Oratoire pour la Belgique
Au cours d’une liaison en février 2011, le Président et son épouse ont rencontré le recteur du sanctuaire Notre Dame des Pauvres à Banneux, le Père Palm. Il a été demandé si l’association La Route de l’Europe chrétienne pouvait bâtir un oratoire en partenariat avec le sanctuaire et la Belgique.
Un emplacement très favorable fut trouvé et à la demande des Belges, ce sera un oratoire consacré à Saint Damien de Veuster, apôtre de Molokaï auprès des lépreux.
Saint Damien est né le 3 janvier 1840 à Ninde (Tremelo), dans le Brabant flamand en Belgique, il est le septième enfant de Frans de Veuster, un marchand de maïs, et d’Anna-Katrien Wouters. Après avoir suivi l’enseignement primaire en flamand dans une école de Werchter, un village voisin, il est envoyé en 1858 à Braine-le-Comte pour y améliorer son français. Il n’y reste pas longtemps : au début de l’année 1859 il arrive à Louvain pour y demander son admission chez les Pères des Sacrés-Cœurs de Picpus, un ordre missionnaire chrétien. Il commence son noviciat en février, et prend pour nom “Damien” en référence à saint Damien. Il suit ainsi les pas d’Auguste, son frère aîné.
À la fin de son noviciat à Louvain, Damien est envoyé à Paris (au couvent de la rue de Picpus1). Il y prononce ses vœux le 7 octobre 1860. Il fait “du latin et du grec du matin au soir” écrit-il à ses parents. En septembre 1861, il est de retour à Louvain pour les études de philosophie et théologie qui le préparent plus immédiatement au sacerdoce. Tous les jours, il demande la grâce d’être envoyé un jour en mission.
Il aime prier devant l’image de Saint François Xavier. Enfin, en 1863 son rêve se réalise. Il part du port de Brême, en Allemagne, en direction des îles Hawaï. Le voyage dure 139 jours. Dorénavant, il passera 25 ans de sa vie dans ces îles, à soigner les lépreux.
Dans l’île, en servant les lépreux, il remplit toutes les fonctions qu’il peut : médecin, charpentier, maçon. Cuisinier, enseignant, etc. Beaucoup de lépreux n’ont plus de doigts ni de mains, de telle sorte que c’est le P. Damien qui leur construit un cercueil et creuse leur tombe.
Bien qu’il ait un tempérament irritable contre tout ce qui contrarie ses devoirs sacerdotaux, il devient comme un enfant quand il est avec des enfants. Il a un grand charisme. Il ne se contente pas de donner : il le fait avec amour.
Les enfants sont ses préférés. Ils trouvent en lui un père et une mère qui les aime. Sa maison est toujours pleine d’enfants lépreux qui mangent avec lui. Ils sont sa vraie famille. Il les prend dans ses bras, même quand ils sont sans bandages. Il dit : « Le corps se corrompt rapidement. Seule l’âme compte ». Il a toujours tout fait pour garantir à ses enfants un vrai foyer. L’orphelinat sera toujours au centre de son attention.
Il a créé une belle chorale d’enfants. À son frère, il écrit : « Mes enfants chantent comme s’ils étaient des musiciens chevronnés. La tuberculose et la mort ont préparé les voix les plus belles de ma chorale »
Il disait : « Ne vous inquiétez pas pour moi : quand on sert Dieu on est heureux partout »
En 1885 il tombe malade. Il a contracté la lèpre. Il meurt quatre ans plus tard, le 15 avril 1889.
“JE TROUVE MA CONSOLATION DANS MON UNIQUE COMPAGNON QUI NE ME QUITTE PAS”, DISAIT-IL EN PARLANT DE LA PRÉSENCE RÉELLE DU CHRIST DANS LE TABERNACLE. LA COMMUNION EUCHARISTIQUE EST LE PAIN DE TOUS LES JOURS POUR LES PRÊTRES ET LES CONSACRÉS, LA FORCE POUR CELUI QUI VEUT ÊTRE MISSIONNAIRE”
(S.S. Jean-Paul II, Homélie, Bruxelles 4 juin 1995)
Un bas-relief, exécuté par le sculpteur Pascal Beauvais a été réalisé et acheminé par lui à Banneux. Pour sa bénédiction, une délégation a fait le voyage jusqu’à Banneux. Conduite par son président, Robert Mestelan, y participaient Mme Jacqueline Picoche, M. et Mme Louis Chevalier, Mme Claudia Mestelan.
ESCAPADE EN BELGIQUE 16 ET 17 JUIN 2012
RIRA BIEN QUI RIRA LE DERNIER
Compte-rendu par Jacqueline Picoche
Qu’ils ne se réjouissent pas trop vite, les Francs-Maçons de Bruxelles et de la Belgique officielle, à la pointe de toutes les nations en matière eugénique, euthanasique, avortique, homophilique, islamophilique et christianophobique.
Ils ont occulté la Belgique catholique, mais ils ne l’ont pas complètement étouffée, comme on peut le constater quand on visite le grand domaine marial et forestier de Banneux, sur le plateau des Hautes Fagnes, région champêtre et pastorale où culmine le massif des Ardennes, dominant la plaine flamande et ses villes.
LE PÈRE DAMIEN
La Route de l’Europe Chrétienne leur a opposé un adversaire de poids en la personne de Saint Damien (1840-1889) né Jozef De Veuster, missionnaire flamand, membre de la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, ou “Pères de Picpus”, canonisé par le pape Benoit XVI le 11 octobre 2009 et considéré par l’Église comme un “martyr de la charité”.
À son époque, l’archipel d’Hawaï, découvert en 1778 par le Capitaine Cook, (et devenu, en 1959, après une longue période de protectorat, le 50e État des Etats-Unis), avait été unifié par un roi local nommé Kamehameha. Il était encore indépendant et excitait les appétits colonialistes des États-Unis, de la Russie, de la Grande-Bretagne et de la France. Cette dernière s’y était implantée en 1837 grâce au capitaine Du Petit-Thouars, et c’est une société missionnaire française, la congrégation de Picpus, qui y introduisit le catholicisme. C’est ainsi que le P. Damien fut envoyé en 1863 s’occuper des lépreux placés en quarantaine sur l’île de Molokai , d’où le nom de saint Damien de Molokaï qui le distingue d’autres bienheureux nommés Damien. Il leur consacra sa vie, et les soigna avec un parfait dévouement ; il contracta lui-même la lèpre en 1884 et malgré ses souffrances physiques, poursuivit son travail de missionnaire jusqu’en 1889, année de sa mort.
Assurément, à une époque qui ignorait les antibiotiques, les soins qu’il dispensait à ses malades, priant à la fois pour la santé de leur corps et le salut de leur âme, n’étaient guère que ”palliatifs“ et il ne lui serait pas venu à l’idée de les “euthanasier”. D’où l’importance d’implanter un oratoire à sa mémoire dans un lieu fréquenté par beaucoup de malades et bien organisé pour les recevoir. Car enfin, Banneux, c’est un peu Lourdes en Belgique, et, outre les pèlerins venus de nations lointaines, nombreux sont les malades Belges, Luxembourgeois (tout proches), Hollandais, Allemands, et peut-être quelques Français frontaliers, qui viennent y passer un “triduum”, et qui y obtiennent des grâces, si l’on en juge par les innombrables ex-votos qui tapissent les murs et même les plafonds des divers édifices du domaine, et les béquilles abandonnées dans la “chapelle des apparitions”. Un seul regret : il n’y a pas, comme à Lourdes, un “bureau des constatations” avec expertises médicales sérieuses, de sorte que des miracles resteront douteux ou ignorés.
RAPIDE HISTOIRE DE BANNEUX-NOTRE DAME. En 1914, Banneux, était un hameau de 300 et quelques habitants qui n’avait pas d’église paroissiale mais une simple chapelle, desservie non par un curé mais par un chapelain. Ses habitants avaient fait le vœu, s’il n’avait pas à souffrir de la guerre, d’appeler leur petit village Banneux-Notre Dame, ce qui fut fait officiellement en 1919, aucune maison n’ayant été détruite, ni aucun habitant tué.
Et voilà que le 15 janvier 1933, se souvenant peut-être de ce vœu, Notre-Dame en personne entame une série de huit apparitions dont la dernière eut lieu le 2 mars. C’est une certaine Mariette Béco, 11 ans, qui en est favorisée. Elle est l’ainée d’une famille de sept enfants qui en comptera ultérieurement onze! Son père, maçon a bâti de ses mains leur maison de briques, à l’écart du hameau, en lisière de la forêt. Elle-même n’est assidue ni à l’école ni au catéchisme; elle aide beaucoup sa mère, souvent malade, dans tous les travaux du ménage; on dit qu’elle sait même traire les vaches, preuve que les Béco ont des vaches.
Lors de la première apparition, à 19 h, il fait nuit quand Mariette aperçoit, par la fenêtre, une dame lumineuse qui se tient dans le jardin potager, devant la maison. Il fait un froid de loup et il fera mauvais temps pendant toute la période des apparitions. La Sainte Vierge se soucie peu de la météo, ou peut-être lui donne une valeur symbolique. Le deuxième jour, elle entraîne Mariette vers une source proche où le bétail va occasionnelle-ment s’abreuver et lui dit de “pousser ses mains dans l’eau”, l’emploi de ce verbe inattendu s’expliquant peut-être par un wallonisme, et surtout par le fait que la source était gelée et qu’il fallait en effet “pousser” pour casser la mince couche de glace et atteindre l’eau. Désormais tous les pèlerins imitent ce geste.
La dame se réserve cette source qui désormais ne servira plus d’abreuvoir. Le troisième jour, elle se nomme “la Vierge des Pauvres”, révèle qu’elle est venue “pour soulager les malades”, et précise que la source est “réservée pour toutes les nations”. Dans les apparitions suivantes, elle demande une “petite chapelle” et redit qu’elle est venue “soulager la souffrance”, Monsieur le chapelain, qui traversait alors une grave crise intérieure, ayant chargé Mariette de lui demander un signe, elle refuse et dit seulement “Croyez en moi, je croirai en vous”. Il reconnut plus tard que “le plus grand miracle de Banneux” avait été sa conversion. Lors de la dernière apparition, elle n’est plus seulement la “Vierge des Pauvres”, mais parle plus majestueusement: “Je suis la mère du Sauveur, Mère de Dieu, priez beaucoup”.
Mariette est intelligente mais ignorante et très naïve; elle parle plutôt le dialecte wallon que le français et elle est obligée de demander à son père l’explication de deux mots prononcés par la “dame” , qu’elle ne comprend pas: nation et soulager. Elle se demande pourquoi c’est à elle que la dame se révèle comme “la vierge des pauvres”. Les Béco ne sont pas riches, certes, mais elle estime qu’il y a dans le village des gens encore bien plus pauvres qu’eux. Alors qu’elle avait pratiquement abandonné la messe et le catéchisme, elle devient soudain très pieuse, assidue à réciter son chape-let et fait sa première communion le lendemain de la cinquième apparition. Elle ne tire aucune vanité de son rôle qu’elle considère comme celui du facteur qui apporte une lettre, rien de plus.
Les apparitions ont été solennellement reconnues par l’évêque de Liège le 22 aout 1949.
POURQUOI BANNEUX? POURQUOI 1933?
La première apparition a lieu exactement 15 jours avant que Hitler soit nommé chancelier du Reich (30 janvier). L’incendie du Reichstag a lieu pendant la période des apparitions et les premiers camps de concentration s’ouvrent en Allemagne, d’abord pour les communistes en attendant le tour des Juifs. Une grave crise économique se développe: l’Allemagne est passée de 600 000 chômeurs en 1928, à 6 millions en 1932. Cela fait beaucoup de pauvres!
Pendant ce temps-là, la France vit les “années folles”, Léon Blum défend à la Chambre la politique de désarmement et rejette l’idée d’une guerre préventive. Benoît Frachon s’empare de la CGT et en fait une “courroie de transmission” du parti communiste aux ordres de Moscou. L’affaire Stavisky révèle la corruption des milieux politiques.
Il y a, on le voit, bien des raisons de “prier beaucoup”.
Quant aux nations auxquelles la source est “réservée”, la Vierge pensait peut-être à celles dont elle a annoncé à Fatima la disparition (“plusieurs nations seront anéanties…”), en tous cas à celles qui seront meurtries par la guerre ouverte et par la “guerre froide” et plus lointainement à l’hostilité mondialiste à l’égard du fait national. On peut penser que la “société des nations” qui a sa préférence n’est pas celle de l’euromondialisme, des multinationales et des marchés financiers… Serait-elle favorable au multilinguisme? Il est remarquable que le diocèse de Liège où se situe Banneux, est le seul de toute la Belgique à être trilingue: selon les cantons, on y parle français, flamand, ou allemand. Et même quadrilingue si l’on compte le dialecte wallon, pas complètement oublié! Aujourd’hui, les mâts ne sont pas assez nombreux pour recevoir tous les drapeaux de tous les pays d’où viennent les pèlerins et nombreux sont les petits monuments commémorant un pèlerinage national particulièrement important.
Il paraît que les catholiques allemands considéraient Saint Michel comme le patron de l’Allemagne, ce qui, au cours de trois guerres successives, dut poser des problèmes à l’archange connu pour être également l’ange gardien de la France. Or, à la fin de la guerre, le chancelier Adenauer, catholique convaincu, résolu, comme de Gaulle, à réconcilier la France avec l’Allemagne, fut invité à Banneux et voulut y laisser sa marque. Il fit construire dans le domaine une chapelle dédiée à Saint Michel avec un vitrail consacré à une sainte française qui avait eu des rapports privilégiés avec lui: Jeanne d’Arc, représentée sur son bucher. Cette chapelle est peut-être le plus bel édifice de tout le domaine, et le Saint Sacrement y est perpétuellement exposé.
LA SAINTE VIERGE FAIT DE LA POLITIQUE ? Oui, mais pas toujours et pas seulement. Certaines de ses apparitions sont évidemment en relation avec de grands évènements historiques. On se souvient qu’en 1830, elle avait prédit, rue du Bac, à Catherine Labouré, la chute de la monarchie de Charles X: « Mon enfant, les temps sont très mauvais; les malheurs vont fondre sur la France; le trône sera renversé…” , et où elle avait offert, comme remède, sa médaille miraculeuse. Les grandes et solennelles apparitions de Fatima, où elle demande (sans jamais l’avoir obtenue) la consécration de la Russie (et non du Monde) à son Cœur Immaculé, se situent au début de la révolution de 1917. Celles de l’Ile Bouchard, en 1947, font prier des petites filles pour la France qui est “en grand danger” de tomber sous régime soviétique et y échappe. Celles de Banneux se situent, moins explicitement, peut-être, dans cette lignée, au moment où l’Allemagne contracte une maladie nommée “nazisme”. Et en 1981 et 1982, Jean-Paul II était sans doute bien inspiré d’invoquer pour le salut de la Pologne menacée d’une invasion soviétique et soumise à l’ “état de guerre” la Vierge de Jasna Gora qui l’avait déjà dans le passé, sauvée des Suédois. Après tout, il a été exaucé…
Outre un avertissement temporel donné dans des circonstances précises, toutes ces apparitions ont évidemment un contenu théologique. Elles nous donnent à méditer sur les jeux de la Providence divine et de la liberté humaine, sur le péché qui paralyse les âmes et dont la maladie que la Vierge vient guérir est le symbole, de même que la source est le symbole de l’eau du baptême et de l’eau qui jaillit du côté transpercé du Christ, inépuisable source de grâces . Quant aux nations, auxquelles la source est réservée, elles font peut-être écho à la parole évangélique “Allez, enseignez toutes les nations”, mise en pratique par le Père Damien parti au bout du monde à la fois évangéliser et soigner.
BERNADETTE, LUCIE, JACQUELINE, MARIETTE…
Que devient-on lorsqu’on a été favorisé(e) d’apparitions de la Sainte Vierge? Il n’y a pas de règle. On fait comme on peut, et ce n’est pas toujours facile. La Vierge avait dit à Bernadette Soubirous qui finit sa courte vie, on le sait, religieuse dans un couvent de Nevers: “je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre”. Lucie, seule survivante des trois enfants de Fatima, mourut très âgée au carmel de Coïmbre.
De Jacqueline Aubry et de Mariette Béco, je ne sais que ce que m’ont dit des personnes qui les ont connues. Jacqueline resta célibataire et devint enseignante dans un collège catholique de Tours relevant de la congrégation de Jeanne Delanoue, où elle ramena, de jeunes gens à la religion; et aujourd’hui, ayant atteint l’âge de la retraite, elle se tient à la disposition des pèlerins qui veulent avoir son témoignage.
Mariette fut poussée à se faire religieuse mais protesta que ce n’était pas du tout sa vocation, se maria et eut plusieurs enfants qui ne lui donnèrent pas toute la satisfaction qu’elle aurait pu en attendre. Un beau jour, des Francs-Maçons lui offrirent de l’argent pour qu’elle dise que ses apparitions étaient de la blague et qu’elle avait tout inventé. Elle les reçut à coups de pieds au cul, mais son mari ne l’entendait pas de cette oreille et la tension devint entre eux si forte et si intenable qu’elle se sépara de lui sans vouloir jamais divorcer. Quand le pape Jean-Paul II vint à Banneux le 21 mai 1985, il désira la voir et elle le rencontra en tête à tête, mais aussitôt après, elle se perdit dans la foule des malades, désirant surtout ne pas se faire remarquer. Elle est morte à l’âge de 90 ans, l’année dernière, après avoir été l’objet de beaucoup de critiques, d’injures et d’incompréhensions.