Voyage-pèlerinage du 28 juin au 10 juillet 2013 Italie, Rép. Tchèque, Pologne, Slovaquie, Hongrie, Autriche, Allemagne

Aux sources de l’Europe chretienne

NOUS PARTIMES QUARANTE-CINQ, dont notre chauffeur habituel, Philippe, les deux organisateurs, Robert et Claudia Mestelan, deux prêtres, le P. Marcel Bang et le chanoine Gérard Trauchessec, et quarante pèlerins de base, plus ou moins jeunes retraité(e)s.
D’Avignon à Avignon, dans la sérénité et la gentillesse, le chauffeur de notre car a couvert ses 5000 kilomètres, et les nombreux chants, prières, exhortations, lectures, vidéos et musiques qui se déroulaient pendant que le car roulait nous empêchaient de trouver le temps long et contribuaient, espérons-le, à notre sanctification.

Les organisateurs avaient fait des prodiges de documentation et de négociations avec hôtels, maisons religieuses, restaurants, pour que ce voyage soit à la portée de (presque) toutes les bourses. Ils n’ont cessé, pendant sa réalisation, de veiller à tous les détails pour que tout se passe bien, et tout se passa bien.

Le fait de disposer pour quarante fidèles de deux prêtres (et même d’un troisième dont nous parlerons plus loin) est une chose extraordinaire, si l’on considère que selon les statistiques les plus récentes, il n’y aurait dans le monde que 413.418 prêtres diocésains et religieux, pour plus d’1 milliard 200 millions de catholiques (calculera qui voudra le pourcentage). Le Père Marcel est le noir curé de Beaumes de Venise, né Camerounais, qui n’a appris et ne connait que la messe “ordinaire”, et qui avait pu laisser le soin de ses sept paroisses à un remplaçant. Plus âgé, le chanoine Trauchessec, qui fêta, le 29 juin, le 52e anniversaire de sa “prise de soutane” (soit 47 ans de sacerdoce), n’a jamais quitté ce vêtement. Il fait partie de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, qui est de droit pontifical et dont les membres ont le privilège de ne célébrer que la messe “extraordinaire”. Les pèlerins eurent donc le choix entre deux messes quotidiennes, l’ancienne et la nouvelle. Une bonne dizaine d’entre eux se révélèrent être des inconditionnels de l’ancienne. Les autres semblaient avoir intégré la formule de Benoit XVI selon laquelle il ne s’agit que de “deux formes différentes de l’unique rite romain” et passaient facilement de l’un à l’autre, quoique avec une fréquentant plutôt la nouvelle. Le point positif est que cette coexistence fut non seulement pacifique mais cordiale et fraternelle. Le chanoine Trauchessec ne parla, en ce qui concerne son choix, que d’une “légitime préférence”, et l’on n’entendit jamais, d’un bord à l’autre, échanger aigrement les qualificatifs de “tradis” et de ”propros”, de “conciliaires” et d’“intégristes”. Non, non, il n’y avait, dans ce car, et à table, que des catholiques.

Nous étions, sans le savoir, tout à fait dans la ligne du colloque Sacra Liturgia qui s’est tenu à Rome du 25 au 28 juin “afin d’étudier, promouvoir et renouveler la formation liturgique, l’esprit, et le sens de la célébration dans ses fondements pour la mission de l’Eglise, en particulier à la lumière de l’enseignement et de l’exemple de Sa Sainteté, le Pape Benoît XVI ”. Ce colloque, était “biformiste”, c’est-à-dire que les célébrations avaient lieu tantôt selon la forme ordinaire tantôt selon la forme extraordinaire du rite romain, la forme ordinaire étant au maximum extraordinarisée par l’orientation du célébrant, l’usage du latin, du plain chant et de la polyphonie romaine (d’après Présent du 13/07/13).

Les pèlerins de base, parmi lesquels le corps enseignant était assez bien représenté, et dont le corps médical n’était pas absent, gagnaient tous à être connus, mais deux d’entre eux se signalèrent à l’attention générale : Anne Pinatelle est une organiste de grand talent qui nous donna un concert dans la basilique baroque de Velehrad et accompagna quelques unes de nos messes.

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En compagnie de sa femme Béatrice, ex-professeur d’allemand et traductrice appréciée, joyeusement, Claude Torcheboeuf suivit le mouvement dans un fauteuil roulant qui se dépliait et se repliait selon qu’on le tirait de la soute du car ou qu’on l’y introduisait. Sa maladie génétique, appelée “ostéogenèse imparfaite”, ne l’empêcha pas d’exercer la profession d’horloger et de se marier. Claude et Béatrice adoptèrent trois enfants et sont aujourd’hui grands-parents. Ils vivent dans le Vaucluse et ont aménagé en “gite rural” une maison qu’ils mettent volontiers à la disposition de leurs parents ou amis qui voudraient séjourner quelque temps à proximité de l’abbaye du Barroux.

UN PEU DE GÉOGRAPHIE
Il y a quelque 2 millions d’années, Dieu entreprit un grand plissement de l’écorce terrestre qui aboutit à créer les Alpes et leurs sous-chaines aux noms multiples à l’intention (pourquoi pas? les desseins de la Providence sont insondables !) des futurs habitants de l’Europe Centrale, région pas vraiment inconnue, mais plutôt méconnue des Français. Outre qu’elle a été pendant 45 ans coupée en deux par un “rideau de fer” dont la disparition ne remonte même pas à vingt-cinq ans, l’allemand est peu enseigné dans nos collèges et lycées, les langues slaves ne le sont que dans des instituts très spécialisés, sans parler du hongrois, guère parlé par plus de 12 millions de personnes, complètement isolé dans sa spécificité finno-ougrienne. Une redoutable “barrière des langues”, donc! Et pas de bord de mer pour y nager, surfer, ou naviguer… Bref, les Français n’y vont pas en vacances, et beaucoup seraient aussi peu capables de situer sur une carte la Moravie que la Namibie, ou la Slovaquie que le Honduras…

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En créant ces montagnes, Dieu préparait pour leurs futurs habitants des points de vue sublimes bien propres à élever leurs âmes vers sa divinité et nous en contemplâmes! Il leur préparait aussi le poumon que constituent de grandes forêts. Il leur préparait enfin un château d’eau d’où découlent plusieurs grands fleuves : Dans le sens ouest-est, au sud des Alpes (donc au nord de l’Italie), le Po, dont nous parcourûmes la plaine le premier jour. Au nord des Alpes le Danube, avec ses affluents, dont le bassin moyen constitua l’essentiel de notre voyage. Dans le sens sud-nord, la Vistule que nous aperçûmes à Cracovie et le Rhin que nous traversâmes, le dernier jour, à la hauteur de Strasbourg. Enfin, dans le sens nord-sud, le Rhône, que les pèlerins méridionaux longèrent, sur leur retour, de Lyon à Avignon. Les plaines du Po et du Danube offrent aux agriculteurs un limon fertile, mais apparemment, pas de roches fournissant de nobles pierres de taille,

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d’où la surprise de trouver à Padoue une basilique Saint Antoine du XIIIe s. entièrement en briques rouges, couverte à l’intérieur de fresques partout où les splendeurs du baroque n’illustrent pas le tombeau et les reliques du Grand Saint. D’où aussi, les enduits qui couvrent presque tous les murs d’Europe Centrale, tant ceux des modestes maisons basses des villages moraves que les palais des bourgeois de Cracovie, et les parent des douces couleurs de la glace à la vanille ou à la pistache, du sorbet à la fraise, et de la crème chantilly.

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Notre itinéraire : Le 28/06 on longe la côte d’Azur et la riviera ligure, avec un stop à Arenzano, près de Gênes. On passe un col et nous voilà dans la plaine du Pô que nous parcourons jusqu’à Udine avec un stop à Padoue (près de 1000 km en une seule journée!). Le 29/06 après de nombreux tunnels et échappées sur la montagne, nous voilà dans la partie plate de l’Autriche, où nous ne nous arrêtons pas. Nous roulons vers le nord jusqu’à Velehrad qui se situe en Moravie, province méridionale de la République tchèque. Le 30/06, nous marquons un stop à Olomouc (Olmütz du temps de l’empire austro-hongrois) ville principale de la Moravie, et nous continuons jusqu’à Wadowice en Pologne, où nous passerons deux nuits chez les Carmes. Le 01/07, nous visitons Wadowice et la localité voisine de Kalwaria Zebrzydowska.

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Le 02/07 nous visitons Cracovie, puis nous franchissons la chaine des Tatras, très escarpée, qui culmine à 2600 m et abrite encore dans ses forêts primaires des ours, des loups et des lynx, et nous voilà en Slovaquie, hébergés dans le village de Spisska Sobota où nous passons deux nuits dans une authentique maison du XVIIe s., peinte en vert clair et aménagée en agréable auberge.

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Pour l’anecdote, je précise que nous franchîmes à pied la frontière entre la Pologne et la Slovaquie, pour rendre le poids de notre car compatible avec la capacité de résistance du pont qui traverse la petite rivière-frontière. Le 03/07, nous sommes à peu de kilomètres de l’Ukraine au château de Spisska Pohradie et au sanctuaire de Levoca, notre ultime point oriental. Désormais, nous nous dirigerons vers l’ouest. Le 04/07 nous visitons Nitra, ville importante de la Slovaquie où nous couchons deux nuits au séminaire (majestueux monument du XVIIIe s.) et assistons le 5 à la Fête Nationale slovaque et à la et bénédiction d’un oratoire de l’association. Le 06/07 nous faisons étape à Györ, en Hongrie, après un stop à Esztergom où l’on domine une courbe du Danube et un stop à Pannonhalma, et le 07/07, après la visite de Györ, cérémonie au sanctuaire autrichien de Maria Dreieichen (Marie aux trois chênes), à une cinquantaine de kilomètres de Vienne, où nous allons coucher pour deux nuits. Le 08/07, c’est le château de Schönbrunn et la cathédrale St Etienne, et la fin de notre pèlerinage . Le 9 et le 10 nous ne ferons plus que rouler sur le chemin du retour.

LES RÉALISATIONS DE L’ASSOCIATION Tout le monde n’est pas obligé de savoir que le but de la Route de l’Europe chrétienne est la rechristianisation de l’Europe par le moyen de l’implantation, partout où cela se révèle possible, d’oratoires, petits édifices rappelant aux passants quelque chose de l’histoire religieuse du pays. Cela demande beaucoup d’autorisations, des collectes de fonds, cela oblige à remuer pas mal de personnes officielles qui, à l’occasion, peuvent se souvenir qu’elles sont chrétiennes. Or, les organisateurs n’en étaient pas à leur première visite. Dès 2006, un oratoire avait été implanté à Wadowice, ville natale de Jean-Paul II, et un autre en 2007 à Velehrad, lieu par où sont entrés en pays slave les frères Cyrille et Méthode. Dans ces deux endroits, il s’agissait de revoir, éventuellement d’améliorer ce qui existait déjà et d’y retrouver des amis. Velehrad avait bien changé !

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La place de l’église était devenue une esplanade et le P. Jan Penaz, francophone et ami de la France, naguère simple curé vêtu en pékin, portait désormais, du moins dans les grandes occasions, une soutane ornée de violet, et on lui donnait du “Monseigneur”. Sa promotion ne lui avait pas enlevé sa cordialité et il nous accompagna pendant un grand bout de chemin, ce qui nous fit trois prêtres ! Ce qui n’avait pas changé, c’était notre petit oratoire à l’Enfant Jésus de Prague, bien entretenu et fleuri, auquel nous chantâmes plusieurs cantiques, dont un, tchèque, auquel avaient été adaptées des paroles françaises, qui fut utilisé tout le long du chemin.

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A Wadowice, il s’agissait de remplacer la statue en résine de la Sainte Vierge par une statue en pierre (sculptée par M. Pierre-Louis Chomel, Marseille), dans l’oratoire implanté dans le jardin de la fondation Edmund Wojtyla.

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Cet Edmund, frère de Karol, mort relativement jeune, était un grand médecin et sa fondation est principalement destinée à la rééducation des infirmes moteurs.

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Madame le maire, accompagnée d’un conseiller municipal et d’une traductrice, tous fort élégamment vêtus, était présente. Ce fut l’occasion de grandes retrouvailles et de grandes embrassades. La pâtisserie était abondante et le café coula à flots.

Une implantation prévue sur le lieu présumé de la naissance de Saint Martin (évangélisateur de la Gaule né Hongrois) où se trouve la grosse abbaye bénédictine de Pannonhalma, ne put avoir lieu: l’oratoire n’était pas prêt et nous ne pûmes même pas, à cause de l’affluence et de mariages à l’église, y pénétrer, mais l’extérieur ombragé était charmant.

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Deux implantations pour de bon: la 25e, à Nitra, un grand et bel oratoire à la mémoire de deux frères, Constantin et Michel qui, devenus moines, prirent les noms de religion de Cyrille et Méthode, grecs de naissance, évangélisateurs des Slaves au IXe s., antérieurs au schisme de 1054, donc vénérés comme saints à la fois par l’Église catholique et par celle qui se dit “orthodoxe”. Cyrille est l’inventeur d’un alphabet dit “glagolitique”, ancêtre de l’alphabet ”cyrillique” actuel. Son objectif était de se donner le moyen de traduire l’écriture sainte en slavon et de transcrire cette langue en respectant ses caractères phonétiques, auxquels l’alphabet grec se prêtait mal.

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Cyrille mort, Méthode, promu archevêque, fut attaqué par des moines bavarois qui lui reprochaient de célébrer dans une langue barbare porteuse d’hérésies. Mais il fut soutenu par le pape de l’époque qui reconnut le slavon comme langue liturgique au même titre que l’hébreu, le grec et le latin. On peut donc prier ces deux saints frères pour qu’ils convainquent les récalcitrants que le latin n’est pas l’unique langue dans laquelle on puisse consacrer validement le corps et le sang du Christ, et pour qu’ils rétablissent la paix liturgique dans notre Église. A plus forte raison peut-on les prier pour que l’église orthodoxe retrouve, au bout de plus d’un millénaire de schisme, le moyen d’une unité avec le siège de Pierre, dans une diversité qui devrait être possible, puisque l’Évangile nous apprend qu’il y a de multiples demeures dans la maison du Père. Ainsi, comme le disait Jean Paul II, l’Église pourrait respirer pleinement, avec ses deux poumons, l’occidental et l’oriental. Ils pourraient même peut-être étendre leur intercession sur les Luthériens avec lesquels Rome cherche péniblement des formules d’accord et en a signé récemment une sur la justification par la grâce, le 31 octobre 1999 à Augsbourg, à l’endroit même où Luther avait refusé les propositions du Pape représenté par le cardinal Cajetan.

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L’oratoire qui leur est dédié est un très beau bas relief polychrome du sculpteur Pascal Beauvais, ami des Mestelan. Il est très bien situé, à l’entrée de la ville, à l’endroit où la route de Bratislava traverse la rivière Nitra, dont les bords constituent une promenade publique et il est dominé par la colline, où se dressent les clochers bulbeux de la cathédrale St Emeram.

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L’évêque était là, pour le bénir, avec quelques ecclésiastiques et un groupe de Filles de la Charité, qui avaient préparé en notre honneur quelques cantiques en français.

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L’orage menaçait mais pas une goutte de pluie ne troubla la cérémonie. Ajoutons que la dite cérémonie avait lieu le jour de la fête des deux saints qui est aussi celle de la fête nationale slovaque et qu’à cette occasion furent édités un timbre-poste et une pièce de deux euros à leur effigie.

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L’union Européenne avait insisté pour qu’ils ne portent ni croix ni auréole sur cette monnaie, mais les Slovaques tinrent bon et maintinrent croix et auréoles.

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La 26e implantation eut lieu en Autriche, à Dreieichen, en l’honneur de la sainte Vierge, grande médiatrice de toutes nos prières et de la Sainte Trinité à qui elle les transmet. A vrai dire, il ne s’agissait pas d’une création ex nihilo, mais d’une très belle croix de pierre du XVIIIe s., menacée dans son existence par des travaux de voirie, que l’association contribua à restaurer et à déplacer. Nous arrivâmes un peu en retard, au bout d’un chemin de terre, au lieu où nous étions attendus par l’orphéon du village

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et par un Suisse parfaitement bilingue français-allemand, son Excellence Peter Stephan Zurbriggen en personne, qui est nonce apostolique, autrement dit ambassadeur du pape, en Autriche! C’était à l’orée d’un bois, sous de grands arbres, avec une échappée sur un champ d’orge encore vert, et une campagne de douces collines, au bord d’un sentier de randonnée emprunté par les pèlerins qui se rendent à Maria Dreieichen. Il faisait beau. Assis sur des bancs à l’ombre, nous contemplions cette belle croix : de bas en haut : des fleurs, arrangées en bleu, blanc, rouge, en notre honneur. Puis, de part et d’autre du pied de la croix, deux bas reliefs représentant les âmes du purgatoire. Un peu plus haut, la Vierge avec sous ses pieds le globe et le serpent et tout en haut, la Sainte Trinité.

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Le nonce transmit à l’Association la bénédiction du Saint Père, ce qui était une reconnaissance officielle de l’action menée pendant une dizaine d’année par les Mestelan, grande satisfaction et grand encouragement pour eux!

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Puis il nous dit la messe dans la belle église baroque du village, et, après un pot sympathique offert par les paroissiens, nous fit l’honneur de partager notre diner, où il se révéla homme du monde, bon causeur, distillateur d’innocentes anecdotes vaticanes, bref un vrai diplomate à la mode d’autrefois. Et notre Wiener Schnitzel ne fut pas, ce soir-là, arrosée de notre bière habituelle, mais d’un vin local, ma foi, très bon !

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LES LEÇONS DE L’HISTOIRE
Elles furent multiples et graves et nous permirent de méditer par analogie sur notre propre situation.

La plaine danubienne, route de trois invasions est-ouest

Invasion N°1. De 1239 à 1243, ce furent les Tatars qui, poussés par les Mongols, ravagèrent toute l’Europe orientale. Construit par un roi de Hongrie au XIIe s., le château fort de Spiss, près de Spisska Pohradie en Slovaquie, dont nous visitâmes les ruines imposantes (les plus grandes, d’Europe selon l’ONU ?) résista de son mieux, avant leur reflux ou leur sédentarisation.

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Invasion n°2 : À partir de 1453, après avoir pris Constantinople, les Turcs , musulmans, mirent la pression sur une Europe chrétienne en état de faiblesse, divisée depuis le schisme orthodoxe de 1054, et surtout ébranlée par des guerres dues à des troubles religieux internes à l’église catholique. À preuve, la visite du musée d’Olmütz où, sortant de la cathédrale saint Venceslas, nous fûmes contraints par la pluie à nous réfugier, lors de notre unique journée de mauvais temps. Ouvert en 1998 dans l’ancien palais épiscopal, il présente ses collections dans l’ordre historique, avec tous les raffinements de la muséologie moderne. On part de l’âge du bronze au fond du sous-sol et on remonte doucement le Moyen Age jusqu’à un entresol où de très bonnes statues et une fresque du XVe s. montrent que les Moraves n’auraient pas été moins artistes que les Italiens si les circonstances s’y étaient prêtées, mais elles ne s’y prêtèrent pas.
Après, plus rien, jusqu’au premier étage, où règne la peinture du XVIIe et surtout du XVIIIe s.
Que s’était-il passé pendant la béance d’un espace de temps qui s’étend, en gros de 1418 à 1648 ? Des divisions et des guerres entre chrétiens, dont les acteurs avaient d’autres préoccupations que de cultiver les beaux arts et de guerroyer contre les Turcs, ce qui leur permit de s’emparer sans peine de la basse vallée du Danube et des Balkans : Le grand schisme d’Occident, avec la rivalité de deux papes, n’avait été terminé qu’ en 1418 par le concile de Constance qui avait condamné au bucher en 1415 le réformateur religieux Jean Huss. Celui-ci comptait en Bohême de nombreux partisans qui déclenchèrent des “guerres hussites” qui ne se terminèrent qu’en 1436. Sur un mur de la cathédrale St Etienne de Vienne on peut voir une chaire extérieure et une statue de St Jean de Capistran (1386-1456) franciscain italien qui parcourut toute l’Europe, et, notamment prêcha en Allemagne des croisades contre les hussites, et convertit, dit-on, plus de 4000 personnes.

Les idées de Jean Huss ouvrirent la voie à celles de Luther qui ne fut pas pour rien dans le déclenchement de la “guerre des paysans allemands” (1524-1526) et des “guerres de religion” en France (1542-1598), puis, par voie de conséquence, de la “guerre de Trente ans” qui commença en 1618 et à laquelle le traité de Westphalie ne mit fin qu’en 1648. Après, on commença à respirer et à construire, dans la partie de l’Europe centrale restée catholique, ces merveilleuses églises baroques que nous admirâmes un peu partout. Période de prospérité. De relâchement?

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Redescendons au rez-de-chaussée du musée et restons ébahis devant un mirifique carrosse dont tout l’or se relève en bosse, orné sur ses portières de peintures galantes, auquel ont devait pouvoir atteler jusqu’à six chevaux. Il appartenait à un évêque d’Olmütz qui ne brillait pas par l’humilité ni par l’esprit de pauvreté. Le cyclone napoléonien le priva d’une partie de ses privilèges. Providentielle leçon !

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La pluie, en nous obligeant à cette instructive visite, nous priva d’une promenade jusqu’à une certaine colonne de la Vierge et de la Sainte Trinité haute de 35 mètres, qui, selon l’Unesco, fait partie du “patrimoine mondial de l’humanité”. Mais nous vîmes un peu partout des “colonnes de la Vierge” plus jolies les unes que les autres. Celle-là fut élevée en 1740, en reconnaissance de la fin d’une épidémie de peste. Car enfin, il n’y a pas que la guerre pour dépeupler un pays. Il y a aussi la peste. Il y a aujourd’hui le SIDA , et surtout la contraception et l’avortement qui provoquent, avec des taux de 1,3 enfant par femme, le “suicide démographique” de pays d’Europe où affluent des populations de substitution. Saurons-nous éviter ce que certains appellent “le grand remplacement”?

Pendant plus de trois siècles, donc, les Turcs, qui régnaient déjà sur une partie importante de l’Europe orientale, ne cessèrent de menacer l’Europe occidentale. Les troupes impériales, quoique appelées aussi sur d’autres fronts, la défendirent vaillamment, mais sans l’aide des Français, le roi François Ier ayant jugé habile de faire alliance en 1536 avec Soliman le Magnifique, pour contenir les ambitions des Habsbourg. Ce n’était pas une trahison complète, en ce sens qu’en échange de sa promesse de non agression, il avait obtenu que la France serait désormais la protectrice officielle des chrétiens réduits à la condition de “dhimmis” dans l’empire ottoman, et elle le fut en effet, avec une certaine efficacité, jusqu’à la Troisième République.

Les Hongrois subirent l’occupation ottomane de 1543 à 1683 et ne retrouvèrent qu’au début du XIXe s. les moyens financiers de reconstruire la cathédrale, rasée par les Turcs, d’une ville qui s’appelait Gran du temps de l’empire austro-hongrois et qui porte aujourd’hui le nom hongrois d’Esztergom, siège de l’archevêque primat de Hongrie.

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Mais ils le firent sans lésiner, en édifiant une grande basilique dont le dôme central, cousin germain de celui du Panthéon de Paris, s’élève à une hauteur de près de 100 mètres. Le brillant style baroque était bien passé de mode! On donna dans le néoclassique le plus solennel et le plus froid. Mais un fils du pays, le compositeur Franz Liszt composa une Missa solemnis, dite Messe de Gran, qui fut exécutée lors de son inauguration. Les Hongrois avaient toutefois su planquer beaucoup de leurs objets liturgiques, si l’on en juge par les antiques chasubles et les orfèvreries exposées dans le fabuleux trésor de la basilique d’Esztergom!

De même, un simple pavillon de chasse rasé par les Turcs près de Vienne, fut reconstruit en beaucoup plus beau et plus grand après la victoire. Ce fut le vaste, noble et joyeux château de Schönbrunn, domaine de la grande impératrice Marie-Thérèse (1717-1780), femme politique assez virile pour mériter l’acclamation de l’armée hongroise : “Mourons pour notre roi, Marie-Thérèse”, ce qui ne l’empêcha pas de mettre au monde 16 enfants : 11 filles et 5 fils, parmi lesquels 10 parvinrent à l’âge adulte. C’est là que fut élevée, mais peu instruite, une de ses filles, archiduchesse à la tête légère dont on fit une reine de France, qui termina sa vie saintement dans le martyre : Marie-Antoinette (1755-1793). Deux occasions de méditer sur la condition féminine. Nous en aurons une autre.

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Une pièce de ce château particulièrement touchante est le modeste bureau où l’empereur François-Joseph, qui régna à partir de 1848, travaillait d’arrache-pied, pendant que sa femme Elizabeth, dite Sissi, voyageait. Il mourut en 1916 et son successeur, petit neveu, et dernier empereur d’Autriche, Charles Ier fit de vains efforts pour obtenir une paix séparée avec la France en 1917.

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C’était l’année où la Sainte Vierge, à Fatima, mettait en garde contre les erreurs que risquait de répandre à travers le monde la Russie, qui s’engageait alors dans sa “révolution d’octobre”. Ni l’une ni l’autre n’ayant été écoutés, elle les y répandit effectivement. Mort en exil d’une pneumonie en 1922 à l’âge de 34 ans, l’empereur détrôné laissait veuve son épouse Zita et orphelins ses huit enfants, dont l’archiduc Otto de Habsbourg (1912-2011) qui fut président du Comité international pour le français langue européenne, du Mouvement pan-européen (1973-2004) et député au Parlement européen (1979-1999). Charles Ier a été béatifié en 2004 et mériterait bien d’être mis au rang des “saints patrons de l’Europe”. On peut le prier pour l’Union Européenne qui aurait bien besoin de changer d’orientation. Il n’est pas interdit non plus de prier pour ceux qui ont empêché la réalisation de son sage projet, dans l’hypothèse où ils ne seraient pas en enfer mais au fin fond du purgatoire.

La pression des Turcs sur l’Europe ne commença à se relâcher que, sur mer, en 1571 avec la victoire navale des chrétiens à Lépante, et, sur terre, avec la levée, en 1683, du second siège de Vienne (déjà assiégée en 1529), par les troupes du roi de Pologne Jean Sobieski, et du duc Charles V de Lorraine, et grâce à l’action du saint capucin Marco d’Aviano, ami de l’empereur Léopold Ier et chargé de mission du pape Innocent XI, dont nous pûmes vénérer le tombeau à l’église des Capucins de Vienne qui est aussi la nécropole des empereurs d’Aut-riche. Le frère Marco ne cessa de soutenir le moral des Viennois pendant les trois mois que dura le siège, et une fois la victoire acquise, eut assez d’autorité pour obtenir une conduite irréprochable de la part des soldats impériaux refusant toute violence gratuite ou inutile de leur part. Nombre de Turcs en appelèrent à lui pour avoir la vie sauve.

Pensons un peu à tout ce dont Vienne a enrichi le patrimoine de l’humanité entre 1683 et 1914, notamment en matière musicale – mais pas seulement – et à la catastrophe qu’aurait été une victoire turque !
En fait de musique, Mozart, l’auteur de L’enlèvement au Sérail et d’une Marche turque que nous avons tous tapotée au piano, nous ne le vîmes, à Vienne, qu’en effigie, sur des plaques de chocolat et des bonbons. Mais nous y rencontrâmes Schubert. Notre hôtel était situé sur la Hernalser Hauptstrasse qui est quelque chose comme la rue de Vaugirard à Paris, Hernals étant jadis, avant son rattachement à Vienne, un simple village de vignerons.

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Nous eûmes la messe, accompagnée à l’orgue par Anne, à la Kalwarienkirche de cet ancien village et nous découvrîmes sur un de ses murs une plaque portant l’inscription suivante: « Franz Schubert hörte am 3 November 1828 die letzte Musik vor seinem Tode, das lateinische Requiem seines Bruders Ferdinand, in diesem Gotteshaus », ce qui signifie : « Dans cette maison de Dieu, le 3 novembre 1828, Franz Schubert entendit de la musique pour la dernière fois avant sa mort : le requiem latin de son frère Ferdinand ». Dans son enfance, Franz tenait l’alto, et Ferdinand était au violon, ainsi qu’un troisième frère, Ignaz, dans un quatuor familial où le père jouait du violoncelle. Franz devait être bien malade le jour de l’enterrement de Ferdinand, car il le suivit dans la tombe peu de jours après, à l’âge de 31 ans, le 19 novembre 1828.

Songeons, plus gaiement, que si les belles Viennoises, au lieu de porter la burqa, purent valser au son de la musique des Strauss, c’est parce que Marco d’Aviano était tous les matins prosterné au pied du crucifix et devant une image de la Vierge encore vénérée dans la cathédrale, et parce que des braves, commandés par des chefs courageux, comme le Prince Eugène, toujours en prière avant la bataille, risquèrent leur peau à 100.000 contre 250.000 et que beaucoup d’entre eux la laissèrent sur la colline du Kahlenberg.

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Le symbole de ces héros, nous l’avons trouvé dans l’église du XVe s. du village de Spisska Sobota, qui possède un orgue historique et plusieurs retables de toute beauté datés de 1566 , œuvres d’un sculpteur localement célèbre, Pawel de Levoca. Dans celui du maître autel trône une magnifique statue équestre de Saint Georges terrassant un dragon. Pendant les croisades, les Templiers, les chevaliers Teutoniques, les chevaliers anglais des ordres de Saint Michel et Saint Georges et ceux de la Jarretière, s’étaient emparés de la légende dorée de ce martyr du IIIe s. et en firent leur saint patron. C’est ainsi que la modeste bourgade de Spisska Sobota fut honorée d’une visite d’ Elizabeth II, venue vénérer devant cette statue, le saint patron du pays, aujourd’hui fort islamisé, dont elle est reine.

Soyons sûrs que si, nous aussi, nous remportons une victoire difficile sur les islamistes qui nous livrent une autre sorte de guerre, ce ne sera pas grâce à la laïcité du moins telle qu’elle est comprise en France, mais grâce à de ferventes prières, au témoignage de notre vie et au sacrifice de quelques martyrs.

Invasion n°3 en 1939, puis en 1944-45, celle de l’armée rouge soviétique
Conformément au Pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939, l’Allemagne envahit la partie occidentale et l’URSS la partie orientale de la Pologne. Au printemps 1940, sur l’ordre de Béria, chef du NKVD (police politique de l’URSS) et grand organisateur du goulag, l’armée polonaise est décapitée: Plus de 25000 Polonais, majoritairement des officiers, sont déportés en Russie, dans la région de Smolensk, et assassinés dans la forêt de Katyn (le film d’Andrzej Wajda traitant de ce drame nous fut un soir projeté). Mais Le 22 juin 1941, l’Allemagne déclenche l’Opération Barbarossa, invasion à grande échelle du territoire de l’URSS, prenant les autorités soviétiques de court. Les Russes reculent, subissent de grosses pertes et la Pologne est entièrement occupée par les Allemands. Mais lorsque, en 43, les Allemands sont battus à Stalingrad, le vent tourne et le cours de la guerre est joué sur le front Est. Dans la nuit du 4 au 5 janvier 1944, les premiers tanks de l’Armée rouge, franchissent la frontière de la Pologne. Mais les Soviétiques attendent que les Allemands aient maté une insurrection à Varsovie et que la ville soit aux trois quarts détruite pour y entrer début octobre.
L’offensive d’été soviétique de 1944 coïncide avec le débarquement des alliés occidentaux en France. Les troupes soviétiques envahissent la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie, pays alliés de l’Allemagne, où ils soutiennent des gouvernements de coalition, dominés par les communistes locaux ou incluant ceux-ci. En Yougoslavie, l’Armée rouge effectue une incursion qui permet aux Partisans de Tito de prendre Belgrade. Les pays baltes sont reconquis et redeviennent des républiques soviétiques. En Albanie, le Mouvement de libération nationale dirigé par Hoxha prend le pouvoir à la faveur du retrait des Allemands. La Tchécoslovaquie, qui avait un gouvernement en exil et dont les partisans communistes avaient combattu aux côtés des Russes, ne fut pas envahie, mais en 1948, par un coup d’État dit “coup de Prague”, les communistes locaux y prirent le pouvoir et son sort fut semblable à celui des autres États tombés sous le joug communiste. Sous le prétexte de “préserver l’URSS de futures attaques, comme en 1914 et en 1941, en la protégeant par un glacis territorial et politique”, et pour maintenir à tout prix ce glacis, l’URSS réprima durement dans les années 1950-1960, des insurrections en RDA (République Démocratique Allemande), en Hongrie et en Tchécoslovaquie et ne lâcha ses conquêtes que contrainte et forcée, près de cinquante ans plus tard.

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Tenue du 4 au 11 février 1945, la conférence de Yalta, qui réunit en grand secret les chefs de gouvernement de l’Union soviétique (Joseph Staline), du Royaume-Uni (Winston Churchill), des États-Unis (Franklin D. Roosevelt) prévoit, entre autres dispositions, un partage des zones d’occupation de l’Allemagne entre les puissances victorieuses et la ville de Berlin fut coupée en deux par une ligne de démarcation séparant la zone américaine de la zone soviétique. Ce fut le début d’une “guerre” maintenue “froide” par la menace nucléaire, entre les deux puissances aux ambitions mondiales, les USA et l’URSS. Le régime imposé à sa zone par l’URSS engendrait tant de misère et d’oppression que les candidats à l’émigration vers l’ouest étaient nombreux. Pour les contenir, il fallut ériger, à Berlin en 1961, un mur et tout le long de la frontière est-ouest, des ensembles de barbelés ponctués de miradors. Le génial auteur anglais de 1984 et de la Ferme des Animaux, George Orwell, fut le premier à donner à ce dispositif un nom qui fit fortune : Iron curtain, le Rideau de fer. C’est seulement dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989 que, sous la poussée de la foule, après plus de 28 années d’existence, le mur de Berlin tombe, sous les yeux ébahis de l’Occident. C’est le début de la libération de l’Europe de l’Est.

L’occupation soviétique, beaucoup plus courte que l’occupation turque avait été pire: Quelle que fût leur cruauté, jamais les Turcs n’ont inventé d’institutions aussi perverses que le goulag et les hôpitaux psychiatriques pour les citoyens mal pensants. Ce qui se passait au fond du cœur des chrétiens, par eux réduits à la condition de “dhimmis », ne les intéressait pas. Ils se contentaient de mépriser et d’exploiter ces infidèles assez bêtes pour ne pas se convertir à l’islam. Il leur suffisait de leur faire payer des impôts exorbitants et de leur imposer des discriminations sociales humiliantes, moyennant quoi ils pouvaient célébrer leur culte dans la discrétion. Les communistes, eux, voulaient s’emparer de leur âme, traquer chez eux la moindre pensée critique ou religieuse, créer un homme nouveau, l’homo sovieticus sincèrement athée et entièrement dévoué au Parti Unique des travailleurs, au profit d’une classe dirigeante de plus en plus corrompue.

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Le cas emblématique du cardinal Joseph Mindszenty

Les nazis ne furent pas tendres à l’égard des catholiques, et les communistes encore moins, qui firent de l’athéisme la religion officielle, et décapitèrent l’Église en persécutant systématiquement le haut clergé. L’évêque de Nitra n’échappa pas à la règle comme nous l’apprit un feuillet destiné aux touristes.

József Mindszenty (1892-1975) eut, lui, à souffrir de ces deux régimes inhumainement totalitaires, et, par surcroit, de l’incompréhension de l’Église romaine. Ce n’était certes pas une sinécure d’être 1. ordonné prêtre en 1915 en pleine première guerre mondiale, 2. évêque le 3 mars 1944, alors qu’un gouvernement à la solde des nazis vient de remplacer celui de Horthy, régent du royaume de Hongrie, et que les Soviétiques vont entrer à Budapest en février 45, 3. cardinal le 18 février 46 alors que le régime communiste s’installe en Hongrie. Non sans tribulations, Il sera, de 1946 à 1974, archevêque d’Esztergom et Primat de Hongrie.

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Il fut emprisonné une première fois pendant quelques mois en 1919 jusqu’à la fin d’un éphémère gouverne-ment communiste appelé République des conseils de Hongrie, dirigé par un certain Bela Kun qui devait lui-même être victime des purges staliniennes en 1937.
Il le fut une deuxième fois en 1944-45, accusé de trahison en raison de son opposition au parti des Croix fléchées, grand persécuteur de juifs, imposé par les nazis. Il est libéré en avril 1945, par l’armée rouge!
Plus grave, Le 26 décembre 1948, il est arrêté et inculpé de trahison, conspiration et non-respect des lois du régime. En 1949, il est condamné à la prison à vie pour trahison envers l’État hongrois. Il est soutenu par le Pape Pie XII qui, dès le verdict connu, excommunie toutes les personnes impliquées dans son procès et sa condamnation.
Pendant l’insurrection du peuple de Budapest appelée “Révolution de 56” qui commença le 23 octobre, il retrouve la liberté, et fait à la radio un discours où il exprime son espoir d’un avenir anti-communiste. Quand elle fut écrasée par les chars soviétiques dès le 10 novembre, Imre Nagy, qui avait été ministre communiste, et qui devait payer de sa vie sa dissidence, lui conseilla de se réfugier à l’ambassade américaine. Il le fit et n’en sortit plus pendant 15 ans.

Un compromis est trouvé en 1971: le pape Paul VI lève l’excommunication de 1949 et le déclare “victime de l’Histoire ” plutôt que “du communisme”, avec lequel l’“ostpolitik” vaticane entretient une certaine connivence, ce qui lui permet de quitter la Hongrie. On lui propose de renoncer à sa charge en échange de la publication non censurée de ses mémoires. Il refuse et s’installe à Vienne plutôt qu’à Rome. Le pape lui retire ses titres en 1974, mais refuse de nommer un nouveau primat de Hongrie avant sa mort qui survient le 6 mai 1975. Ce n’est donc qu’en 1976 que le titre est à nouveau attribué. En 1991, sa dépouille est rapatriée à Esztergom à la demande du gouvernement. Il est inhumé dans sa cathédrale où nous avons pu vénérer ses reliques et son tombeau. Il est l’auteur d’un livre intitulé La mère, miroir de Dieu dont de larges extraits nous ont été lus pendant que nous roulions.

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Toujours en Hongrie, à Györ, nous fîmes la connaissance d’un autre évêque victime du communisme, tenu pour martyr, le bienheureux Vilmos Apor, abattu fin mars 1945 par un des vaillants soldats de l’Armée Rouge, alors qu’il s’interposait entre eux et un groupe de femmes menacées d’être violées, et qui ne le furent pas. Il est rare que les filles menacées de “tournantes” dans les cités de nos banlieues trouvent de pareils défenseurs.

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Le culte du bienheureux Jean-Paul II (1920-2005)

Statues, images, photos, portraits, expositions, il est partout! Entre Wadowice et Cracowie, on a pu compter cinq grandes statues de bronze à son image, et encore une, près de la cathédrale de Nitra. Il est certain que l’élection, le 16 octobre 1978, d’un pape polonais a été pour la Pologne opprimée une immense joie, une grande bouffée d’oxygène, d’autant plus que, parmi ses innombrables visites apostoliques à travers le monde, il en a réservé neuf à sa propre patrie. Lors de celle de 1983, il soutient les opposants au régime. Il appelle les Polonais à “faire un effort pour être un individu doté de conscience, appeler le bien et le mal par leur nom et de ne pas les confondre… développer en soi ce qui est bon et chercher à redresser le mal en le surmontant en soi-même” et en 87 il leur dit : “Chaque jour je prie pour vous, là-bas à Rome et où que je sois, chaque jour je prie pour ma Mère Patrie et pour mes compatriotes.

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Je prie particulièrement pour l’action du grand mouvement de Solidarnosc”. Son encyclique Laborem exercens de 1981 était déjà un véritable acte de soutien à Solidarnosc. Il échange avec le Président Reagan, qui partage son point de vue sur le problème de l’avorte-ment, des informations sur la Pologne et on ne peut nier qu’il ait joué un rôle important dans l’effondrement des régimes communistes en Europe. Aussi, quelle émotion et que de prières quand on apprend que le 13 mai 81, il a été victime, en pleine place St Pierre, d’une tentative d’assassinat ! Heureusement sauvé après une délicate opération, il ne lui échappe pas que ce 13 mai 81 est l’anniversaire du 13 mai 1917 où la Vierge apparut pour la première fois aux trois enfants de Fatima. Lui, qui dès ses années de séminariste, s’état consacré à la sainte Vierge en adoptant pour devise les mots Totus tuus, ne manque pas de faire envoyer à Fatima la balle qui avait failli le tuer et de la faire insérer dans la couronne de la statue de la Vierge qui trône dans la basilique. Mais il ne va pas jusqu’à réaliser enfin la “consécration de la Russie à son Cœur Immaculé”, dans les termes qu’elle avait prescrits soixante quatre ans plus tôt, en pleine guerre mondiale, pour que soit obtenue de Dieu pour la Russie, la conversion, et pour le monde “un temps de paix”. Les gens de Wadowice, sa ville natale, décident d’élever en son honneur une église Saint Pierre. Les travaux commencent en 1986. Tout ce qui n’exige pas la main d’un professionnel, est réalisé par les habitants qui se relaient, rue par rue, pour y travailler chacun à leur tour.

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Le résultat est une très belle église moderne adossée à une colline sur laquelle s’échelonnent les stations d’un chemin de croix. Lorsque déjà vieux, Jean-Paul II vient l’inaugurer lui-même, en 1991, la Pologne est enfin libre.

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Le symbole de Cracovie

Une haute citadelle et une ville basse. Le Wawel: avec un palais royal renaissance et une cathédrale gothique; des casernes pour une garnison.

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En bas de riches bourgeois voués aux activités économiques ont élevé, autour de la grand place, de vrais palais tous différents, ornés d’une profusion de détails charmants et se sont trouvés encore assez riches pour offrir à leur basilique gothique, consacrée à Notre-Dame,

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un magnifique retable du maitre Veit Stoss réalisé entre 1477 et 1489, “chef d’œuvre de la sculpture du gothique tardif” qu’encore aujourd’hui, on ouvre en grande cérémonie à la fin de chaque matinée et dont la contemplation conclut notre visite de Cracovie. Preuve qu’ils pouvaient travailler et s’enrichir en sécurité, et qu’ils n’étaient pas accablés d’impôts. Preuve que là-haut, au Wawel, le roi et l’évêque, dans la distinction de leurs fonctions respectives, mais dans la bonne entente, faisaient leur métier et pas plus que leur métier, l’évêque veillant à ce que soit bien enseignée la saine doctrine, et le roi à faire régner l’ordre et la justice, tout en laissant à ceux d’en bas l’initiative de toutes sortes de bonnes œuvres charitables, hospitalières et éducatives.

Dans le même ordre d’idées on peut citer le petit sanctuaire montagnard de Stare Hory, situé dans une région où on exploitait des mines de cuivre et d’argent, de façon assez lucrative pour que l’exploitant, à qui le fisc ne prélevait pas 75% de ses bénéfices, puisse construire l’église et faire tailler et dorer la belle statue de la Vierge que nous y admirons encore aujourd’hui. Images à méditer et prières pour les économistes !

La nation et l’État

La nation est un ensemble de gens nés sur une certaine terre, leur patrie, la “terre de leurs pères”, et qui ont en commun une culture, une langue, une religion, une histoire, des lieux de mémoire. La nation a une âme et un ange gardien. Elle est du côté de Dieu. L’État est une structure de pouvoir dont la fonction est d’exercer sur un certain territoire au moins les fonctions “régaliennes” de maintien de l’ordre, de défense et de justice, et celles de “battre monnaie” et de lever un impôt raisonnable. Il est du côté de César. Il arrive que la nation et l’État coïncident mais ce n’est pas toujours le cas, notamment en Europe centrale où il n’existe guère de “frontières naturelles” et où, selon les aléas de l’histoire, les frontières des différents États ont beaucoup varié. Une nation peut être répartie en plusieurs États. Ce fut le cas de la Pologne, quatre fois partagée avant de trouver son unité actuelle. Elle conserva jalousement son identité nationale. Un seul État peut englober plusieurs nations, chose parfaitement supportable si César n’est pas un tyran. Ce fut généralement le cas du temps de l’empire austro-hongrois qui fut démembré en 1919. La suite montra que les nations libérées de sa tutelle ne gagnèrent pas au change. On créa une Tchécoslovaquie qui ne se révéla pas vraiment viable puisque la Slovaquie fit sa “révolution de velours” en 1989 et devint indépendante, le 1er janvier 1993, sous le nom de République Slovaque.

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Mais ce fut pour se jeter dès l’an 2004 dans les bras de l’Union Européenne. On dit que les écolos jouèrent un rôle non négligeable dans cette révolution, la Slovaquie, beaucoup moins polluée que la Bohême, préférant le tourisme vert et la mise en valeur de ses grottes karstiques à l’industrialisation.

Autant que nous avons pu en juger et en parler avec un prêtre autrichien, les pays qui ont subi l’oppression communiste sont aujourd’hui plus fervents que l’Autriche et la France – qui ne l’ont pas subie. À preuve, ce que nous avons constaté au sanctuaire de Levoca en Slovaquie le 3 juillet.

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C’est un lieu de pèlerinage à la Vierge des sept douleurs qui fut aussi un lieu de résistance à l’époque communiste. Il y convergeait, à certaines occasions, jusqu’à 2 millions de personnes. Il se peut que l’affluence soit en relation avec les fêtes toutes proches de Cyrille et Méthode, mais enfin, dans l’après-midi, l’église se remplit de gens qui venaient se confesser. Il y avait des prêtres qui confessaient dans tous les coins. Les pénitents se tenaient debout en file, attendant leur tour dans le plus parfait silence. C’était un spectacle stupéfiant, inimaginable en France. C’est aussi à la stupéfaction de son homologue français qu’un homme politique russe en visite en France en 2012, le président Medvedev, demanda et obtint de vénérer les reliques de la Passion conservées à Notre-Dame de Paris.

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Fête nationale slovaque à Nitra

Le 5 juillet 2013 on fêtait à la fois le 1150e anniversaire de l’arrivée de Cyrille et Méthode en pays slave et le 20e anniversaire de l’indépendance (toute relative) de la République Slovaque qui est, selon sa constitution, laïque et respectueuse de toutes les religions.

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Mais l’essentiel de sa fête nationale est une messe catholique célébrée par le Cardinal Francis Rodé, envoyé de S.S. le Pape François en grande pompe sur un podium élevé sur la grande place de l’hôtel de ville,

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devant une foule nombreuse et avec la participation du maire et du Président de la République qui y prirent la parole. Pas de défilé militaire? Si! Mais rien à voir avec celui du 14 juillet aux Champs Élysée: un petit bataillon de gaillards vêtus de vives couleurs, galonnés, soutachés, porteurs de brandebourgs et de plumets, l’épée au côté et la baïonnette au canon, de vrais soldats d’opérette.

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L’après midi fut consacrée à une sorte de fête médiévale avec troubadours et boïards en costumes d’époque

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et le soir, tandis que les gens se restauraient dans des guinguettes tout autour de la place dans une atmosphère de fête de la bière, le podium se peupla de tout un orchestre qui n’était rien de moins que la Philharmonie de Vienne et qui joua gratis une admirable musique avec récital (en slovaque, malheureusement) et chœurs. Renseignements pris, c’était un oratorio à la mémoire de Cyrille et Méthode composé par un musicien slovaque né en 1958 à Bratislava et qui y fit toutes ses études musicales, du nom d’Egon Krak. On peut juger par là que la “laïcité” de la République Slovaque est très “ouverte”.

Et nous, catholiques français, quelle leçon pouvons-nous tirer de tout cela ?
L’Europe centrale a fait successivement l’expérience du totalitarisme turc de jadis et du totalitarisme communiste de naguère. Elle a résisté aux deux.
Nous, nous sommes menacés simultanément de deux totalitarismes: D’une part celui de l’islam, qui ne cesse de gagner en influence en France et dans les autres pays d’Europe. Et il ne faut compter ni sur nos hommes politiques ni sur notre clergé pour chercher à l’endiguer.
D’autre part l’idéologie mondialiste: à la fois immigrationniste et malthusienne, qualifiée par Jean-Paul II de “culture de mort”, elle nous est imposée par l’Union Européenne qui n’en est qu’un relai. Athée, et, plus qu’aux autres religions, hostile surtout au catholicisme, cette Union, qui a renié explicitement ses “racines chrétiennes”, restreint toujours davantage, sous d’hypocrites dehors démocratiques et tolérants, l’indépendance des nations-membres et la liberté d’expression des citoyens et ne défend nullement ni l’identité ni les intérêts de l’Europe dans le monde. Elle contribue, par contre, à détruire sa civilisation, à commencer par ses principaux fondements, le mariage d’un homme et d’une femme et la famille.

Que faire ? « Aller à contre courant », comme nous y invite le Pape François. Résister. Faire confiance à Celui qui a dit “la Vérité vous rendra libres”.

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Comment ? Nous qui ne sommes ni apôtres ni personnes politiques, ni journalistes des grands médias, nous ne pouvons rien faire d’autre qu’être ce que nous sommes (ou que nous devrions être) et ne pas le cacher; ne pas accepter notre “relégation sociologique”, ne pas laisser aux musulmans le monopole de la visibilité de Dieu dans la société. Et peut-être que Dieu utilisera pour le mieux le peu que nous aurons à lui offrir.

Oh ! Ne nous faisons pas d’illusions! Les chrétiens sont enjoints d’aimer leurs ennemis. Mais nos ennemis ne le sont pas. Ils nous haïssent. Nous avons en tête ce que Jésus disait à ses apôtres : “Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc adroits comme les serpents, et candides comme les colombes. Méfiez-vous des hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. Vous serez traînés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi : il y aura là un témoignage pour eux et pour les païens. Quand on vous livrera, ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre…” (Matthieu ‪10,16-23). De ces paroles, on a vu, par les condamnations d’un certain Nicolas et du Dr Dor, une récente et bien réelle application. On ne peut les digérer qu’au moyen d’une fréquente méditation de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, d’où la nécessité de laisser bien visibles un peu partout croix et crucifix qui sont de bons aide-mémoires.

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Les Polonais en sont bien convaincus, qui, à Kalwaria Zebrzydowska, jouent, chaque semaine sainte, un “mystère de la passion” et ont réparti dans la montagne, sur 400 hectares, de si remarquables chapelles reproduisant les principaux lieux de Jérusalem et les quatorze stations du chemin de croix qu’elles sont classées au patrimoine mondial de l’humanité. Les plus jeunes et les meilleurs marcheurs d’entre nous sont grimpés jusqu’en haut après avoir vénéré, dans le couvent de Bernardins tout proche, une image miraculeuse de la Vierge qui en des temps très anciens versa, dit-on, des larmes de sang. Le cas n’est pas unique!

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Au XVIIe s. à Györ en Hongrie, une image de la Vierge vénérée dans la cathédrale a fait de même! Don d’un évêque Irlandais en exil, alors que les catholiques étaient persécutés par les Anglais, elle s’était mise à pleurer le jour de la St Patrick de 1697, saint patron de la lointaine Irlande (des dizaines de Hongrois ont témoigné de ce fait).

Certes, quand on se sent la vocation d’un engagement risqué, il ne faut s’y décider qu’avec “la prudence du serpent”. Si chacun est obligé d’être “témoin” de sa foi, c’est-à-dire “martyr” au sens étymologique du mot, seul un petit nombre est destiné à devenir “martyr” au sens usuel. Il y a une quantité de conduites catholiques qui ne tombent pas sous le coup de la loi et pour lesquelles on ne risque rien, ou seulement de légers sarcasmes, à commencer par bien remplir les églises le dimanche, “ne pas hurler avec les loups”, et envoyer des chèques à des associations qui les méritent. Mais enfin, on ne peut exclure tout à fait l’éventualité de se trouver un jour coincé dans de telles circonstances que la seule issue honorable soit le passage prématuré de cette vie terrestre à la vie éternelle. Quoi qu’il en soit, les sept dons du Saint Esprit nous sont bien nécessaires et ceux qui ne sont pas confirmés feraient acte de prudence en demandant cet excellent sacrement.

UN CORTÈGE DE QUELQUES SAINTS rencontrés pendant ce voyage, outre ceux déjà cités :

Si nous mettons à part, puisqu’il est Dieu lui-même, l’enfant Jésus de Prague que nous rencontrâmes à Arenzano et retrouvâmes à Velehrad, (mais nous pouvons le prier pour les petits enfants qu’on empêche de naître ou qu’on empêche de le connaître, à qui on prétend donner deux papas mais pas de maman ou vice versa), le premier saint que nous rencontrâmes s’annonçait à Padoue par une affiche collée sur la façade de sa basilique, qui aurait fait rire en France, mais pas en Italie. Elle proclamait : 1263-2013, 750e anno del ritrovamento della lingua incorotta di san Antonio soit “750e anniversaire de la découverte de la langue non corrompue de Saint Antoine”. Eh ! oui, Antoine (1195-1231), né à Lisbonne et mort à Padoue après avoir enseigné à Montpellier, disciple de saint François qu’il a connu, avait souhaité et obtenu d’aller au Maroc pour y convertir les musulmans ou y subir le martyre (On peut donc l’invoquer pour les musulmans qui demandent le baptême et ne sont pas accueillis à bras ouverts dans l’Église). Mais Dieu avait pour lui d’autres projets, et le contraignit, au moyen d’une crise de paludisme, à rebrousser chemin. Il en fit un savant intellectuel qui, avant saint Bonaventure, sut réconcilier l’ordre franciscain avec les hautes études théologiques, et surtout un grand prédicateur, d’où l’intérêt d’avoir trouvé, à l’ouverture de son tombeau, 32 ans après sa mort (suivie d’une nouvelle ouverture en 1981), sa précieuse langue quasi intacte, alors que tout le reste était tombé en poussière, et de la conserver dans un riche reliquaire. Un jour qu’il prêchait sans succès des hérétiques récalcitrants, il leur dit que ses arguments étaient si simples et si clairs que même des animaux pourraient les comprendre. Se trouvant au bord du Po, il adressa donc son discours aux poissons qu’on vit en grand nombre se rassembler et sortir de l’eau leurs petites gueules ouvertes, faisant mine de comprendre! Ce que voyant, les hérétiques se convertirent. En France on n’invoque guère Saint Antoine de Padoue “qui déniche tous les petits trous”, que pour retrouver des objets perdus. L’origine de cette coutume vient de ce qu’un beau jour il ne retrouva plus un précieux psautier (manuscrit sur parchemin, bien sûr) dont il avait absolument besoin pour son travail. Il se mit en prières et le manuscrit réapparut. Comment ? C’était un novice du couvent de Montpellier où il se trouvait qui l’avait volé et s’était enfui en l’emportant, peut-être pour le vendre ? Toujours est-il que, pris de remords, il revint et le posa doucement sur la table de son professeur. Il est certes très souhaitable de retrouver une clé perdue, mais plus souhaitable encore de recouvrer la foi quand on l’a perdue, ce qui est le cas de pas mal de ses collègues universitaires d’aujourd’hui. On peut donc le prier aussi à cette intention.

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En pénétrant en Moravie, nous fûmes tout de suite accueillis par Jan Nepomuk, en français saint Jean Népomucène (1340-1393) très populaire, dont la statue est partout. Il est surtout célèbre pour avoir été le confesseur de la reine Sophie, épouse du roi Venceslas IV qui la soupçonnait d’adultère. Venceslas voulait absolument savoir ce qu’elle pouvait bien lui raconter en confession et alla jusqu’à torturer Jan pour le lui faire dire, mais il fut absolument fidèle au secret de la confession et Venceslas, de rage, le fit mettre dans un sac et jeter dans la Moldau, affluent du Danube qui arrose Prague. Il y mourut noyé. Les Tchèques en ont fait le patron des bateliers, des constructeurs de ponts, de tous les métiers qui ont quelque chose à voir avec l’eau. Mais il semble plus intéressant de l’invoquer pour tous les gens qui résistent à Big Brother lorsque celui-ci fait de puissants efforts pour violer le secret des consciences.

La cathédrale d’Olomouc/Olmütz est placée sous le patronage du saint roi Venceslas qui n’est certes pas le Venceslas ci-dessus. Non, non, Saint Venceslas Ier de Bohême (907-935), fils d’un duc de Bohême aurait été baptisé par un prêtre slave, disciple de l’apôtre saint Méthode et fut élevé par sa pieuse grand mère Sainte Ludmila, mal vue de sa mère païenne qui la fit étrangler en 921. Devenu roi de Bohême en 924, il modifie le système judiciaire en réduisant le recours à la peine capitale ou à la torture, entreprend la construction de la cathédrale Saint-Guy de Prague , et signe un pacte de non-agression avec Henri l’Oiseleur, souverain germa-nique qui le menace, moyennant une rente annuelle de 129 bœufs et 500 talents. Son frère Boleslav, un ambitieux batailleur, n’apprécie pas ce procédé. Aidé par plusieurs seigneurs, il conspire contre son propre frère en l’attirant à la fête des patrons de l’église Saints-Côme-et-Damien de la ville de Stará Boleslav, non loin de Prague. Sans arme, Venceslas est attaqué par son frère et d’autres conspirateurs, et meurt devant la porte de l’église. Et Boleslav devient roi à sa place. Trois ans plus tard, il accepte de faire transporter à l’intérieur de la cathédrale saint Guy la dépouille de son frère qui devient le saint patron de la Bohême.

Venceslas n’est certes pas le seul chef d’État assassiné par des fanatiques pour avoir mené une politique de compromis trop pacifique à leurs yeux. On peut penser à Henri IV qui travailla à réconcilier les catholiques et les protestants, au président Sadate, artisan d’une paix entre Israël et l’Égypte… On peut le prier pour nos chefs d’État, pour qu’ils nous gouvernent bien, et avec d’autant plus d’insistance s’ils nous gouvernent mal…

Un autre martyr : au centre de la cathédrale du Wawel, à Cracovie, trône le grand reliquaire d’argent de l’évêque saint Stanislas, patron de la Pologne. Comme Venceslas, il fut victime de Boleslav, débauché et peu scrupuleux en politique, à qui ses hauts faits avaient valu le nom de Boleslav Ie “le cruel”. Ce Stanislas, qui avait été en France faire des études à St Germain des Prés et travaillait en Pologne à répandre la réforme de Cluny, avait, à l’imitation de Saint Ambroise à l’égard de l’empereur Théodose coupable d’un massacre, reproché au roi sa mauvaise conduite, et avait été jusqu’à l’excommunier et lui interdire l’entrée dans les églises tant qu’il ne se serait pas repenti. Le roi en personne l’égorgea au pied de l’autel en 1079 alors qu’il célébrait la messe. Il n’est pas le seul lui non plus. Qu’on songe à Thomas Becket, Mgr Romero, Jean-Paul II lui-même sur la place St Pierre en 1981…
Un peu plus loin, toujours au Wawel, on rencontre le gisant de marbre blanc d’une descendante de Charles d’Anjou, frère cadet de saint Louis, fondateur d’une dynastie qui brilla pendant près de deux siècles à Naples et en Sicile puis en Hongrie et en Pologne.

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La jeune sainte Hedwige “la grande” (1372-1399), fiancée à 4 ans à un Habsbourg d’Autriche, fut, au cours d’une crise successorale couronnée à 12 ans, en 1384, en vertu de sa haute ascendance, “roi” et non “reine” de Pologne. Elle est priée par la diète de rompre ses fiançailles pour épouser à 14 ans, en 1386 un païen de 35 ans, duc de Lithuanie, nommé Jagellon, qui devint lui aussi roi de Pologne, et se convertit en prenant le nom de Ladislas, le couple réalisant ainsi en pleine paix l’union de la Pologne et de la Lithuanie, rempart contre les Chevaliers Teutoniques. Pendant sa courte vie, qu’elle termina en couches à l’âge de 27 ans après avoir mis au monde son premier enfant, elle eut un rayonnement suffisant pour être proclamée “sainte” par l’acclamation populaire, attendant jusqu’à l’an 1997 sa canonisation officielle par Jean-Paul II. Et la voilà “patronne de la Pologne”, en compagnie de son voisin Stanislas! Née en Hongrie, elle avait été bien instruite pendant son enfance, puisqu’elle parlait dit-on, le latin, l’allemand le hongrois, et quelques langues slaves : le serbe, le polonais, le bosniaque. Elle aimait s’entourer de savants, favorisa la création de l’université de Cracovie, introduisit la courtoisie à la cour de Pologne, fit quelques fondations charitables. On montre, dans la même cathédrale un “Christ noir” qui lui aurait parlé. Cette jeune femme “de spiritualité franciscaine” aurait-elle eu, par surcroit, des expériences mystiques ? C’est un cas assez complexe pour qu’on la prie à la fois pour les malheureuses jeunes filles victimes de mariages forcés, pour les biologistes, sages-femmes et obstétriciens confrontés aux problèmes actuels de la bioéthique, et en général pour toutes les femmes qui ont à trouver un équilibre entre leur situation d’épouse et de mère et leur rôle social, et d’accomplir ce rôle social dans un esprit conforme à leur sexe et à leur vocation maternelle .

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Terminons le voyage et ce reportage par une personnalité plus récente, sainte Faustine Kowalska (1905-1938) religieuse des sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde à Lagiewniki, dans la banlieue de Cracovie. Elle est l’apôtre de la miséricorde divine. Dans l’une des nombreuses apparitions dont Notre Seigneur Jésus Christ la favorisa, il se montra à elle debout, en vêtements blancs, la main droite se levant en signe de bénédiction et l’autre touchant le vêtement sur la poitrine. De sous ses vêtements sortent deux grands rayons, l’un rouge, l’autre blanc, symbolisant le sang et l’eau coulant de son côté. Il lui demanda d’en faire faire une image. Cette image fut exécutée sous sa direction par un peintre polonais. Le confesseur de Faustine, le Père Michel Sopocko, contribua à sa diffusion et elle est répandue aujourd’hui un peu partout.

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De même que les enfants de Fatima eurent la vision de l’enfer, elle le visita sous la conduite d’un ange et ne le trouva pas vide, loin de là. C’est que le fait d’être assassiné, massacré, ou de “mourir au champ d’honneur” fait de vous une victime, mais nullement un martyr, si on ne vit pas cette épreuve comme le bon larron qui reconnaît ses péchés, demande à Jésus son secours, et dont la prière est efficace et exaucée, mais comme le mauvais larron qui meurt dans la révolte et le blasphème. Si le nombre énorme des victimes de la guerre de 1914 n’a pas entrainé une rechristianisation de la France, loin de là, c’est peut-être que la plupart étaient de mauvais larrons, à la souffrance inutile alors que bon nombre des assassinés de Katyn étaient peut-être des martyrs. D’où l’amertume qu’éprouve en son cœur Notre Seigneur à voir tant d’âmes refuser les trésors de sa miséricorde et rendre vaine sa “douloureuse passion” et le conseil qu’il donne à Faustine de s’en souvenir et de réciter un certain “chapelet de la divine miséricorde” à l’heure de sa mort sur la croix.

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Sœur Marie Faustine a été béatifiée à Rome, le 18 avril 1993, puis canonisée le 30 avril 2000 par le Pape Jean-Paul II en la Fête de la Miséricorde Divine, deuxième dimanche de Pâques, qu’il instaura le même jour pour l’Église Universelle. La nouvelle sainte a laissé un “petit journal” assez gros et assez intéressant pour que plusieurs cardinaux et évêques aient demandé au Pape Benoît XVI de lui accorder le titre de Docteur de l’Église. Le dossier a été ouvert. La chapelle des sœurs de Lagiewniki ne suffisait plus aux pèlerinages. C’est pourquoi le cardinal Macharsky et l’évêché de Cracovie construisirent à proximité sur une vaste esplanade herbeuse capable de contenir une foule, une grande et belle basilique ronde avec un haut clocher, “Centre de la Miséricorde divine”. Donc, nous autres, qui avons eu la grâce d’y communier, au milieu de toutes nos occupations, prenons conscience que le Christ est présent dans nos âmes et à 15 heures, offrons à Son Père sa douloureuse Passion pour notre salut et celui du monde entier.

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