Monte Gargano – Mont Saint Michel à pied
Extrait du livre, page 128/129:
“Le jeune vicaire qui nous reçoit à la sacristie est manifestement Polonais, il nous avoue qu’il n’est pas le curé, mais qu’il verra ce qu’il pourra faire pour nous. La sainte messe commence et voilà qu’au sermon il nous présente en parlant des « pellegrini », de leur exemple qui nous concerne tous, puisqu’ils quittent tout pour suivre le Christ et qu’ils sont en quelque sorte le Christ parmi nous. Il pose ensuite une question à l’assemblée : « Après la messe, qui d’entre vous sera heureux d’inviter le Christ chez lui ? »
A côté de nous il y a une femme en noir avec une blouse blanche. En entrant, elle nous a souri et après la question posée par le prêtre, elle a simplement posé sa main sur le bras de Claudia. C’est Giuseppina. Elle a tout compris, et notre démarche de pèlerin, et notre besoin de trouver un abri ce soir, et notre foi dans le Christ qui nous unit au delà de toute différence de langue ou de nationalité. Alors elle nous amène chez elle, une humble maison donnant sur la rue avec une cour intérieure où poussent quelques poiriers, des tomates et des fleurs: c’est son jardin dont elle s’occupe tous les jours. Elle nous fait asseoir, mais très vite elle veut nous faire visiter son domaine: les deux poulaillers où les couvées grandissent, les belles tomates, la vigne. Giuseppina est veuve depuis 34 ans, ses deux enfants habitent ailleurs et loin, sa maison, fruit de toute une vie de travail et de ses économies, ne les intéresse pas. Quelle joie de partager sa table. Nous sommes éblouis et charmés par sa bonté, la confiance absolue qu’elle accorde à ces deux pèlerins, qu’une heure avant, elle ignorait complètement.
A travers le visage de Giuseppina je vois re-vivre le visage de toutes les veuves de l’Evangile que le Christ a si souvent béni et exaucé. Ces femmes sont bonnes parce qu’elles ont appris dans la douleur que le bonheur humain est fragile et que seules les qualités de cœur et la bonté sont les moyens de faire revivre en elle les personnes qu’elles ont aimé et qui les ont quitté. Une sœur, une mère, ce soir Giuseppina est tout cela à la fois pour nous. Sa tranquille autorité, l’absence de toute gêne, avec les cheveux tirés en arrière en chignon, me rappellent soudain terriblement ma mère.
Nous nous couchons, propres et rassasiés, heureux surtout de cette rencontre qui nous console de toutes les difficultés du chemin. Vers une heure du matin, un orage effrayant éclate et Giuseppina se relève pour ranger nos chaussures que nous avions voulu laisser dehors dans la cour, pour ne pas salir: elle s’excusera le lendemain de nous avoir peut-être réveillés !
Tandis que nous nous écroulons sur nos lits moelleux, notre prière fervente s’adresse à Saint Joseph qui a certainement voulu nous conduire dans cette maison auprès de sa fidèle servante Giuseppina. Oui, je crois fermement qu’il existe entre nous et les saints des filiations et des relations profondes qui font que nous ne sommes souvent que les instruments de leur action, si nous les prions.”
Prenez le temps de suivre la Route des Anges, c’est un chemin de Paradis.
En cette année jubilaire des 1300 ans de la dédicace de la première chapelle au Mont Saint Michel, Robert et Claudia Mestelan, compagnons de Saint Michel, refont à pied le long chemin parcouru en 709 par les deux chanoines que Saint Aubert avait dépêché au Monte Gargano en Italie.
Le récit de cette pérégrination à travers la France et l’Italie serait d’une grande banalité s’il n’était illuminé par la richesse et la variété des rencontres, et s’il ne dévoilait pas la source unique de la spiritualité du pèlerin : la croix.
Le pèlerin avance toujours résolument vers la croix. Ce n’est pas tellement qu’il ait à porter sa croix, c’est plutôt elle qui le porte. Tandis que tourne le monde, seule la Croix du Christ reste stable, elle lui permet de tenir debout, elle alimente son espérance et comme nous l’indique Marthe Robin : « Avec Jésus, se renoncer, prendre sa croix et Le suivre en la portant, ce n’est pas mettre des boulets à ses pieds, mais des ailes à son cœur, de la joie, du bonheur, du ciel dans sa vie. »
275 pages, 32 pages Photos couleur, € 23.– aux Editions du Colombier
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Robert et Claudia Mestelan
64 rue de la Frâche
84740 Velleron
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