Mgr Luigi Negri, archevêque de Ferrare et Comacchio, dénonce le totalitarisme actuel dans un texte traduit par Benoît-et-moi. Extraits :
“Mardi prochain, le Parlement européen votera un projet (le rapport Lunacek) tendant à obliger tous les États membres de l’UE de reconnaître les mariages de même sexe et toute autre forme de couple, ainsi qu’à initier les enfants et les jeunes à une vision de pansexualiste de la réalité sociale. Une vision dans laquelle, de fait, est reconnue aux déviances, même les plus pathologiques, la valeur de droits, personnels et sociaux. C’est un signal sinistre d’une coagulation de la mentalité laïciste anti-catholique – et même, plus précisément, anti-humaine – de manière à ce qu’elle soit imposée sans coup férir, et où la moindre référence dialectique semble être considérée presque comme un crime de lèse majesté. […]
Par conséquent, pour la responsabilité que j’ai envers la communauté chrétienne – mais au-delà d’elle, envers de nombreuses personnes de bonne volonté que je rencontre dans mon engagement pastoral quotidien – je suis d’accord, avec cordialité et admiration, avec les initiatives que la Manif pour Tous met en œuvre en Europe et en Italie (dimanche 2 Février, il y aura aussi une manifestation à Rome, et bien sûr une à Paris) pour initier au moins une oeuvre de grande sensibilisation à ces affaires à caractère idéologico-social et aux tentatives idéologiques éthiques qui sont faites. […]
Mais au-delà de ce climat de chasse aux sorcières, par lequel, en Europe, on commence à arrêter des citoyens coupables seulement de porter un T-shirt qui porte l’image d’une famille normale, traditionnelle; au-delà de ce climat de pression impositive, ce qui touche sérieusement, et qui surprend, c’est le silence répété de ces réalités institutionnelles qui, à tous les niveaux et dans divers domaines de la vie sociale seraient tenues de prendre une position significativement dialectique contre ce qui est en substance imposé. Ce silence n’empêchera pas l’histoire de le juger comme une faiblesse impardonnable, qui devient collusion de fait et donc responsabilité partagée. Bien différentes ont été les attitudes, en particulier de la part du peuple catholique, qu’on a pu voir dans les moments graves pour la démocratie du pays. […]
Durant ces jours, j’ai pensé amèrement que si les machinations diaboliques des idéologies et des systèmes totalitaires ont été brutalement imposées aux peuples, comme la majeure partie des peuples européens, qui avaient été mûris par des siècles d’une authentique et profonde éducation humaine et chrétienne; que si, malgré cela, les peuples ont subi cette violence, résistant de nombreuses fois dans leur conscience et dans de nombreux autres cas aussi dans l’expression de leur vie culturelle et sociale. Donc, si certains systèmes ont été imposés à l’époque, quelle résistance pourra-t-il y avoir à la dictature qui se prépare ?
C’est une dictature des médias de masse, du politiquement et culturellement correct, qui trouve une tradition catholique ignorée par la majorité des jeunes, ignorée parce que la plupart de ceux qui auraient dû leur en parler ne l’ont pas fait d’une manière appropriée; elle trouve une trame de vie sociale extrêmement faible sur le plan personnel, sur le plan de la conscience humaine, sur le plan de la sensibilisation aux valeurs éthiques fondamentales; en somme, elle trouve un peuple qui se désintègre, qui risque de subir une dictature sans même la noblesse de l’opposition.[…]”