Nous vous écrivons de Bobbio où nous sommes parvenus le lundi 27 août par une chaleur torride. Depuis la traversée du Pô, les pluies ont cessé et sans transition nous sommes plongés dans la fournaise méridionale. Vous imaginez sans peine la joie profonde qui nous habitait lorsqu’à l’entrée de Bobbio, après une étape de 39 km nous avons aperçu la belle statue de Saint Colomban, le soleil sur la poitrine et la colombe sur l’épaule, qui nous tendait la main pour nous bénir. En marche depuis le 15 avril, au depart de la fontaine Saint Michel à Paris, c’était enfin l’arrivée à la Terre promise, après 2800 km effectués en quatre mois et quinze jours. Magnificat anima mea !
Nous vous avions laissé la dernière fois en Allemagne à Waldshut, en bordure du Rhin. Avec Saint Colomban et ses douze disciples il nous restait à traverser la Suisse en suivant la Limmat, le lac de Zurich,
Tuggen, Saint Gall,
Rorschach et le lac de Constance pour arriver à Bregenz en Autriche.
Grâce à l’action d’un prêtre éminent, Albert Holenstein, Bregenz a bâti une superbe église d’un beau moderne à Saint Colomban où l’on vénère ses reliques. Un menhir importé de Bangor ainsi que la réplique de la statue de Luxeuil signent ce lieu d’une marque indélébile. Atteint par la limite d’âge, Albert Holenstein, prêtre, est parti finir ses jours en Roumanie où il a déjà bâti un séminaire et deux églises. Il est à l’origine du mouvement Missio qui financæ dans le Tiers Monde la formation des prêtres, soutient les lépreux et bâtit écoles et dispensaires. Quel exemple et quel magnifique héritage colombanien.
Puis vinrent les journées difficiles en remontant le Rhin, où il nous a fallu escalader les montagnes et trouver les cols pour traverser les Alpes.
Claudia avait plus de facilité que moi, pour cet exercice périlleux qui donne pourtant de belles satisfactions sur le plan esthétique. Cette traversée héroïque des Alpes n’aurait pu se faire sans l’aide de vos prières que nous avons bien senti et qui nous ont aidé à supporter les épreuves. C’est en approchant du Col du Septimer (2310 m) et en le franchissant que nous avons le mieux réalisé que nous mettions nos pas dans les traces de Saint Colomban.
D’ailleurs une belle croix, au sommet était là pour nous le rappeler “ô Crux ave, spes unica salve!” La descente très raide sur l’Italie s’est effectuée dans la même journée en utilisant la voie Romaine, encore intacte sur de nombreuses portions. Partis à 6h de Bivio, nous étions rendus le soir en ltalie
et à 18h nous pouvions assister à la Sainte Messe dite ce jour-la en l’honneur de Saint Roch dans une église dédiée à Saint Sébastien. Merveilleuse Italie pleine d’églises et bruissante de cloches, fidèle à Rome et pieuse, où l’accueil dans les paroisses est toujours chaleureux et où nous sommes sûrs d’avoir tous les jours la Sainte Messe.
Bientôt nous étions sur les rives du lac de Come et dans la plaine du Pô. Contournement de Milan par l’Est par Lodi jusqu’au moment où il nous a fallu traverser le grand fleuve, le pô. L’arrivée à Piacenza était déjà une grâce que nous accordait la Sainte Vierge avec l’hospitalité des soeurs missionnaires de Mgr Scalabrini.
Avant Bobbio nous avons passé deux jours à San Damiano où nous avons eu la joie de retrouver nos amis Tourbin.
Marie-Alice et Joseph Gérard nous ont offert l’hospitalité et nous avons participé avec eux à ces belles récitations du rosaire dans le jardin de Paradis que le Seigneur dans Sa Bonté nous a accordé par l’intermédiaire de Sa Sainte Mère.
Toutes vos intentions ont pu être ainsi posées aux pieds de la Madone Miraculeuse des Roses. “Madonna Miracolosa delle Rose vogliamo il Tuo trionfo.”
Lundi enfin ce fut l’arrivée dans cette petite ville de Bobbio bâtie sur les rives de la Trebbia et construite autour de l’Abbaye qui en constitue le point central. Tout le monde nous a fêté, la population heureusement ne compte que 8000 habitants !
Du Ponte Vecchio où nous nous sommes rendus hier, on a une vue admirable sur la ville dominée par les montagnes bleues et entourée par les méandres de la Trebbia, un fleuve de montagne aux eaux rapides et limpides qui se jette dans le Pô.
Demain nous allons reprendre nos bâtons pour traverser les Appenins en direction de Pontremoli en suivant l’antique chemin qu’utilisaient les abbés pour se rendre à Rome. Puis ce sera la Toscane, Lucca, Gricigliano, La Verna et enfin Notre Dame de Lorette que nous pensons atteindre le 23 septembre. Ce n’est qu’après avoir remercié Notre Dame que nous pourrons songer à prendre le chemin du retour, mais par le train.
Le grand enseignement de cette route, c’est encore Saint Colomban qui nous le donne. Il suffit de lire la belle devise qui est écrite sur son tombeau et de la vivre : “CHRISTI SUMUS, NON NOSTRI”
La route de Saint Colomban est ouverte.