui se rendent, nombreux, au sanctuaire St Gens.

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Monseigneur Cattenoz a autorisé de le bâtir sur le terrain appartenant au diocèse.

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Cet oratoire porte le souvenir de Jean-Claude Constantin, notre architecte de l’association La Route de l’Europe chrétienne, décédé le 4 novembre 2015. C’était en effet Jean-Claude qui dressait les plans de tous les oratoires. L’association lui voue une vive reconnaissance.

Avant d’atterrir au Beaucet, à 100 m de l’entrée du sanctuaire de Saint-Gens, les éléments constitutifs de ce bel oratoire ont commencé par effectuer un très long périple qui a débuté en 2009.
À l’origine en effet, l’oratoire était destiné à être élevé à Loreto en Italie, sanctuaire fameux de la Sainte Vierge sur l’Adriatique et lieu vénéré par notre grand saint mendiant qui s’y était rendu douze fois en pèlerinage.
Monseigneur Tonucci, évêque de Loreto, avait donné son accord, il avait même bénit la « première pierre » en présence de toute l’association La Route de l’Europe chrétienne qui avait organisé un voyage spécial réunissant quarante Français. Mais hélas, les mois et les années passèrent ensuite sans pouvoir observer la moindre construction s’élever au-dessus de la terre. En dépit de nombreux courriers adressés à la Mairie, en dépit des appels de plus en plus angoissés, force nous fut bientôt de constater que rien ne se faisait et que rien ne se ferait…
Benoît-Joseph restait toujours enfermé dans sa boîte sans jamais bénéficier de la moindre maison. Il nous a donc fallu admettre, une fois
de plus, que saint Benoît-Joseph Labre, notre « hirondelle de grands chemins » n’était pas accueillie. Après six ans de vaines démarches et d’attente, nous sommes donc retournés à Loreto pour récupérer tous les matériels que nous y avions déposé : la statue, la coquille, la Croix et la grille, l’inscription et les deux logos. Peut-être saint Benoît-Joseph Labre avait-il le mal du pays et préférait-il la Provence, ce Pays si accueillant qui l’avait reçu en 1772 ou 1773 lorsqu’il était venu au Beaucet, vénérer saint Gens ? Il n’a pas perdu au change, car la construction grandiose réalisée par Marcet Cyrille en pierre de Cabéran, vaut les plus beaux marbres d’Italie et offre une meilleure résistance aux épreuves du temps. Honneur au chef-d’œuvre de nos deux tailleurs de pierre ! Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage !

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Les artisans de la construction sont d’abord tous les adhérents de la Route de l’Europe chrétienne qui, par leurs cotisations et souvent par leurs dons, ont permis l’achat des matériaux et le salaire des tailleurs de pierre. À ce jour, l’association compte 262 membres. Ensuite le sculpteur de la statue, M. Pierre-Louis Chomel de Marseille qui a réalisé cette belle statue de saint Benoît-Joseph Labre avec son crucifix, l’Évangile, un sac de voyageur et un plat qui lui permettait de recueillir de l’eau et quelques nourritures. La ferronnerie est l’œuvre de M. Mauro Artioli de Velleron qui a forgé de main de maître la Croix et soudé la grille. L’inscription et les deux logos ont été réalisés par M. Pascal Beauvais, sculpteur vivant à Brive. Les pierres de taille ont été données par
M. Claude Drap de Carpentras. Le montage et la taille des pierres sont le chef-d’œuvre de nos deux tailleurs de pierre : Marc Saglietto et Cyrille Berard. Sachez que l’oratoire mesure 3,50 m de haut (sans Croix) et qu’il pèse 3 tonnes. Il repose sur de solides fondations, rendues nécessaires par l’humidité du sol. Œuvre majestueuse, d’un classicisme affirmé et qui a voulu rendre hommage au moine pèlerin, vagabond de Dieu, qui n’a jamais eu de maison et qui couchait en plein air, dans les étables ou à Rome dans les ruines du Colisée. L’oratoire porte sur son fut une belle céramique, représentant Notre Dame de Loreto, en souvenir de l’affection particulière qui unissait Benoît-Joseph à la Santa Casa de Loreto et à sa célèbre Vierge Noire. Le terrain a été généreusement mis à notre disposition par Monseigneur Cattenoz, notre Archevêque, que nous remercions chaleureusement.

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SAINT BENOÎT-JOSEPH LABRE (1748-1783)

Né en 1748 dans le Pas-de-Calais (Amettes), il passa sa vie à cheminer sur les « sentiers de traverses », en Europe et souvent en Provence, tout en priant, ne vivant que du strict nécessaire, « le plus pauvre des pauvres », allant de lieux saints en lieux saints et se mortifiant. Comme s’est plu à le nommer Sully Prudhomme, cette « hirondelle des grands
chemins » a semé la foi sur son passage. Il a accompli des miracles, fait naître des vocations, a prédit des faits qui se sont réalisés, a sauvé des vies et a laissé des traces ineffaçables, puisque de son vivant, le peuple le vénérait déjà comme un saint ! Sa santé ne lui permettait pas la vie en
communauté religieuses, après plusieurs essais, devenu novice en 1770 sous le nom de frère Urbain, il quitta sa famille et son pays natal pour prendre le chemin vers Rome où il finit ses jours à seulement 35 ans après une vie bien remplie. Lorsqu’il s’éteignit, malade, épuisé, sur les marches de l’église Notre Dame des Monts, les enfants de Rome s’en allaient dans les rues de la ville sainte en s’écriant « le saint est mort, le saint est mort ». Il sera béatifié en 1860 et canonisé en 1881. Il est fêté le 16 avril. C’est le seul saint Français qui repose dans la ville éternelle.

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En Provence, Saint Benoît-Joseph Labre est passé en Vaucluse. L’histoire locale signale son passage en Avignon où il passa plusieurs jours sous le porche de Notre Dame des Doms et rayonnant de là dans les lieux de pèlerinage locaux, d’abord à la Métropole Notre Dame des Doms, puis Notre Dame de Rochefort et probablement Notre Dame du Bon Remède à Saint-Michel-de-Frigolet. On signale qu’il séjourna à Noves et à Verquières. À l’Isle-sur-Sorgue on indique un banc de pierre sur lequel il s’est reposé. À Carpentras enfin, il fit un séjour assez prolongé pour vénérer le Saint Mors et prier à Notre Dame de Santé.
De là, il a rayonné aux alentours, à Venasque, et spécialement au sanctuaire de Saint-Gens (originaire de Monteux, ce jeune garçon s’était retiré au Beaucet où il acquit la réputation de faire venir la pluie, il est patron de la Provence) au Beaucet où se trouve d’ailleurs un autel qui lui est dédié avec une statue qui a servi de modèle à notre sculpteur pour notre nouvel oratoire. Pendant son séjour à Carpentras, Benoît-Joseph a reçu l’hospitalité dans une maison du quartier Saint-Jacques qui, dès 1783, va devenir le quartier Saint-Labre et le chemin sur lequel se trouvait cette maison, le chemin Saint-Labre. L’Abbé Gruzu, chanoine de la cathédrale de Saint-Siffrein, possédait une propriété dans ce quartier et y fit édifier un oratoire en l’honneur de notre saint avec trois colonnes en marbre noir et un dôme en céramique. Disparu après la guerre de 14-18, cet oratoire a été rebâti par la ville en 2010. Saint Benoît-Joseph Labre protège ainsi les Carpentrassiens, dontil avait conquis le cœur et fait l’admiration par sa vie de pauvreté, de prière et de pénitence.

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À Suze la Rousse, Benoît-Joseph fut hébergé par la famille Rouget dans la Grand-Rue et on sait qu’il passa une nuit de prières dans l’ancienne église. Béatifié par le Pape Pie IX en 1860, l’église de Suze s’enorgueillit d’une statue que l’on peut encore voir aujourd’hui. A Pierrelatte, notre pèlerin aurait trouvé refuge chez la famille Allard qui possédait alors le domaine de Beauplan. A Bollène, Benoît-Joseph est hébergé dans le couvent du Saint-Sacrement. Les religieuses vénéraient notre saint mendiant pour la réputation qu’il avait déjà acquise dans les campagnes: elles firent un jour une neuvaine à Benoît Labre pour la guérison d’une de leurs compagnes très malade dont le cas était désespéré. Guérie, cette sœur, sœur Théotiste écrivait et était une excellente musicienne. Elle écrivit un poème à la gloire de Benoît-Joseph et surtout un cantique de 16 strophes dont voici la première :
« Benoît-Joseph, ô pauvre incomparable
De ton crédit l’on ressent les effets.
Vois en pitié mon état déplorable.
Entends mes voeux,accomplis mes souhaits. »

Martyrisée, cette soeur fit partie des 32 martyrs d’Orange. A Piolenc, la famille Bernard qui tenait une auberge, offrit le gîte et le couvert à notre saint mendiant. Il refusa la chambre, lui préférant comme le Divin Enfant de la crèche, une misérable étable à moutons où il consacra une nuit à la prière autant qu’au sommeil. Cette famille fut favorisée dans la suite de grâces singulières de vocations. Il y eut en effet, à chaque génération un ou plusieurs prêtres et encore aujourd’hui (2008), cette famille s’honore d’avoir un religieux Carme. L’église de Valréas aurait possédé aussi sa statue. Benoît-Joseph Labre aurait en effet, été reçu dans une maison de la ville où un fait curieux se serait produit : ayant fermé sa maison à clef, le maître de maison, le lendemain, trouve son hôte en prières au pied de la Croix du cimetière. Dans le village de Meyreuil où il s’arrêta et trouva asile dans la famille Lafarge (célèbre depuis pour ses ciments, chaux et béton), il prédit que ses descendants feraient de grandes réussites en affaires, faits exacts qui arrivèrent par la suite. Une des religieuses de la Sainte Baume, Soeur Marie Pascale raconte qu’elle fut étonnée de voir la statue de Benoît-Joseph orner le bureau du PDG de la société Lafarge à Paris.

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Après son départ du monastère de Sept Fons, Paray-le-Monial fut la première halte qui marqua définitivement sa vie mystique. À l’arrivée à Paray, il s’est aussitôt rendu à la chapelle des apparitions où Notre Seigneur, près de cent ans auparavant, avait manifesté son Cœur à soeur Marguerite-Marie Alacoque. Mais le visiteur tombe en défaillance. Aussitôt, on le transporte au parloir du couvent où on le réconforte. Mais il a besoin d’être soigné. Marguerite-Marie est morte depuis 80 ans et la dévotion au Cœur de Jésus, malgré ses adversaires, a cependant opéré de rapides progrès. La halte forcée que fait Benoît-Joseph à Paray, revêt alors une grande importance, car il va désormais chaque soir se consacrer au Cœur du Sauveur. « Je veux de tout mon coeur reposer
dans Votre sainte Grâce. Ce cœur que Vous m’avez donné, où puis-je mieux le placer que dans le Vôtre ? C’est là que je le dépose, ô mon doux Jésus, c’est là que je veux habiter et que je veux prendre
mon repos. » La halte à Paray encourage aussi Benoît-Joseph à mener une vie de réparation. Le Cœur de Jésus s’épanchant en celui de sa confidente, ne s’est-il pas plaint de ne recevoir des hommes que des ingratitudes ? Il fait sienne la demande adressée à Sainte Marguerite-
Marie : « Du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leurs ingratitudes,
autant que tu pourras en être capable. » On comprend mieux alors son goût de la pénitence héroïque. Pour la faute des hommes, il sera lui aussi, une victime de réparation, il en témoignera sur tous ses
chemins.

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