Des instructions de Saint Colomban lues le 22 novembre 2009

Célébration du Transito à l’abbaye de Saint Colomban, Bobbio, Province d’Emilia Romagna

Très chers frères, écoutez attentivement. Ce que je vais vous dire est nécessaire à votre bien. Ce sont des vérités qui apaiseront la soif de votre âme. Je vais vous parler de l’inépuisable source divine. Mais, pour paradoxal que cela paraisse, je vais vous dire: n’étanchez jamais votre soif. Ainsi, vous pourrez continuer à boire à la source de la vie, sans jamais cesser de la désirer. C’est la même source, la fontaine de l’eau vive qui vous appelle à elle et vous dit: Celui qui a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive (Jn 7,37).

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Il faut bien comprendre ce que l’on doit boire, le prophète Jérémie lui-même vous le dit, la source elle-même vous le dit: “Ils m’ont abandonné, moi, source d’eau vive”, dit le Seigneur (Jér 2,13). C’est donc notre Seigneur Lui-même, notre Dieu Jésus Christ, cette source de vie qui nous invite à Lui pour que nous Le buvions. Celui qui L’aime, Le boit. Il Le boit, celui qui se désaltère de la parole de Dieu, celui qui L’aime ardemment d’un vif désir. Il Le boit, celui qui brûle d’amour pour la Sagesse.

Observez bien d’où jaillit cette source, puisque Celui-là même qui est le Pain est aussi la Source, le Fils unique, notre Dieu Jésus Christ dont nous devons avoir toujours avoir faim. Il est vrai qu’en L’aimant, nous le mangeons et en Le désirant nous L’introduisons en nous. Toutefois, nous devons toujours Le désirer comme des affamés. De toute la force de notre amour, nous Le buvons, Lui qui est notre Source, nous y puisons avec toute l’intensité de notre cœur et nous goûtons la douceur de Son Amour.

Le Seigneur, en fait, est doux et exquis: bien que nous Le mangeons et Le buvons, nous devons toutefois en avoir toujours faim et soif, parce que c’est notre nourriture et notre boisson. Personne ne pourra jamais Le manger et Le boire entièrement, parce qu’en Le mangeant et en Le buvant Il ne se tarit pas, ni ne se consume. Notre Pain que voici est éternel, notre Source que voici intarissable, notre Fontaine est douce.

Si tu as soif, bois à la Fontaine de la vie, si tu as faim, mange de ce Pain de vie. Bienheureux ceux qui ont faim de ce pain et soif de cette eau, parce que alors qu’ils en mangent et en boivent toujours, ils désirent en manger et en boire encore. Elle doit être, sans doute, indiciblement délicieuse, la nourriture qu’on mange et la boisson qu’on boit pour ne s’en sentir jamais rassasiés et ennuyés, au contraire, toujours plus satisfaits et avides. C’est pourquoi le prophète dit: “Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur.” (Sal 33,9)

Écoutons, ô frères, l’invitation avec laquelle la Vie même qui est source non seulement d’eau vive, mais aussi de vie éternelle et de lumière, nous appelle à Elle. De Lui, bien sûr, proviennent la Sagesse, la Vie, la Lumière éternelle. L’Auteur de la vie est source de la vie, le Créateur de la lumière, la Source même de la lumière. Ne faisons pas attention aux choses qui nous entourent, mais pointons notre regard vers le haut, vers la source de la lumière, de la vie et de l’eau vive. Faisons comme font les poissons qui émergent de la mer attirés par la source lumineuse. Élevons-nous pour boire à la source d’eau vive qui jaillit pour la vie éternelle (Jn 4,14).

Oh, si Toi, ô Dieu miséricordieux et Seigneur charitable, Tu daignes m’appeler à cette source, parce que, moi aussi, ensemble avec tous ceux qui ont soif de Toi, je puisse boire de l’eau vive qui jaillit de Toi, Source vive! Puisses-tu m’enivrer de Ton indicible douceur sans jamais détacher plus de Toi, juste pour dire: comme elle est douce, la source de l’eau vive, son eau qui jaillit pour la vie éternelle ne manquera jamais!

Ô Seigneur, Toi-même est cette Source, éternellement désirable dont nous devons continuellement nous désaltérer et dont nous aurons toujours soif. Donne-nous toujours, ô Christ Seigneur cette eau pour qu’elle se transforme aussi en nous en source d’eau vive qui jaillit pour la vie éternelle!

Je demande, certes, une grande chose, qui ne le sait pas? Toi seul, ô Roi de la Gloire, Tu sais donner des choses grandes et Tu as promis des choses grandes. Rien n’est plus grand que Toi, mais Tu T’es donné à nous et Tu T’es immolé pour nous.

Pour cela, nous Te prions de nous faire connaître Celui que nous aimons, puisque nous ne cherchons rien à avoir, en dehors de Toi. Tu es tout pour nous: notre vie, notre lumière, notre salut, notre nourriture, notre boisson, notre Dieu. Je Te prie, ô notre Père, d’inspirer nos cœurs du souffle de Ton Esprit et de transpercer de Ton amour nos âmes pour que chacun de nous puisse dire en toute vérité: Fais-moi connaître Celui que mon âme aime (Ct 1,6). Je suis en fait blessé de Ton amour.

Je désire que ces blessures soient imprimées en moi, ô Seigneur. Bienheureuse l’âme transpercée par la charité! Elle cherchera la source, elle en boira. En buvant, elle en aura toujours soif. En se désaltérant, elle désirera ardemment Celui dont elle a toujours soif, tout en continuant à en boire. De cette façon, pour l’âme, l’amour est soif qui cherche avec avidité, il est blessure qui guérit. Dieu et notre Seigneur Jésus Christ, médecin charitable, daigne brûler avec cette blessure salutaire le plus profond de mon âme, Lui qui ensemble avec le Père et le Saint Esprit est un seul Dieu pour les siècles des siècles. Amen.