L’avortement reste la principale question de notre époque

Dans un entretien accordé à Zenit, Mgr Chaput, archévêque de Denver, parle du rapport des catholiques avec la politique, et commente les sujets qui sont les plus importants pour les électeurs américains :

“Avec l’excuse de devoir être de bons citoyens, bon nombre de catholiques se sont fait une idée extrêmement fausse de ce que signifie la «séparation de l’Eglise et de l’Etat». Les catholiques nord-américains ont toujours soutenu le principe de séparation entre l’autorité religieuse et l’autorité civile. Personne ne souhaite une théocratie et les protestations des médias contre le spectre du «fondamentalisme chrétien» ne sont qu’une tactique particulièrement offensive visant à semer la peur. L’Eglise ne peut prétendre diriger l’Etat. Mais nous ne voulons pas non plus que l’Etat interfère dans nos croyances et pratiques religieuses, ce qui aujourd’hui, franchement, représente un problème beaucoup plus grave. Séparer l’Eglise et l’Etat ne signifie pas séparer la foi et les questions politiques. […]

Les personnes doivent voter selon leur conscience. Mais la conscience ne sort pas miraculeusement du néant ; ce n’est pas une question d’opinion personnelle ou de préférence privée. La conscience est toujours fondée sur une vérité plus grande que nous. Ceux qui se disent catholiques doivent faire preuve d’honnêteté vis-à-vis d’eux-mêmes et avec la communauté des croyants. Ils doivent vraiment agir en catholique, que ce soit dans le privé ou dans le domaine publique, y compris au moment de prendre des décisions politiques. […]

Le témoignage moral de l’Eglise ne change pas, que l’on se trouve en période électorale ou pas. Cet automne les questions importantes seront multiples : l’économie, la réforme de l’immigration, la guerre en Irak. Tous des thèmes urgents et incontournables. Mais on ne saurait utiliser ces thèmes comme une excuse pour ignorer les enfants jamais nés. Bien que l’on cherche à cacher ces questions derrière des discussions sur les «plus grands thèmes sociaux», la question de l’avortement reste la principale question de notre époque. On ne peut tourner autour de la réalité du profit, de la brutalité et de l’injustice de l’avortement en utilisant un langage politiquement correct ou des gestes solennels. L’avortement est un meurtre légalisé. Et il faut y mettre un terme. Tous les autres droits dépendent du droit à la vie.”